Expérience, famille, Déclic - Bulletin du 4 avril 2025
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Bulletin #130 de la semaine du 4 avril

Bulletin 130 du 4 avril-1

En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.

Chères lectrices et chers lecteurs,

En cette semaine de calculs saugrenus et de guerre commerciale, les associés de Kéa ne passent pas par ChatGPT pour décrypter les faits suivants :

La musique dans l’app-oh !

 

Observer les mutations de la musique pourrait bien nous mettre sur la piste de transformations majeures de notre société.

 

Car l’IA est sur le point de bouleverser l’univers musical et Jacques Attali en tire les leçons. Les côtés positifs sautent aux yeux : alors que les champs de la création et de la créativité sont poussés à l’infini, tout le monde peut aujourd’hui passer de simple consommateur à véritable producteur. Mais alors que nous serons noyés entre profusion de l’offre et ultra-personnalisation de la demande, la création n’aura plus de valeur en soi.

 

Seule la renommée comptera pour percer les portes de la rentabilité. La visibilité deviendra le seul actif véritable, la consommation et la production fusionneront et une société de l’illusion naitra.

 

Il n’est pas dit, toutefois, que les artistes (comme les autres) quittent la scène sans une dernière parole. Alors que le nombre d’images « version Studio Ghibli » générées par ChatGPT explose, Hayao Miyazaki, fondateur de la maison japonaise, parlait lui « d’insulte à la vie même » pour décrire la création de dessins par l’intelligence artificielle…

 

La cohabitation s’annonce rock’n roll.

Grandpa fait de la résistance

 

Face au changement climatique, se pourrait-il que l’on puisse finalement compter sur un Américain blanc de plus de 70 ans ?  

 

On parle bien ici de l’ancien Vice-Président et prix Nobel de la paix, Al Gore, de passage à Paris le week-end dernier pour animer la première session française de son Climate Reality Project qui rassemble des leaders de la lutte climatique. 800 participants se sont réunis pendant 3 jours au Carrousel du Louvre autour de l’infatigable pourfendeur des énergies fossiles et de remarquables intervenants, parmi lesquels Laurence Tubiana et Christina Figueres (les architectes de la COP21 qui fête ses 10 ans), des scientifiques, des activistes, des ONG, des maires, etc. 

 

Les participants (dont l’envoyé spécial de Kéa) témoignent d’une expérience époustouflante autour des valeurs de cohésion, de ténacité, de résilience, d’empathie et d’humilité dont nous avons tant besoin pour faire sortir le monde de l’impasse des énergies fossiles.

 

La question est maintenant de savoir pourquoi il nous faut compter sur un Américain de 77 ans en Santiags pour rassembler et soutenir les acteurs français de la protection du vivant avec autant de lucidité et d’enthousiasme. 

 

Peut-être nos politiques doivent-ils revoir le film (de) Gore pour éviter le film d’horreur qui est en cours de production.

Rends la cuillère en argent !

 

L’héritage représente désormais une part plus importante que le travail dans la constitution du patrimoine.

 

De la rédaction de The Economist à la philosophe Mélanie Plouviez en passant par l’économiste André Masson, les observateurs commencent à s’en inquiéter.

Au XXe siècle, les guerres mondiales, les vagues d'inflation et les crises économiques avaient favorisé le travail en fragilisant l’épargne et donc les rentes. Mais la situation s'est renversée dans les années 1980 avec la stabilité et la facilité des placements.

 

En France, 65 % du patrimoine des personnes provient désormais d’un héritage (contre 34 % dans les années 1970). Privés de perspectives patrimoniales, ceux qui n’héritent pas forment une classe de désemparés, au banc de la société, incapables de se loger dans les grandes villes.

 

Mais voilà : la fiscalité des successions reste un tabou. Mélanie Plouviez propose donc de relire les économistes du XIXe siècle dont certains voulaient remettre en cause le droit de propriété après la mort. André Masson suggère quant à lui de compenser une augmentation de l’impôt successoral par une exonération sur les placements financiers intergénérationnels (codétenus par les seniors et leurs descendants). Cela redirigerait l’épargne stérile des seniors vers le financement du bien commun.

 

D’une pierre, deux coups – et on aura moins besoin de la taxer, celle-là.

L'ennemi de mon ennemi

 

L'étrange alliance des ultra-chrétiens, des nationaux populistes et des techno-libertariens aux États-Unis peut-elle durer et essaimer ?

 

Tous ces gens ont bien peu en commun. Dans la famille des ultra-chrétiens, on demande les pères : JD Vance et Steve Bannon défendent un christianisme identitaire, illibéral et antiscientifique. La famille populiste, dont Marine Le Pen et Georgia Meloni sont les mères européennes, chérit quant à elle la nostalgie d'un monde d'avant en défendant une vision de « l'Occident blanc » auprès des classes moyennes et populaires. La famille des techno-libertaires enfin, avec ses tontons barrés Thiel et Musk, fantasme sur le séparatisme d'une brillante élite blanche qui frôle parfois l’eugénisme face à un monde de sous-hommes.

 

Alliance durable ou coalition de circonstance ? Cette « internationale réactionnaire » est temporairement fédérée par un anti-wokisme obsessionnel, la haine de la science et… le succès de Trump. Mais leurs contradictions les empêchent de se rassembler véritablement. Prétentions démiurgiques et catholicisme identitaire n’ont jamais fait bon ménage. Alors vont-ils se séparer une fois l’euphorie de la victoire passée, ou vont-ils reporter leur ire vers une nouvelle cible commune ?

 

Euh… Il n’y avait pas sept familles dans le jeu ?

L'agence pas tout risque

 

États, individus, entreprises, réponse D : qui pourra couvrir les risques dans notre monde de polycrises, d’aléas systémiques, de chaos grandissant ?

 

Timothée Duverger, historien et chercheur en ESS, invite à revoir notre approche avec un mot d'ordre : réciprocité. Cette dernière consiste simplement à bâtir une collaboration dont chacun serait bénéficiaire par la mise en commun de moyens de différentes natures ainsi que par la répartition des frais et risques individuels.

 

Cette réciprocité existe déjà, des coopérations locales jusqu’à l’État-Providence, en passant par des modèles économiques institués comme les coopératives (à but lucratif) ou les mutuelles (à but non lucratif). Mais, aujourd’hui, la nature des risques évolue. Ils se multiplient, s'intensifient à l'extrême, se synchronisent et finissent par passer d'aléas à sinistres futurs certains.

 

Alors, un pour tous, tous pour un. La clé résidera dans la complémentarité entre les différents niveaux de couverture des risques : l’assurance, la réassurance (l’assurance des assureurs), jusqu’à la solidarité nationale.

 

Parce qu’on le sait : les catas, c’est aussi pour l’État.

Hors série

 

Pour aller plus loin… les associés de Kéa vous proposent exceptionnellement l’écoute d’un podcast (fait-maison !). Pierre Denis, associé de la filiale dédiée au podcast learning, Tootak, a eu la chance d’interviewer dès 2020 Bénédicte de Perthuis, la juge qui a prononcé le jugement de condamnation de Marine le Pen. Elle raconte son parcours et son « Déclic » professionnel. Passée d’auditrice financière à magistrate, elle a conservé l’envie de dénouer les fils complexes des affaires de notre société. Un éclairage intéressant de l’actualité à découvrir ici.

Les associés de Kéa

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LIEN D'INSCRIPTION

N°130 du 04.04.2025

Rédacteurs en chef : Jean Gaboriau, Mathieu Noguès 

Rédacteurs : Pierre Girard, Jérémie Viel, Romain Thievenaz

Secrétaires de rédaction : Irène Miquel, Wendy Röltgen

Ont collaboré à ce numéro :

Sophie Combes, Oualid Essaid, Marie Guilbart, Carine Lesigne, Stéphanie Nadjarian, Paul Puechbroussou, Chloé Secnazi

Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer

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Kéa, 3 rue Danton, Malakoff, France 92240, France

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