En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine de Vivatech, les associés de Kéa sont fiers de vous annoncer qu’ils lancent avec la ministre de l’IA et du numérique Clara Chappaz et Make.org « Le grand dialogue national sur l’IA », de même que le climat en son temps.
Et parce que l’IA ne pourra jamais tout remplacer, ils vous livrent le décryptage des faits suivants, écrits de leurs mains bien humaines :
Boule de crise-tal
Croissance mondiale : Fluctuat Nec Mergitur ou véritable déconfiture ?Le consensus est au pessimisme depuis le début de l’année : la Banque Mondiale corrige sa prévision de janvier de -0,4 points (désormais à 2,3 %), et c’est -0,2 points pour l’OCDE (à 2,9 %). Une ambiance morose qui pourrait forcer la prophétie auto-réalisatrice ?
La guerre commerciale de Trump ralentit de manière directe l’économie mondiale, elle a aussi un effet secondaire lourd de conséquence : ellemine la confiance. Un poids de plus sur l’investissement qui n’a jamais retrouvé son niveau d’antan, après 2008-2009 et la Covid. Plus que des crises, des traumatismes.
L’OCDE ne baisse pas les bras et, au-delà des politiques monétaires et budgétaires, souligne les leviers structurels pour relancer l’investissement : renforcer la concurrence et l’entrepreneuriat, faciliter l’accès au financement des actifs incorporels pour libérer l’innovation… et réduire l’incertitude politique.
Si la partie n’est pas gagnée au vu de l’instabilité actuelle et de la dynamique des extrêmes droitesen Europe quand on connaît leur rapport à l’économie, elle n’est pas perdue non plus : tant que les perspectives de moyen terme (2026-2027) s’améliorent, la confiance demeure.
Comme le dit le grand poète Dany Boon : je vais bien, tout va bien, je suis gai, tout me plaît.
La mer prend l’eau ?!
L’océan est sous le feu (l’eau ?) des projecteurs.
À l'heure où se termine aujourd’hui la conférence de Nice, la conscience des périls qui l’affectent augmente : pollution plastique, surpêche, acidification, réchauffement… alors que les mesures de protection, qui ont un fort impact pour un faible coût, restent très peu financées par le secteur privé.
Mais l’océan est aussi le nouvel eldorado, entre chalutages des fonds et forages lointains. L’essor de l'économie bleue est spectaculaire, elle nourrit 3 milliards d'hommes, elle représente 80 % du volume des marchandises et fait transiter 95 % des données numériques. Tandis que l’offshore, devenu de plus en plus lointain et profond, est un nouveau Far West.
Logiquement, cet essor ébranle sa neutralité « pacifique». La rivalité des puissances inaugure l’ère de l'élargissement des eaux territoriales, du contrôle des routes maritimes, des trafiquants et des pirates. Les drones, plus seulement aériens et désormais sous-marins, sont les nouvelles armes de la guerre maritime. Ouch ! La vie sur terre, toujours la galère, et sous l’océan c’était mieux avant ?
La revanche d’une bond
Les investissements verts ne sont pas aussi performants que les investissements classiques… ils le sont davantage !
En ces temps de reculs sociaux et environnementaux, et de morosité économique, le Mouvement Impact France révèle à travers l’indice Impact 40/120 que les start-ups à impact se portent… bien mieux que le reste de l’économie.
Après 26 % en 2024, ces entreprises prévoient une croissance moyenne de 23 % pour 2025 (contre seulement 0,7 % pour l’économie française), grâce à leur solidité, leur capacité d’innovation, leur attractivité pour les talents et leur ancrage dans les territoires.
Mais que font ces start-ups ? 23 % travaillent dans la transition énergétique ou la mobilité durable, 20 % dans l'économie circulaire et la consommation durable, 13 % dans la santé, 13 % dans l'agriculture et l'alimentation, 11 % dans l'emploi, 10 % dans l'inclusion et le lien social et enfin, 10 % dans la biodiversité et le climat.
Cerise sur le gâteau, elles incarnent les meilleures pratiques en matière de gouvernance : ces entreprises de l’économie sociale et solidaire, associations ou coopératives ont généralement une majorité de femmes dans les équipes fondatrices, et s’exportent très bien à l’international. Passez le mot à votre banquier privé.
Les données, c’est pas donné
Faire payer ses données, c’est nouveau, c’est brésilien.Si notre vie privée est devenue une marchandise digitale depuis longtemps, le Brésil choisit de rebattre les cartes du marché : chaque citoyen, armé d’un dWallet, un portefeuille de données, pourra bientôt monétiser ses données personnelles, comme n’importe quel actif.
Ce dWallet est une bombe à retardement des relations consommateur-entreprise. Finis les intermédiaires et l’asymétrie de l’information, et place aux enchères inversées pour tout achat courant : par exemple un crédit alloué par la banque la mieux offrante qui sera allée pêcher vos informations directement dans une plateforme. Le tout géré par des agents IA autonomes : un film d’anticipation dont les entreprises ne rêvent peut-être pas.
Un scénario néanmoins futuriste, de multiples embûches se dressant sur la voie de la généralisation : consentement « réellement » éclairé d’une population illettrée à 30 %, adhésion de la population à ce nouveau concept… sans compter la réaction des géants du net, car : pas de data gratos, pas de gmail et autres yahoo.
Même s’il est difficile de se prononcer sur les effets à moyen et long terme de cette nouvelle législation, saluons cette volonté du Brésil de reprendre en main son destin.Brazil 2, les données contre-attaquent.
Buycott-cot et Cocorico
Et si l’élection de Trump II était le meilleur cadeau possible pour « la marque Europe » ?
Respect de l’environnement, démocratie participative, inclusion des minorités… autant de valeurs, historiquement européennes, plébiscitées par les Français interrogés par l’étude quantitative BrandGagement (Kéa et QualiQuanti), et qui influencent leurs achats.
On y apprend que 76 % des Français souhaitent plus de Made in Europe quand, à l’inverse, les Etats-Unis sont touchés d’un discrédit comparable au Made in China : 60 % souhaitent en acheter moins !
Attention cependant : l’avantage Europe ne joue qu’à prix équivalent. Avec un pouvoir d’achat à peine revalorisé, un supplément de prix ne se justifie que pour un « plus produit ». A défaut, Shein – tout en bas du classement BrandGagement – peut continuer sa percée en terre européenne, contre toute logique environnementale.
Les Américains ont un mot pour illustrer ce phénomène : le « buycott » (l’inverse du boycott)… En français, on dit « achat militant ». On conseille donc la préférence française dans le caddy, pas toujours dans le dico.