En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine charnière, à la veille d’une nouvelle donne politique pour la France, les associés de Kéa enjoignent à leurs clients de garder le cap de l’économie souhaitable et mettent les voiles vers les faits suivants :
Su(m)mérien body
Et si la fontaine de Jouvence était en fait une ville méditerranéenne ? À PIB par habitant égal, les pays du Sud de l’Europe jouissent d’une espérance de vie plus élevée. Et face au très célèbre (et quelque peu éculé) triptyque de santé « crudités – huile d’olive – dolce vita », The Economist nous livre une autre recette de longévité.
La solution ne serait pas dans l’assiette mais autour : dans les villes et villages de Méditerranée. Cet art de vivre si particulier, caractérisé par un urbanisme plus concentré, qui stimule les riverains – bien lancés dans leur objectif de 10 000 pas par jour – et qui permet d’entretenir un lien social plus fort.
Lien, proximité, mouvement : voici les clés de la longévité « à la méridionale ». On laisse tomber le summer body et on offre une tournée en terrasse à ses proches !
L’usine à gaz
Le Danemark est le premier pays du monde à taxer les flatulences animales. Car c’est (aussi) là que le bât blesse : nos amis de la ferme sont responsables, par leurs pets et rots, de 19 % des émissions de CO2 danoises. Et l’élevage y est l’un des plus intensifs d’Europe.
L’accord poursuit donc un double objectif : réduire l’élevage et inciter à l’équipement de technologies moins émettrices en finançant la transition avec les recettes de l’impôt et en exonérant les éleveurs qui fournissent des efforts.
La mesure est historique car se sont mis d’accord : des éleveurs (qui redoutent malgré tout l’augmentation du prix de la viande et la destruction d’emplois), des écologistes (qui émettent des réserves sur la faiblesse du taux) et le gouvernement (qui s’en félicite). Si l’intention est louable, elle risque toutefois d’orienter les consommateurs vers des produits d’élevage plus lointains et plus carbonés. Il faudra donc suivre avec attention la mise en œuvre de cette belle concertation qui ménage la chèvre et le chou.
Bison futé voit rouge
Ça risque de coincer aux passages étroits du monde! Tout était prévu pour la transition climatique : énergies renouvelables, coopération internationale, transport décarboné… mais le grain de sable pourrait venir des routes.
Nos grandes voies maritimes convergent vers plus de 200 détroits et canaux exposés à des crises de plus en plus critiques, qu’elles soient politiques (sanctions, blocus, guerres) ou climatiques (sécheresses). Les Houtis bloquent l'accès au canal de Suez où transite 15 % du commerce mondial, la sécheresse menace la circulation à Panama où passe 40 % du trafic américain de conteneurs.
Et cela pèse sur la décarbonation des chaînes d'approvisionnement puisque les trajets alternatifs sont beaucoup plus longs. S’il existe des parades – accroissement des stocks ou régionalisation des chaînes d'approvisionnement (near-shoring, friend-shoring) – elles ne sont pas aisées et non sans risque pour des produits complexes. Une nouvelle menace vient donc s'ajouter à la fragmentation du monde. Attention fragile, handle with care.
Selon le Centre d'observation de la société, la délinquance recule depuis 2002. Côté pouvoir d’achat, si l’inflation a grevé le niveau de vie des ménages les plus modestes, celui-ci est resté globalement stable depuis 2022. Le tout, alors que le taux d’emploi n’a jamais été aussi élevé en France et que le taux de pauvreté est le plus bas de toute l’Europe.
Et de fait, ils sont nombreux en ce moment à souligner l’ingratitude du peuple face à de tels constats. S’il y a certainement une part d’injustice, un sentiment de crispation extrêmeet bien réel noircit le regard que porte la France de 2024 sur elle-même. Car il y a peuple et peuple. Et les Français ne sont pas (que) des économistes ; ils ont aussi vu leur pays se fracturer ces dernières années. Ne restait alors plus, pour l’opposition, qu’à s’engouffrer dans ce ressentiment.
Et sinon Docteur, ça va vous ?
Et cette semaine en Europe -Les rosbeefs tournent dos
Alors que l’Europe et la France s’arriment à droite, en Angleterre, les travaillistes arrivent au pouvoir. Avec au 410 sièges sur 650 annoncés ce matin, le parti emmené par Keir Starmer succède à 14 ans de conservatisme et remporte les élections anticipées.
Vote d’adhésion ou élection punitive ? Les difficultés liées au Brexit et l’inflation grandissante n’auront pas aidé les Tories, conservateurs, à conserver leur domination. L’Institut Montaigne juge que leurs résultats n’ont pas été à la hauteur de leurs promesses : gestion déceptive de l’immigration, incapacité à relancer la croissance et instabilité sur fond de scandales politiques.
Place donc à un membre de la « soft left » travailliste, bien rangé, dont la campagne s’est concentrée sur deux thèmes principaux : le pouvoir d’achat et la rénovation du système de santé. Exit les grandes dépenses publiques qui font peur, flou sur les relations avec l’Europe et pas d’inflexion majeure sur la guerre en Ukraine. Est-ce là la recette du succès ?
Bonne lecture, Les associés de Kéa
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Rédacteurs en chef : Jean Gaboriau, Romain Thievenaz
Rédacteurs : Pierre Girard, Mathieu Noguès, Chloé Secnazi
Secrétaires de rédaction :Irène Miquel, Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro :Sophie Combes, Thibaut Cournarie, Oualid Essaid, Marie Guilbart, Carine Lesigne, Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay, Paul Puechbroussou
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.