En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chers lecteurs,
A la veille du weekend de marche républicaine, les associés de Kéa essaient de marcher droit face à l’actualité et vous proposent le décryptage des faits suivants :
Le Made in France, bien commun
Défendre le Made in France, oui, mais au nom du bien commun ! Alors que le gouvernement révèle ses 183 nouveaux Territoires d’industrie qui concentreront les efforts de réindustrialisation de l’Etat à l’horizon 2027 avec le soutien des territoires, l’INSEE calcule l’impact économique et environnemental du Made in France. En plus des impacts de la localisation d’activités productives en France plutôt qu’à l’étranger, l’Institut adopte une vision par filières, estimant les effets d’entrainement des chaînes de fournisseurs en fonction des secteurs. Au centre de l’attention, la réindustrialisation : pour un projet manufacturier générant 1 milliard d’euros de valeur ajoutée, 2 milliards d’euros de valeur ajoutée devraient être générés au total pour l'industrie française, 24 400 emplois créés et 740 kt de CO2 évitées. Un point d’attention à relever, cependant : si produire en France émet moins de CO2 que produire à l’étranger, grâce à notre mix énergétique et notre production moins carbonés, la production de carbone française augmentera dans l’absolu et dégradera donc nos indicateurs nationaux. Le Made in France, good for us, good for everyone.
Les bornes des limites
Prenons le problème écologique dans tous les sens : l’humanité dépasse les bornes. 6 des 9 « limites planétaires » sont aujourd’hui considérées comme dépassées. Le concept de dépassement, notamment utilisé par l’ONU et la Commission Européenne, émerge en 2009 d’un travail scientifique et il décrit un ensemble de 9 limites à ne pas dépasser pour que la Terre demeure vivable pour l’espèce humaine. Le climat, la biodiversité, la déforestation, la pollution à l’azote, la pollution chimique sont déjà considérées comme ayant atteint leur limite et l’utilisation de l’eau douce est jugée « partiellement dépassée ». Il ne reste donc plus que 3 frontières non franchies à date : celle liée aux aérosols (particules émises par les énergies fossiles) que l’on ne sait pas précisément évaluer et les limites concernant l’acidification des océans et la couche d’ozone. Mais nos comportements humains et nos choix politiques ont un impact réel sur la préservation du vivant ! En témoigne l’interdiction des chlorofluorocarbones (CFC) en 1987 qui a permis de stabiliser le trou dans la couche d’ozone. Les entreprises ont également un rôle à jouer et elles y trouvent un intérêt. Pour lesdeux coprésidents de la Communauté des Entreprises à Mission, les limites planétaires sont et seront demain les plus fortes contraintes des entreprises. S’engager aujourd’hui n’est-il pas le meilleur moyen de se prémunir des tempêtes à venir et de surnager demain, lorsque d’autres entreprises prendront l’eau ? Tu pousses le bouchon un peu loin Maurice !
« La France, c'est l'Allemagne en mieux »
… titrait le Spiegel le 5 septembre dernier. La relation franco-allemande, en panne depuis la guerre d'Ukraine, est en voie de résorption. La priorité donnée par l’Allemagne à l'élargissement oriental, les formes prises par le réarmement allemand (commande d'avions F35 américains, bouclier européen sans la France, abandon de la plupart des projets d'armement communs), le débat sur les règles budgétaires opposent Paris à Berlin. Le dossier le plus inquiétant a été le désaccord frontal entre la France nucléaire et l'Allemagne gazière qui bloquait la réforme du marché européen de l'énergie, Berlin redoutant une concurrence française assise sur de plus bas coûts de l'énergie. Le blocage a été surmonté le 17 octobre dernier par l'établissement d'un nouveau mécanisme. La relance d'Ariane 6 au Conseil de Séville est un second succès. Confrontés au péril symétrique de l'extrême droite (entre l’expérience de Munich et celle de Vichy, on ne rigole plus) et à de nouveaux impératifs industriels et commerciaux, Berlin et Paris choisissent de redevenir un couple (version française) ou un tandem (version allemande). A chacun sa vision de l’amour. Natürlich, mein Liebling.
Voir avec les deux yeux
L'information est toujours la première victime d'une guerre. Alors que la barbarie sans précédent dans l’histoire d’Israël du crime du 7 octobre – que la politique désastreuse et cynique de Netanyahou ne saurait justifier – est effacée des écrans par le spectacle quotidien du « désastre humanitaire » à Gaza, les journaux reprennent sans sourciller les chiffres transmis par le Hamas. L’intensité émotionnelle et sans fin qui entoure ce conflit est sans équivalent, il enferme les uns dans l'horreur du 7 octobre, les autres avec les Gazaouis sous les bombes. Pourquoi faudrait-il choisir un narratif plutôt qu’un autre se demande Delphine Horvilleur ? Est-il si difficile de penser les événements ensemble ? Ils sont si peu à vouloir nous engager à penser la complexité, et quand on désespère de nos leaders, il y a toujours Obama.
COP28 : Future-up !
C’est sous les latitudes ardentes et controversées de Dubaï que débutera fin novembre une COP28 dans un climat combustible. Pour la première fois à l’agenda, la question des conséquences du réchauffement global sur la santé humaine est posée. Et tandis que les pays à faibles revenus sont les premiers concernés, ce sont les lobbyistes des énergies fossiles qui s’y reproduisent comme par scissiparité, excédant désormais le nombre de leurs représentants (+25 % entre la COP26 et la COP27). C’est une édition par ailleurs peu avare en paradoxes, puisque les promesses de frugalité des Etats seront récoltées par le président de la compagnie pétrolière nationale des Emirats. Mais sous le vernis des contradictions, il y a des nations sommées d’agir et quelques nouveautés remarquables au programme : la question de la santé, comme nous le disions, mais aussi celle de la sécurité alimentaire et des crédits de biodiversité, pensés sur le modèle du carbone. L’optimisme n’est pas non plus exclu : l'Agence Internationale de l'Energie parle d'un « bond phénoménal » des énergies propres. Pendant que le Pape François sonne l'appel d’une transition énergétique « contraignante », c’est peut-être sans faire de litanies que la COP28 produira ses meilleurs effets.
A l’occasion de la COP28, Kéa vous propose un programme de 10 webinars « Future-Up » dans lesquels nos intervenants partageront leurs raisons d’espérer pour demain et des pistes d’actions pour faire advenir ces futurs souhaitables. Venez notamment écouter Philippe Aghion (économiste, professeur au Collège de France et membre du Cercle des économistes), Mathieu Baudin (Directeur de l’Institut des futurs souhaitables) et Arnaud Gangloff lors de la conférence inaugurale.
Rédacteurs : Pierre Girard, Alexis Heuls, Mathieu Noguès, Romain Thievenaz
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen, Laura Istace
ont collaboré à ce numéro : Stéphanie Nadjarian, Thibaut Cournarie, Yves Pizay, Benjamin Toison, Chloé Secnazi, Jean Gaboriau
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable