En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chers lecteurs,
En cette semaine de débouchage de la cuvée 2023 du Beaujolais, les associés de Kéa s’enivrent d’actualité, et vous proposent le décryptage des faits suivants :
BRICS bisous
Et si le moment était venu d’une détente sino-américaine ? Au terme d’une année de dégradation notable des relations, sur fond de perte d'influence de l'Occident et d'affirmation d'un leadership chinois sur les BRICS, et à la veille d'élections propices à la surenchère à Taïwan comme aux États-Unis, le mot d'ordre de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec)qui se tenait cette semaine à San Francisco était stabilité… et ce n’est pas négligeable. Le ralentissement du commerce mondial alimente les difficultés économiques chinoises et ternit le bilan du président Biden. Les risques liés à la prolongation de la guerre en Ukraine et la crise du Proche-Orient poussent à un apaisement, très attendu en Australie, au Japon et plus encore en Corée du Sud. Il en va de même à San Francisco, la ville hôte, ravagée par un opioïde de synthèse, le Fentanyl, dont les ingrédients sont… chinois. Ce n’est pas encore le love, mais Sit, Talk and Calm down. Le miracle d’avant Noël ?
Qu’est-ce qu’on fait pour les vacances, Jeeves ?
Depuis une semaine, OpenAI, créateur de ChatGPT, permet au tout venant de créer son assistant personnel sur mesure, sans disposer de compétences particulières en programmation. Comme le prédisent Gilles Babinet ou encore Bill Gates, nous serons prochainement bardés d’agents, d’assistants, généralistes ou spécialisés, chargés de nous rendre la vie plus facile. Ils auront accès à l’ensemble de nos données, écouteront (avec notre accord ?) nos conversations et nous connaitront mieux que personne. Ces petits valets de pied du futur organiseront nos vacances de A à Z ou prendront la main sur nos agendas selon nos desiderata : « Albert, réorganise ces cinq réunions de sorte que je ne travaille pas demain ». Gilles Babinet est clair sur ce point : « Au-delà du fait d'accéder à nos données intimes, la grande caractéristique de ces IA sera leur capacité de négocier avec d'autres IA afin d'optimiser le prix des billets d'avion tout comme les dates de réunion des collaborateurs dans les logiques coopératives ou compétitives décrites par le mathématicien John Nash ». Ce futur (très, trop) proche suscite de nombreuses convoitises, chacun tentant sa chance dans cette ruée vers le nouvel or noir du 21ème siècle. Gageons que ces valets-là nous réserveront également quelques fourberies.
Extrême(s) fatigue
Dans un pays où vivent les plus importantes communautés juives et musulmanes d’Europe, la crise du Proche-Orient attise les antagonismes et nourrit une polarisation politique déjà parmi les plus fortes du continent. Cette polarisation s’inscrit dans un contexte politique pétri de paradoxes : rappelons que si 59 % des Français estiment que la majorité relative est une bonne solution, 45 % d’entre eux disent appartenir à uneFrance en colère tandis que 57 % considèrent La France Insoumise dangereuse pour la démocratie. LFI joue la radicalité et la rupture, et prend le risque très réel d’abimer la gauche, le parti lui-même et l’image de son chef, alors même que le Rassemblement National poursuit avec succès sa dédiabolisation. Peu d'observateurs, surpris ou consentants à voir le RN participer à la manifestation contre l'antisémitisme, ont relevé que le levier unique de son engagement était antimusulman. La campagne européenne, qui s’engage sur des thèmes clivants tels que le changement climatique, l'immigration et l'Europe elle-même, s'annonce également houleuse. On se console avec l’idée que la démocratie, c’est le dissensus ?
Vieux pots & confiture
La réutilisation de l’usé est à la mode et les entreprises qui s’évertuent à faire leur confiture dans les vieux pots ont le vent en poupe. On transforme les minéraux d’excavation en terre végétale pour les recycler et éviter de prélever la terre dans les milieux naturels. On convertit des moteurs diesels en moteurs électriques pour limiter la consommation de matériaux et les émissions polluantes. On transforme des déchets en granulats pour le BTP, séquestrant durablement le CO2 associé. Et tout cela sans sacrifier les résultats financiers ! Si les humains ne sont pas prêts à abandonner la croissance et l’abondance qui va avec, le développement d’une « économie qualitative», plus efficiente et créatrice de richesses avec moins de ressources, pourrait être la voie pour concilier progrès et écologie – comme le souligne Bertrand Piccard, psychiatre et président de la fondation Solar Impulse, dans un récent entretien avec Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project. Chers dirigeants, si cela vous inspire, Kéa organise cette année encore une série de webinars à l’occasion de la COP 28. Et celle-là, on vous la garantit sans recyclage !
En parlant de vieux pots…
Est-ce que c’est parce que les Français sont plus vieux qu’ils sont plus passéistes ? Nous sommes de plus en plus nombreux (2 personnes sur 3) à estimer que « c’était mieux avant », et « qu’on ne peut pas faire confiance à la plupart des gens ». La faute aux vieux ? Et bien non, et c’est encore l’étude annuelle de Fractures Françaises qui nous l’apprend. La moins bonne nouvelle, c’est que c’est une vision largement partagée dans la société, même si l’étude relève quelques variations selon les CSP et le genre des personnes interrogées. Ainsi, les seniors et les hommes en général sont les plus optimistes (ou les moins pessimistes) quant à l’avenir de la planète, avec un score de 28 % contre 23 % chez les plus jeunes et 21 % chez les femmes. Les retraités sont en revanche les moins optimistes sur le sujet de la confiance en l’autre (faut-il y voir l’impact de la réforme des retraites ?), sur celui de l’inflation et sur le sujet d’un retour de la guerre en Europe. Pour autant, et c’est là tout le paradoxe français, ce pessimisme ne signifie pas que les français sont malheureux, puisque 78 % d’entre eux se disent satisfaits de leur « état de bien-être » personnel. En somme, c’était mieux avant mais ce n’est quand même pas si mal ! Allez, inspirons-nous d’Apollinaire en « rallumant les étoiles » collectives !
NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes de Kéa Bonne lecture,
Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Jean Gaboriau, Pierre Girard, Yves Pizay, Benjamin Toison
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen, Laura Istace
ont collaboré à ce numéro : Thibaut Cournarie, Alexis Heuls, Stéphanie Nadjarian, Mathieu Noguès, Romain Thievenaz
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable