En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chers lecteurs,
En cette semaine de fête nationale, les associés de Kéa aimeraient voler en escadrille tricolore, mais vous offrent plutôt la dernière mouture non moins colorée du bulletin et quelques suggestions de lectures estivales. Bel été !
La Guerre des Oranges
Vent de panique sur le marché du jus d’orange. Ouragans floridiens, pluies brésiliennes et pénuries mexicaines ont catapulté la livre d’oranges à 3$ (elle était à 1.2$ début 2020). Quantité et qualité ne sont plus au rendez-vous. En conséquence, pour se fournir, les pays se livrent une guerre des prix sans merci : les navires à destination de l’Europe virent de bord en plein milieu de l’Atlantique, avec leur cargaison rachetée par les Etats-Unis, plus offrants. Opposé à cette mondialisation jusqu’au-boutiste, Ludovic Subran, chef économiste d’Allianz, met en avant les vertus d’une régionalisation des échanges. Aujourd’hui, 54 % des exportations allemandes se font au sein de l’UE ; la Chine coopère en priorité avec ses voisins asiatiques ; l’Union Africaine a créé sa zone de libre-échange. Les chaînes de valeur régionales seraient d’après lui un vecteur de stabilisation de la mondialisation, de réduction des incertitudes et fluctuations des marchés et de plus grande proximité clients. Mais surtout, elles contribueraient efficacement à la décarbonisation et au verdissement de nos économies. Bon voisinage = jus d’orange au petit déj ?
On dirait le Sud
Cette année, un nouveau continent (géopolitique) a émergé. Il est issu de la guerre d'Ukraine et nommé le « Sud global », par opposition au « Nord global » rassemblant les Occidentaux et nos ennemis les Russes. L'expression est ancienne (1969) et d'ascendance lointaine : succédant au « Tiers-monde » et aux « Non-alignés », le Sud global, fait de BRICS et d’OCS, amalgame des pays très différents qui pratiquent le multi alignement. Il maîtrise de mieux en mieux l’agenda des relations internationales, l'Inde présidant le G20 après l’Indonésie et avant le Brésil. La Chine entend diriger ce Sud global qui veut réduire l'influence de l'Occident sur les Institutions internationales et le système financier. Dans le Sud global, dictateurs et démocrates font bon ménage, et le Nord s’adapte, au nom d’une realpolitik qui fait le jeu des dictateurs, en envisageant des intérêts partagés sans tenir compte des régimes politiques. Le temps pourrait durer longtemps…
The Social Equalizer
Intégrer nos droits sociaux dans le calcul des revenus et du patrimoine des ménages nous conduit à revoir les inégalités en France d’un œil nouveau. Les inégalités brutes sont déjà sensiblement inférieures à la médiane européenne. La redistribution les réduit massivement : le revenu primaire du décile favorisé est 13 fois supérieur à celui du décile inférieur. Or,le niveau de vie est seulement 3 fois supérieur quand on intègre les prestations sociales monétaires et les transferts en nature (éducation, santé, logement, etc.). La même démarche appliquée au patrimoine (défini par l’Insee comme étant nos revenus futurs) en intégrant les droits sociaux futurs (pensions, retraites, couverture maladie) aboutit à un résultat similaire : les écarts de patrimoine ne sont plus si grands. La question des inégalités est un domaine où, par essence, la vérité le cède constamment au mythe, tant elle est une passion française, et un grand moteur du jeu politique.
Révolution de la valeur et Parlement des choses
Et si la clé, pour une économie plus durable, était de passer d’une économie de la propriété à celle de l’usage et de la performance ? Faut-il revoir fondamentalement la notion de valeur en économie ? Cette idée trouve désormais un écho jusque dans des instances économiques de premier plan, comme l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) ou le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Ce dernier a pris position sur le sujet en adoptant un avis qui met en exergue sept « préconisations pour une économie servicielle sociale et soutenable ». L’objectif de l’économie servicielleest de recentrer la relation entre l’entreprise et son client sur l’usage d’un produit et sa performance, afin de limiter la consommation de ressources et l’extraction de matières. C’est un combat porté par Kéa aux Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence le weekend dernier : Arnaud Gangloff a insisté sur la nécessité de réinventer « la valeur » en réalignant les intérêts de l’ensemble des 4 parties prenantes ; entreprises, clients, fournisseurs, et la nature. Pour une révolution de la valeur, organisons des états généraux, où même la nature aurait son député !
Lectures et podcasts de l’été
Chers lecteurs, voici quelques recommandations de toutes sortes pour passer l’été, que vous soyez politique, historique, climatique ou follement romanesque.
Si vous souhaitez, après les émeutes, comprendre pourquoi la France est un pays incandescent, lisez l’Etrangeté Française de Philippe d’Iribarne (qui analyse toutes les spécificités de notre culture).
Dans le même esprit, les podcasts de Tootak (Kéa) permettent de revenir sur deux personnalités (parmi les 64 personnalités interviewées) que sont deux Laurent, chacun se tenant d’un côté des barricades et n’étant peut-être pas si différents l’un de l’autre : Laurent Nunez, préfet de Police de Paris – ex-Conseiller anti-terrorisme d’Emmanuel Macron, enregistré le 21 février 2021 à L’Elysée et Laurent Berger, presque ex-Secrétaire Général de la CFDT, enregistré le 9 novembre 2020. Passez 30 min d’intimité avec eux, pendant votre jogging matinal.
Si vous avez plutôt envie d‘une BD dystopique, entre Kafka et Black Mirror, datant de 1984, mais vertigineusement actuelle, vous choisirez SOS bonheur.
Si vous voulez parfaire vos convictions environnementales, plongez dans Minding the climate pour comprendre comment les neurosciences peuvent nous aider à résoudre la crise, ou bien dans Les révoltés du ciel, qui retrace l’histoire du changement climatique depuis le XVème siècle.
Si vous votre humeur est plus légère, nous vous engageons à lire le romancier américain Antony Doerr, prix Pulitzer pour Toute la lumière que nous ne pouvons voir, qui a publié un merveilleux roman en 2022, la Cité des Nuages et des Oiseaux (Grand prix de la littérature américaine). C’est un récit mosaïque qui nous transporte du siège de Constantinople au XVème siècle aux années 50 en passant par le futur de l’humanité et c’est magnifique.
Rendez-vous à la rentrée !
NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes de Kéa Bonne lecture,
Les associés de Kéa
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1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable