En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chers lecteurs,
En cette semaine d’atteinte dramatique à la paix dans le monde, les associés de Kéa n’ont pas tout à fait le cœur à la galéjade, mais décryptent malgré tout pour vous les faits suivants. Shalom – Salam.
Poor lonesome society
Aux quatre coins du globe, une épidémie à bas bruit se répand comme un ferment de décomposition dans nos sociétés. Son nom ? La solitude. Aux Etats-Unis, un rapport de l’administrateur de la santé publique affirme qu’elle pèse autant sur l’espérance de vie qu’une consommation de 15 cigarettes par jour. Dans un monde toujours plus dense et connecté, les sondages montrent que les individus ne se sont pourtant jamais sentis aussi seuls (lien article). Travail à distance, confinements, réseaux sociaux qui connectent les humains mais ne les lient plus : la solitude semble se propager comme par court-circuit le long de nos messageries instantanées. Si le Japon s’est doté depuis 2017 d’un ministère dédié, en France ou aux Etats-Unis des initiatives plus simples pourraient ragaillardir le vivre ensemble. En 2023, la République des Hyper Voisins installait une table de 1 100 couverts dans Paris pour délier les langues de tout un quartier. L’initiative prêterait presque à la dérision, mais n’est-ce pas plutôt bien triste de devoir désormais organiser proactivement notre lien social ? Puisque qu’il s’agit d’une épidémie, actons donc de notre rôle dans sa prévention et n’oublions pas la contribution majeure de nos entreprises au sujet. A l’heure de la disparition des communautés, celle du travail peut également être un lieu de lien et de sociabilité choisie. L’entreprise, cette nouvelle friendzone !
Chute libre
De la 11ème édition de l’enquête annuelle Ipsos-Sopra Steria Le Monde, publiée la semaine dernière, il ressort que la France est de plus en plus méfiante, mécontente et en colère. Défiante envers une classe politique jugée corrompue et des institutions qui font désormais figures de repoussoirs – à l’exception notable et, à vrai dire inspirante, de l’Union Européenne. La France est mécontente à des niveaux inédits, à des niveaux records depuis que l’enquête a été créée en 2012 : 82 % des personnes interrogées considèrent que le pays est en déclin, dont un tiers pense que ce déclin est irréversible. Elle est en colère, avec une « France contestataire » qui progresse dans tous les électorats et toutes les tranches d’âge, et une extrême-droite installée sur une véritable rampe de lancement. Cela donne un cocktail morbide et explosif, dont émerge une information proprement assourdissante : un tiers des Français pensent aujourd’hui que d’autres régimes politiques peuvent être aussi bons que la démocratie. Alors, au terme d’une semaine qui s’y prête, on se rappelle le film La Haine : le plus dur n’est pas la chute… c’est l’atterrissage. Préparez vos airbags.
Système B
Dans le passage de notre modèle à une économie souhaitable, une question est prégnante : celle de la valeur. Si la prise en compte de l’impact social et environnemental de notre activité économique est évidemment nécessaire, l’enjeu réside dans un renversement de la dialectique de fond sous-tendant notre économie. La HBR Francenous invite à passer du « système A » actuel, à finalité économique, à un « système B » où la nouvelle valeur est environnementale et dont la dimension économique n’est pas seulement une finalité mais une contrainte et une résultante. Il s’agit notamment de revisiter nos actifs immatériels (savoir-faire, métiers, écosystèmes, etc.) pour inventer de nouveaux débouchés et des relais « régénératifs ». Loin d’un vœu pieu écologiste, les intérêts – y compris économiques – de ce système B pourront même dépasser les attentes : meilleure rentabilité, résilience renforcée des entreprises face aux chocs, écosystèmes naturels et humains revitalisés. A nouveau jeu, nouveau damier.
Femina economicus
C’est bien une historienne, Claudia Goldin (Harvard), qui a reçu cette année le Nobel d’économie, pour avoir instruit l’histoire des inégalités femmes-hommes sur le marché du travail aux Etats-Unis. En construisant de magnifiques séries statistiques, la chercheuse montre que la présence des femmes n'est pas historiquement corrélée à la croissance économique, mais qu’elle dessine une courbe en U. Elles travaillaient avant la révolution industrielle et, au début du XXème siècle, elles accèdent à l'éducation, mais pas à l'emploi. La génération de 1930 travaille peu, occupe un emploi temporaire avant le premier enfant. Grâce à la pilule, les femmes nées depuis les années 50 entrent enfin dans une carrière professionnelle. Les femmes des pays développés sont désormais beaucoup plus qualifiées que leurs homologues masculins mais après des débuts professionnels marqués par une certaine égalité, l’écart de genre se creuse ensuite, avec la parentalité, alors que les employeurs valorisent les horaires longs et flexibles, ce qui avantage les hommes. Si désormais ces idées nous semblent familières, la chercheuse est bien la première à avoir révélé les inégalités de genre sur le marché du travail. Merci Madame Goldin.
Very small is very beautiful
Les prix Nobel scientifiques de 2023 vont aux limites de notre entendement. Les découvertes récompensées transforment nos vies et ouvrent d'immenses perspectives. En changeant une des quatre bases de l’ARNm (pour désactiver une protéine spécifique), Kariko et Weissman ont mis au point une nouvelle génération de vaccins à ARNm, efficaces contre le Coronavirus. Après le COVID, bientôt un vaccin contre le cancer ? L’Huillier, Agostini (cocorico !) et Krausz inventent la physique des attosecondes : un stroboscope émet des flashs de milliardièmes de milliardième de seconde qui permet l'observation et l’ingénierie des atomes. Cette physique nouvelle ouvre des perspectives dans tous les domaines. En diminuant le diamètre des boîtes quantiques, Bawendi, Brus et Ekimov compressent les électrons qui y sont régulièrement rangés et modifient leurs propriétés. Imagerie médicale, écrans fins et souples, stockage d’énergie, ordinateurs : les boites quantiques sont déjà partout ! Chéri(e), j'ai tout rétréci !
NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes de Kéa Bonne lecture,
Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Chloé Secnazi, Pierre Girard, Alexis Heuls, Mathieu Noguès
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen, Laura Istace
ont collaboré à ce numéro : Stéphanie Nadjarian, Thibaut Cournarie, Yves Pizay, Jean Gaboriau, Benjamin Toison, Romain Thievenaz
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable