En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semainede re-re-remaniement, les associés de Kéa re-re-regardent l’actualité et vous ra-ra-rapportent les faits suivants :
Hamon-bofis et les 10 ans de la loi ESS
Architecte de la loi éponyme de 2014, Benoit Hamon a permis de bâtir la colonne vertébrale de l’économie sociale et solidaire (ESS). Dix ans après son adoption, le secteur représente en France deux millions de salariés et peut s’appuyer sur un cadre règlementaire solide, des conditions de financement favorables et une complémentarité exemplaire entre public et privé. Une fragilité subsiste néanmoins côté ressources humaines : d’une part une difficulté à recruter pour des emplois encore trop précaires et insuffisamment valorisés, et de l’autre, un engagement bénévole menacé par les récentes mesures de report de l’âge de départ à la retraite alors même que les jeunes retraités constituent les forces vives du secteur. A cet égard, l’importance croissante prise par les politiques RSE des entreprises pourrait amener ces dernières à davantage solliciter le secteur, avec à la clé des emplois professionnalisés et un statut revalorisé pour les bénévoles. Une perspective qui devrait inspirer les dirigeants œuvrant pour une économie souhaitable. Place à l’ESS numéro-bis !
Status: it’s complicated
Un autre anniversaire a donné lieu cette semaine à un bilan un peu plus sombre. A l’occasion des (déjà !) 20 ans de Facebook, le journal Le Monde dresse un bilan sans appel : Facebook est ancré dans notre quotidien, pour le meilleur et pour le pire. Une relation souvent utile, mais également toxique et addictive, qui génère 39 Milliards de dollars de profits pour Meta et lui permet de verser pour la première fois des dividendes à ses actionnaires. Face aux critiques, Mark Zuckerberg et consorts brandissent encore et toujours le drapeau blanc d’une technologie neutre et donc innocente. Une posture entachée d’une forme certaine de cynisme, comme en témoigne la récente confrontation au Sénat américain entre le patron de Meta et les parents d’enfants victimes de harcèlement social. Le risque de désinformation massive lors des deux grandes élections à venir achève de faire de la régulation (et de l’auto-régulation) de nos réseaux un sujet brûlant. Meta et X commencent à se positionner sur la question des deepfakes et autres vidéos modifiées par l’IA, mais la réglementation mondiale est encore loin et les techniques de vérification insuffisamment précises. Dis Siri, joue en boucle France Gall, « Débranche ! »
La guerre des bagnoles
La voiture électrique, jusqu’alors tête de pont de la transition verte, tomberait-elle à son tour dans le backlash écologique ? Le vieux monde ne se laisse pas envoyer à la casse si facilement et plusieurs batailles se jouent à la fois. Sur le plan industriel, et pour faire face à la déferlante chinoise (BYD a doublé Tesla), l’UE déploie un effort d'investissements sans précédent. Mais Carlos Tavarès, PDG de Stellantis (groupe ayant lui-même investi 40 milliards d’euros dans l'électrique en 2030), roule avec Porsche pour tenter de repousser les échéances. Sur le plan politique, les élections européenne et américaine de 2024 seraient, selon lui, l’occasion de départager « les progressistes dogmatiques » des populistes anti-tout. La droite et l’extrême droite embrayent au nom de la « liberté de déplacement ». Et la Maire de Paris riposte en faisant voter ses habitants sur la surtaxation des SUV dans des conditions assez folkloriques – divisant la capitale en deux. Loin de l’auto fédératrice de Roland Barthes, la voiture d’aujourd'hui polarise. La bagnole verte, on l’aime ou on la quitte.
Dérive des continents
Quand l’Union Européenne décroche, les Etats-Unis décollent. De fait, de l'emploi à la croissance, l’écart se creuse dangereusement entre les deux rives de l'Atlantique. Alors que les EU ont connu des performances records l'année passée (cinq fois plus de croissance qu'en Europe et deux fois plus d’emplois créés que prévu en janvier 2024), la zone euro s’enfonce dans un « atterrissage (tout) en douceur ». Des chiffres qui n'ont rien de l'accident de parcours : depuis l’an 2000, nous accusons un retard cumulé de croissance de 17 % par rapport aux Etats-Unis. Si l'on y regarde de plus près, la très efficace relance États-Unienne de 2023 s'est bâtie sur un déficit budgétaire de plus de 6 %. Peu de chances pour que les mêmes traitements opèrent en Europe, entre contraintes budgétaires et besoin persistant de mesures structurelles innovantes et de long cours. Le vieux continent sort à peine de sa torpeur, avec un accord pour un « IRA (Inflation Reduction Act) à l’européenne » qui montre le chemin. Sans encore envisager d’avancer sur la voie d’une meilleure intégration budgétaire ou de l’union des marchés de capitaux en Europe, qui permettraient de jouer enfin à armes égales avec l'oncle Sam. Cachez ce décrochage que je ne saurais voir…
Taylor-made election
On croyait l’affaire à peu près pliée, on se préparait en silence. Mais voilà que des signaux faibles sèment le doute sur la victoire annoncée de Donald Trump en novembre prochain. Le premier, « l’indice de la misère » de l’illustre économiste américain Arthur Okun – qui s’est révélé juste dans ses prévisions 14 fois sur les 16 derniers scrutins – corrèle la probabilité de victoire d’un président sortant aux résultats du chômage et de l’inflation à la veille de l’élection. Or, en la matière, so far so good pour Joe Biden. Le second, bien plus inédit, se nomme l’effet Taylor Swift. Telle une héroïne Marvel jaillie de l'Amérique profonde, cette jeune femme blonde qui chante des bluettes country en maillot scintillant, fréquente un footballeur et pulvérise un à un tous les records de la Pop, inquiète fort les Magas. Elle devrait être leur héroïne naturelle, mais voilà qu'elle pousse avec succès les jeunes Américains à s'inscrire sur les listes électorales et les exhorte à défendre le droit de recourir à l'avortement et les droits des minorités. Aura-t-elle autant d’influence sur l’avenir politique du paysque sur son PIB ? Mesdames et Messieurs, l’Amérique n’a pas chanté son dernier mot.
Bonne lecture,
Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Pierre Girard, Mathieu Noguès, Yves Pizay, Romain Thievenaz
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen
ont collaboré à ce numéro : Sophie Combes, Thibaut Cournarie, Alexis Heuls, Stéphanie Nadjarian, Benjamin Toison
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes Kéa
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable