En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine d’anniversaire des 50 ans de la loi Veil en France, alors que les Américaines se ruent sur les contraceptifs (+7000 %depuisla victoire de Trump), les associés de Kéa ont décidé de ne pas faire d’interruption volontaire de Bulletin et vous proposent le décryptage des faits suivants :
Extra Europeam nulla salus ?
Dignes d’un scénario de l’immense David Lynch, les débuts dystopiques de 2025 pourraient nous laisser pantois. Au lieu de cela, ils réveillent notre colère et notre envie de sursaut.
Menace d’annexion du Groenland et du Canada, souhait de plus de masculinité et d’agressivité, patrons qui rêvent d’appliquer les méthodes d'Elon Musk… on ajoute à cela la ruée vers les USA dans les milieux d’affaires attirés par les promesses de l’Eldorado américain et qui s’éloignent d’une Europe en décrochage (environ 30 % de PIB d’écart en 2023, contre un PIB équivalent ou presque en 2003). Le secteur de la tech américaine, qui a porté la croissance du pays, arrive au pouvoir et c’est justement parce que l’Europe a sous-investi en R&D et innovation qu’elle ne suit plus, nous dit Patrick Artus.
Et si l’ampleur de cette vague était, au contraire, une formidable opportunité pour l’Europe d’incarner un autre courant ?
Investissons et innovons massivement pour donner corps à notre modèle alternatif inclusif et durable. Et démontrons les résultats. Les travaux du Social Economics Lab, menés par la jeune économiste française star Stefanie Stantcheva, concluent justement que la démonstration de l’efficacité et de l’équité des politiques climatiques permet d’emmener les foules. Lisons ses travaux bien attentivement.
Silence, ça cogne.
Etes-vous prêts pour l’Assemblée TikTok ?
Dans une note parue cette semaine, l’économiste Yann Algan et ses co-auteurs démontrent l’ampleur du phénomène de théâtralisation de la politique qu’ils jugent inédite dans l’histoire de la Ve République. Une analyse des 2 millions de discours prononcés entre 2007 et 2024 à l’Assemblée Nationale fournit ainsi des chiffres édifiants : la rhétorique émotionnelle occupe 40 % des interventions actuelles contre 22 % en 2014. Le nombre d’interruptions, réprobations et autres applaudissements a quasiment triplé entre 2017 et 2024 avec une violence verbale et un niveau sonore inédits.
Le « game changer » de cette hystérisation menée principalement par les extrêmes serait l’avènement de l’« électeur émotionnel », produit d’un individualisme ayantdémodé le temps des idéologies et adepte de réseaux qui flattent ses hormones.
Nos députés ont parfaitement saisi les nouvelles règles communicationnelles avec des discours de 150 mots en moyenne et en multipliant les interventions « réseaux-compatibles » de moins d’une minute. Dommage que les modérateurs ne soient plus à la mode.
IA pas pire.
Parmi les différentes batailles technologiques du moment, l'IA l'emporte pour l’instant partout, pour le meilleur et pour le pire.
Le meilleur, pour l’instant, c’est une IA plus efficace que l’ordinateur quantique face aux questions fondamentales de la physique et de la chimie, en charge de sauver la planète. Elle parvient même à modéliser les interactions entre atomes et molécules, allant jusqu’à prêter à ces ordinateurs encore imparfaits sa méthode de machine learning.
Le pire, c’est quandl’IA pourra potentiellement maximiser les crises financières. Le jour où elles se déclenchent (tous les 1000 jours en moyenne, selon l’OCDE), la première banque qui protègera ses liquidités sera sauvée. Et par la vitesse de réaction qu’elle offre, l’IA précipitera les chocs. Les crises seront plus soudaines et plus violentes.
Le pire est-il pire quand le meilleur est meilleur ? Vous avez 4 heures.
Engagez-vous, qu'ils disaient !
Le désengagement au travail touche chaque année des millions de personnes (1 employé américain sur 2 se sent aujourd’hui déconnecté), entrainant des coûts importants pour les entreprises et affectant le bien-être des salariés.
Si les causes de ce sentiment varient selon les profils, le repli sur soi en est l’expression la plus courante. Ce repli affecte notre forme sociale, notre santé mentale et s’auto-entretient, constituant un cycle difficile à briser. Mais ne nous résignons pas, il est encore possible d’être acteur de son réengagement au travail grâce à, d’après la Harvard Business Review, un geste simple : chercher des interactions constructives, même brèves.
Celles-ci peuvent naître de projets collaboratifs, de brainstormings, de discussions avec des pairs, de moments informels loin du bureau ou d’échanges au sein de communautés. Cette collaboration créative amène la proximité sociale et favorise l’engagement au travail.
Alors maintenant au boulot ! On va voir Martine de la compta, on brainstorme sur les nouvelles possibilités offertes par la com extra financière et on se fait un ami par jour à la machine à café.
La forme sociale s’entretient aussi au bureau, c’est valable du Général jusqu’aux premières classes. Allez ! Un deux, Un deux.
Dette à dette.
Faut-il s’inquiéter de notre dette publique ?
Vaste question. François Ecalle et François Geerolf débattent de cette préoccupation de tous les Français. Reprenons quelques éléments clés. À court terme : bonne nouvelle, pas de problème. Mais le présent est aussi un engagement pour le futur, c’est là que cela se corse.
La dette, c’est un volume, un contexte et une signature.
Le volume d’abord : faut-il s’inquiéter du niveau de notre dette (113 % du PIB)? Divergence d’érudits. Pour François Ecalle, il faut maintenir la dette à son niveau actuel, ce qui nous donnera de la marge pour faire face à l’incertain le moment venu. Pour François Geerolf, il faudrait la stabiliser, mais à un niveau plus élevé (environ 150 % du PIB), afin de pouvoir investir activement dans la lutte contre les risques géopolitiques et climatiques. Juge de paix : tant que la croissance dépasse les taux d’intérêt réels, le second scénario est viable. Sinon, il se fragilise.
Intervient alors le contexte. La dette publique est française mais la France n’est pas seule. Elle appartient à la zone Euro. Pour le meilleur – l’Europe peut intervenir – et pour le pire – un sauvetage se ferait au prix de notre souveraineté.
La signature enfin : une dette est une promesse entre deux parties. Côté créancier, le principal risque est que la dette soit possédée par des créanciers étrangers – rappelons-nous l’épisode de la « crise des dettes souveraines » européenne de 2010. Peu de risque pour la France de ce côté, l’accroissement de la dette publique extérieure française étant faible. Côté France, c’est la crédibilité de notre signature qui compte, et elle dépend de l’état de notre économie. Sans ces conditions, pas de prêts, ou alors à des taux trop élevés (cf paragraphe plus haut).
À la fin, c’est comme chez votre banquier, c’est le projet qui compte.
Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Pierre Girard, Mathieu Noguès, Romain Thievenaz, Chloé Secnazi, Jérémie Viel
Secrétaires de rédaction : Paul Puechbroussou, Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro :Oualid Essaid, Marie Guilbart, Carine Lesigne, Irène Miquel, Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.