consommation informationnelle, management à la française, prospective stratégique, culture du physique, lectures de Noël - Bulletin du 20 décembre 2024
En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine de préparatifs effrénés, les associés de Kéa vous ont concocté un menu de choix pour ce dernier bulletin de l’année.
Elle court, elle court, la maladie d'info
Les Français sont fatigués. De l’hiver ? Du travail ? Non Docteur, de l’information. La Fondation Jean-Jaurès et l’ObSoCo dressent le diagnostic. Nos modes de consommation informationnelle ont beaucoup évolué et les Français utilisent en moyenne 7,4 canaux pour se tenir au courant de l’actualité. Résultat : 54 % d’entre eux disent souffrir d’une sensation de fatigue ou de stress face à ce flux ininterrompu - et souvent très anxiogène - de nouvelles.
La Fondation Jean-Jaurès nous alerte ainsi sur le danger d’un désengagement informationnel. L’à-quoi-bonisme face à la violence des débats, la perte de confiance ou encore l’impact négatif sur la santé mentale font peser un risque sur notre capacité à nous informer et sur notre perméabilité aux vérités alternatives.
Face à ce constat, elle appelle les médias à quelques bonnes pratiques : sortir de la logique de flux pour revenir à une information programmée (début, milieu, fin), éduquer à l’information ou encore retranscrire le débat dans une forme plus apaisée. Oserait-on dire que ce sont là tous les ingrédients du Bulletin de Kéa ?
Les Français en ont sous le sapin
La fin de nos mésaventures budgétaires passerait-elle par une réforme du « managementà la française » ?
Alors que se profilent de sombres perspectives de coupes budgétaires et d’augmentation des impôts, les économistes Laurent Cappelletti et Henri Savall publient dans Le Monde une tribune qui interpelle : en faisant évoluer nos modes de management, dans les organisations publiques comme dans les entreprises privées, nous libérerions 200 milliards d’euros en un an, soit plus que les 150 milliards correspondant aux 5 % de notre déficit public !
Les auteurs appellent à une révolution managériale radicale dans nos entreprises, trop tayloriennes, et nos administrations, trop weberiennes (normes et procédures) – tâche ardue tant le management relève d'une culture nationale dont de nombreux acteurs tirent des bénéfices réels et symboliques. Il s’agira notamment de mieux comprendre et appréhender la façon dont sont construits les budgets des entreprises et des organisations publiques, et de pourchasser les coûts cachés.
De nombreuses organisations sont d’ores et déjà engagées dans la réforme. Le rétablissement des finances publiques sans l’austérité ? C’est Noël !
Action réaction prospection !
La gestion de crise ne fait pas une politique étrangère.
Ukraine, Syrie, Afrique : nous nous prêtons aujourd’hui à un culte déraisonnable du vocabulaire de crise, qui correspond à l'accélération de l'information et au temps court du politique, donne l'illusion de l'efficacité, use les leviers d'action et détruit notre crédibilité.
Pour sortir de cet écueil, Jonathan Guiffard prône dans un rapport publié par l'Institut Montaigne le recours aux méthodes de prospective stratégique pour inscrire l’action internationale dans le temps long et arrêter de réagir pour pro-agir.
En se fondant sur une analyse passée et présente des dynamiques régionales, et en identifiant les tendances de moyen et de long termes qui se cachent derrière ces « crises », la construction de scénarios prospectifs permettrait de sélectionner les champs et les modes d'action souhaitables et ainsi, de définir les bonnes politiques.
Au moment où la ligne de front s'agrandit et s’unifie, il est donc indispensable selon l’auteur de resserrer les liens entre la recherche universitaire stratégique et les politiques étrangères et de défense françaises. Renouer les fils des temps et nous donner les moyens stratégiques de nos ambitions politiques, voilà une belle résolution pour 2025 !
Cult(ure) du physique
Alors que nous nous apprêtons à accueillir le petit Jésus dans nos foyers, un article paru dans Slate cette semaine revient, de façon drolatique et quasiment poétique, sur la place qu’occupe désormais le sport dans nos sociétés – une forme de religion moderne.
Tandis que les grands de ce monde – Poutine, Zuckerberg et même notre cher Président – font étalage de leurs performances physiques pour asseoir leur (toute) puissance, la pratique du sport explose. De nos jours, quiconque ne court pas des marathons une fois dans l'année est menacé d'excommunication. Les salles de sport font office de cathédrales modernes.
Le sport comblerait le vide laissé par la sécularisation, selon l’analyse de Marcel Gauchet. Récurrence, dévotion, appartenance à une communauté de fidèles – voire tentative acharnée de tromper la mort en retardant le plus longtemps possible l'inexorable déclin du corps : tout y est. Le Président du Comité International Olympique, Thomas Bach, parle même de complémentaritéentre religion et sport, ces « deux guides pour mener une vie meilleure » et « nous enseigner l’importance de vivre en solidarité et en paix avec nos semblables ». En ces temps troublés, aurait-on enfin trouvé un nouveau projet commun ? AMEN
Lectures de Noël
Chers lecteurs, il est temps à présent de vous livrer nos traditionnels conseils de lecture pour vos pauses au coin du feu ou vos derniers cadeaux !
Avis aux littéraires: l’écrivain Charles Dantzig poursuit son œuvre singulière de décryptage de la littérature avec Histoire littéraire des Français, un opus consacré à ces écrivains et poètes français, célèbres ou méconnus, qui disent selon lui quelque chose de plus vrai que les sciences humaines. A compléter par le podcast Les admirations littéraires de Fabrice Lucchini pour une célébration de nos plus grands textes, de Hugo à La Fontaine, de Céline à Barthes. On se régale.
Pour ceux qui veulent réfléchir et rire, Les essais impopulaires de Bertrand Russell, Prix Nobel de littérature en 1950, est un livre étonnamment actuel. Ecrit « pour combattre la poussée du dogmatisme de droite comme de gauche », ses sentences sont un baume bienfaisant contre l'absurdité de son siècle et l'imbécillité du nôtre. Un délice d'intelligence !
Si vous avez envie de vous évader ou d'offrir l'espérance, lisez Au pied des Etoiles, le roman graphique de Baudoin & Lepage. Accompagnant un groupe d'étudiants pour observer les étoiles dans le désert d'Atacama, les dessinateurs nous embarquent dans un voyage où se mêlent réflexions sur la maladie, les générations, dialogue sur le pouvoir du dessin et fresque politique. Une histoire de « rencontres, de lumières et de vie ».
Pour les amoureux et les autres, le jeune et prometteur Noam Selcer livre dans un premier roman d’une ironie désopilante, Les chaînes de Markov, l’histoire d’un professeur de mathématiques qui utilise un processus scientifique pour anticiper les aléas de sa vieamoureuse. Spoiler : sciences et romances ne fonctionnent pas exactement de la même façon.
Pour les fondus de romans policiers, nous ne saurions que trop vous conseiller Tous les membres de ma famille ont tué quelqu’un de Benjamin Stevenson, où le narrateur, enseignant en roman policier, décrypte pour ses élèves les ficelles du genre, à la manière d’un Edmond décryptant la façon dont Cyrano a été écrit ou d’un Anouilh faisant porter au Chœur les codes de la tragédie. N’oubliez pas de faire des fiches.
Enfin, en cette période de montagnes russes, courez acheterMontagnes,de Régina Gimenez, livre sublime mêlant géographie et beaux-arts. A feuilleter avec gourmandise et exposer dans votre salon.
Bonnes fêtes de fin d'année et rendez-vous en 2025 ! Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Jean Gaboriau, Pierre Girard, Chloé Secnazi,Jérémie Viel Secrétaires de rédaction : Wendy Röltgen, Irène Miquel
Ont collaboré à ce numéro :Oualid Essaid, Marie Guilbart, Carine Lesigne,Stéphanie Nadjarian, Mathieu Noguès, Yves Pizay, Paul Puechbroussou, Romain Thievenaz
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.