En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine de décrets qui décrètent et d’annonces qui inquiètent, les associés de Kéa recherchent parmi la Riviera d’articles des moyens de résister et vous livrent les faits suivants :
Backlâche
Immigration, wokisme et écologie, c’est le tiercé gagnant des ennemis désignés parun populisme occidentaltotalement débridé version 2025.
Tandis qu’en France, on veut fermer l'Office français de la biodiversité et l'ADEME, il est question outre Atlantique de retirer toute mention du changement climatique des sites internet du gouvernement. L’indispensable transition écologique passe actuellement un très sale quart d’heure.
Alors que de nombreuses voix s’élèvent pour appeler à une accélération de l’Europe en réaction à la régression américaine, l’heure est à l’introspection : qu’ont raté les progressistes pour embarquer la population dans cette transition ? Pourquoi une Europe tremblante risque-t-elle de saborder ses ambitions climatiques en opposant compétitivité et Green Deal ?
Dans cette crise qui apporte chaque jour son lot de mauvaises nouvelles, ce n’est pas l’État qui vient au secours des entreprises, c’est bien le contraire qui pourrait se produire. Le média Corporate Knights publie son classement annuel des 100 grandes entreprises internationales cotées les plus engagées en matière de durabilité et montre que pour ces entreprises qui continuent à investir dans la transition écologique contre vents et marées, les activités durables sont à présent l'un des principaux leviers de croissance et de compétitivité. Oui, « durable », « croissance » et « compétitivité » dans la même phrase.
Allez l’Europe, on ouvre les yeux et on prend son courage à deux mains !
Work in progress
Comment redonner un sens au travail quand toutes les raisons de travailler ont disparu ? Antoine Foucher, spécialiste des questions sociales, revient cette semaine sur ce qui, depuis le Moyen Âge, a fondé et rendu possible la notion de travail dans nos sociétés – et a fait long feu.
Motifs religieux? Nous ne croyons plus au travail rédempteur. Motifs politiques ? Le travail comme arme contre les inégalités de classe est désormais une vieille chimère. Motifs matériels ? Nous sommes la première génération à savoir que nos enfants ne vivront pas mieux, a fortiori parce que la crise écologique a sonné le glas d’une croissance sans entrave.
Or, dans un contexte où l’Europe se fait distancer sur de nombreux domaines stratégiques, le travail doit plus que jamais être pleinement investi. Antoine Foucher ouvre deux pistes : mieux rémunérer le travail que les rentes, héritages et retraites, et construire collectivement un nouvel idéal politique où le travail ne serait pas seulement toléré comme moyen de survie mais choisi pour ses vertus intrinsèques de réalisation de soi et de transformation du monde.
Allez, on retrouve ces potesqui attendent le lundi avec gourmandise, redoutent les vacances et retardent leur retraite, et on leur demande de nous associer à la fête.
Persiste & Cygnes
Se doter d’une politique étrangère, telle devrait être la stratégie d’entreprises dont le sort est plus que jamais lié à l’instabilité du monde.
Penchons-nous d’abord sur cette danse qui se joue sur la scène mondiale et dans laquelle l’entreprise se trouve directement impactée.
Au premier plan : Trump, danseur-étoile, Trump, chef d’entreprise avant tout qui voit l’UE comme un marché. Suit sa troupe de cygnes noirs (évènements rares, imprévisibles et aux conséquences majeures) et de cygnes blancs (tendances lourdes et prévisibles), aujourd’hui de nature majoritairement géopolitique (guerres sur tous les continents). Et au milieu de cette tarentelle hystérique : l’entreprise, statue de marbre, tétanisée, ne sait plus quel rythme suivre ni quel mouvement amorcer.
Ainsi, dans un monde où votre chaîne de valeur sera toujours plus stratégique, où les logiques de « zones d’influences » font leur retour et où les cygnes – noirs et blancs – sont toujours plus nombreux, votre politique étrangère d’entreprise, fondée sur le triptyque prévisibilité, cohérence et visibilité, doit devenir votre chorégraphie.
Il en où Kamel Ouali ?
Requiem for a dream
La prochaine révolution sera celle de l’imaginaire.
C’est la thèse développée par Jim Dator, prospectiviste chevronné, et reprise par Futuribles cette semaine. Ainsi, si l’écriture nous a fait passer de sociétés de la spiritualité à sociétés productrices de règles, et si l’imprimerie nous a fait basculer dans l’ère de la standardisation, l’image nous plonge désormais dans ce que l’auteur nomme la « dream society » : une société où l’imagination, la virtualité et la fiction règnent en maîtres. Et d’étayer son propos par neuf « moteurs », symptômes de cette révolution, parmi lesquels : le déclin du texte, l’avènement de la publicité, de la société de loisirs, des jeux-vidéos, de la pornographie, de l’addiction aux drogues, etc.
Nous serions dès lors entrés dans une société du simulacre et de l’image où, chaque jour, l’évènement et l’émotion gagnent du terrain. Cette grille de lecture, qui résonne plutôt bien avec le monde tel qu’on le vit aujourd’hui, permet de mieux analyser les nouveaux comportements.
Bien utilisée, elle pourrait aussi enrichir notre vision des futurs possibles où l’émotion serait une clé vers des mondes meilleurs.
Dreams are my reality…
Femmes des années 2020
Et si, pour en finir avec le sexisme, les femmes s’emparaient de la redéfinition de nos modèles d’ambition ?
Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes nous informe cette semaine sur l’insolente santé du sexisme en France à l’heure où l’égalité des sexes est devenue un terrain d’affrontement politique et médiatique.
Pour enrayer la mécanique du muscle, confions aux femmes le soin de réinventer – et revendiquer – de nouveaux modèles d’ambition, des modèles oùl’impact social et le désir de transformer les systèmes seraient aussi légitimes que la conquête du pouvoir et la recherche de prestige. Et inspirons-nous pour ce faire de femmes ayant ouvert la voie, que leur style ait été flamboyant ou discret, et leur quête de pouvoir matinée d’impact social ou pas.
L’entreprise, place forte des inégalités et des préjugés de genre, aura en tout état de cause un rôle clé à jouer et il s’agira pour cela d’inverser la dynamique actuelle de backlash contre l’ « entreprise inclusive ».
Cher.e.s dirigeant.e.s, DIY le D&I !
Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Jean Gaboriau,Pierre Girard, Mathieu Noguès,Jérémie Viel
Secrétaires de rédaction : Irène Miquel,Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro :Oualid Essaid, Jean Gaboriau, Marie Guilbart, Carine Lesigne, Yves Pizay, Paul Puechbroussou, Stéphanie Nadjarian, Romain Thievenaz
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.