Ainsi, les églises se remplument – ils étaient 10 000 à se faire baptiser pendant le week-end de Pâques (+45 % vs 2024) – et les influenceurs religieux de tous bords fleurissent sur les réseaux sociaux. Ce retour à la religion est par ailleurs plus engagé.Selon l’évêque de Nanterre, les plus jeunes catéchumènes sont à la recherche d’un sentiment d’appartenance, d’un cadre robuste et de dogmes à suivre. Chez les jeunes musulmans aussi, l’approche est plus spirituelle, avec l’envie de redonner un sens aux pratiques religieuses et à la prière.
Compète pour savoir qui aura la grâce de Dieu ou reflet d’une époque en mal de tradition et de sens ? La seconde hypothèse est crédible, tant le cumul Covid-climat-Ukraine a installé chez les jeunes une vision sombre de l’avenir et ouvert en eux un espace pour le spirituel et plus largement, le « non rationnel ».
Le XIXe siècle a vu la mort de Dieu. Le XXIe siècle sera-t-il celui de sa résurrection ?
Radio l'Ombre
Le soft-power occidental s’enfonce à mesure qu’on lui tape dessus. Relais et piliers stratégiques de notre vision du monde, les médias internationaux voient aujourd’hui leur survie menacée.
The Voice of America, Radio Free Europe, Radio Free Asia, BBC World sont pourtant souvent les seuls relais d’une vision alternative dans des pays où les médias libres sont rares. RFE est ainsi écouté par 10 % des Iraniens et 9 % des Russes.
Or aujourd’hui, l’audiovisuel occidental fait pâle figure. Les gouvernements européens choisissent de leur imposer des coupes budgétaires – et Elon Musk les perçoit comme un repère de « tarés de radicaux de gauche ».
Pendant ce temps, les gouvernements russe et chinois redoublent d'efforts et d'innovation dans la bataille de l’information. Les fréquences occidentales perdues pourraient donc être annexées, et l’influence des démocraties occidentales reculer.Le Général se retourne dans son tube cathodique.
Météo rites
Autrefois circonscrite aux ascenseurs et au café du commerce, la météo est aujourd’hui un sujet important et un marché en pleine expansion, et cela dit beaucoup de notre époque.
C’est d’abord le reflet des conséquences du réchauffement climatique sur notre économie et notre vie. La météo devient stratégique. Pour le comprendre, il suffit d’en parler à des agriculteurs inquiets, à des agences d’évènementiel fébriles, et à des collectivités démunies face à des phénomènes extrêmes de plus en plus fréquents et violents.
C’est ensuite le miroir d’une société où la data est partout. On voit ainsi émerger des cortèges d’apprentis ou de chevronnés météorologues qui « crunchent » des bases de données ouvertes pour offrir ou vendre (cher) leurs services.
Mais derrière le succès nouveau de la météo, il y aussi l’essor de la toutologie (les fameux experts de tout), des « battles » entre nerds, un besoin de contrôle dans un monde de plus en plus incertain…
La météo semble devenue le symptôme de nos turpitudes et névroses modernes. On regrette presque l’insouciance des miss météo qui déclamaient le bulletin en robe de soirée.
Farces & traps
Voulez-vous connaître les tricks des techno-illusionnistes ?Sous vos yeux ébahis, Xavier Pavie, philosophe, a passé une semaine à la Singularity University pour décortiquer les arcanes de la Vallée du Silicium qui rêve de sauver la planète.
Ce séminaire abracadabrantesque, fondé en 2008 par deux icônes de la Tech Peter Diamandis et Ray Kurzweil, dispense à ses participants une mythologie transhumaniste qui repose sur deux idées principales : (I) l’IA dépassera l'intelligence humaine vers 2045, et la magie opérant, fera de nous des surhommes, (II) l’accélération exponentielle de la technologie (cf. la vieille loi de Moore) permettra de résoudre tous les défis de l’humanité (sous la houlette éclairée des Etats-Unis).
Or, s’il ne faut pas jeter la tech avec l’eau du bain, nul besoin de signer un pacte faustien avec elle. Surtout quand celui-ci est manié avec une forme de naïveté mâtinée de narcissisme, hors de tout contexte d’accès aux ressources, et sans prendre en compte les besoins élémentaires d’une partie de l’humanité.
A force de nous faire le coup du lapin, on a l’impression d’être pris pour des cloches.
Les Nuls pour la Gestion
Oui, parce qu’on s’est dit que si on mettait « La Gestion pour les Nuls » vous ne feriez que le transférer à votre manager préféré sans le lire…
La bonne gestion, pour Cicéron déjà, était « aussi efficace économiquement qu’intègre et citoyenne ». Car le premier ingrédient de la bonne gestion est de créer une valeur collective, composant avec des parties prenantes multiples dont les pouvoirs publics.
Autre ingrédient essentiel : imaginer et déployer des actions inédites dans un monde d’incertitude, en réussissant à structurer la capacité du collectif.
Enfin, place au local. Dans ses derniers travaux, la Chaire analyse notamment la responsabilisation locale et ses effets d’entraînement afin de prendre à bras le corps les transitions globales. Toutes ces dimensions de la bonne gestion demandent des compétences spécifiques auxquelles le dirigeant doit se former. Socrate nous l’avait dit : la seule chose qu’on sait c’est qu’on ne sait rien.
Et maintenant, vous pouvez transférer ce mail à votre manager.
Les associés de Kéa
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