Capi, patrie, quali - Bulletin du 28 mars 2025
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Bulletin #129 de la semaine du 28 mars

Bulletin 129 du 28 mars-1

En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.

Chères lectrices et chers lecteurs,

En cette semaine où l’Europe invite ses citoyens à confectionner « un kit de survie », les associés de Kéa préparent leur sac avec un Mars, Power Point et un costume, et décryptent pour vous les faits suivants :

Capiii, c’est finiiii…

 

Oubliez la phase du capitalisme néolibéral ; nous sommes entrés dans celle du « capitalisme de La Finitude », selon le nouveau livre passionnant d’ Arnaud Orain, Un monde confisqué.

 

Dans ce monde aux ressources limitées, où domine un sentiment angoissant de finitude, chacun cherche, dans la précipitation, à accaparer les richesses. La porosité entre économie et politique existe à tous niveaux et présente trois caractéristiques : la privatisation et la militarisation des mers (les militaires ont d’ores et déjà la mission de protéger les routes maritimes), la régionalisation des échanges centrée autour de « silos impériaux » (constitués d’un empire central et de ses vassaux économiques) et des entreprises plus-que-marchandes, c’est-à-dire (géo)politiques, qui cherchent à s’approprier les espaces physiques et cybers, et à imposer leurs prérogatives souveraines.

 

Selon l’auteur, cette phase n’est qu’un retour de cycle. L’histoire du commerce mondial n’est pas celle d’une progression continue vers l’hyper-mondialisation. Elle est faite de périodes de développement (XVIIIe S. – 1880 et 1945 – 2008) et de périodes de modération (XVIe S. – XVIIIe S., 1880-1945). La phase actuelle de « Modération » aurait débuté en 2008 lorsque la relation de complémentarité entre la Chine et les Etats-Unis a tourné à la contestation de l’hégémonie américaine. Obama l’avait intégré dès 2009, Biden l’a appliqué avec l’idée d’autonomie, Trump ne fait que poursuivre la même politique avec des méthodes (très) différentes.

 

Le capitalisme… ça s’en va et ça revient, c’est fait de…

Engagement party

 

Si la France entre en guerre, toi, tu t’engages ? Voilà une question nouvelle qui surgit dans les conversations et les esprits… face au péril géopolitique grandissant.

 

Bonne nouvelle : beaucoup de Français répondent présent – c’est le général de division François-Xavier Poisbeau, Secrétaire général de la Garde nationale qui nous le dit. Depuis le début de cette année, cette dernière a recruté 12 000 jeunes réservistes, mus par le désir de se rendre utiles et ébranlés par l’appel au patriotisme du Président de la République lors de son discours du 5 mars. Des employeurs publics et privés partagent également cet engouement et se portent volontaires pour financer des jours d’absence de leurs salariés réservistes. Un mouvement d’engagement qui trouve un certain écho dans la société et la vie politique : 56 % des Français se disent en effet favorables au maintien du soutien à l'Ukraine, suivis en cela par les représentants de nos partis politiques qui ont presque unanimement voté pour le renouvellement du soutien.

 

Dans ce paysage politique, les extrêmes font exception. Il semblerait décidément que plus le nom d’un parti suggère le patriotisme (« Rassemblement National » « Les patriotes »), plus les vestes se retournent facilement quand un autre Patriote énervé est à nos portes.

 

Toc, toc !!! … Oh merde.

Avec ma gueule de métèque

 

La criminalité est l’une des préoccupations principales des Français (et des autres) et elle est de plus en plus souvent associée à l’immigration dans les débats. Est-ce à raison ?  

 

Pour éclairer le sujet, trois économistes se sont attelés à un travail de fact-checking. L’analyse des données des flux migratoires et de la criminalité dans 23 pays européens sur 15 ans montre que cette dernière n’augmente pas avec l’immigration. Dans d’autres régions du monde, au Chili par exemple, les faits sont tout aussi têtus : la population d’origine étrangère y a été multipliée par 3 sans provoquer de hausse de la criminalité malgré un sentiment croissant d'insécurité. 

 

Si dans certains pays, les migrants et les étrangers sont surreprésentés dans les statistiques de criminalité par rapport à leur part dans la population locale, ils représentent une part trop faible de la population pour que la criminalité globale s’en trouve augmentée sur le long terme. Il peut aussi arriver qu’ils remplacent une criminalité locale déjà établie, sans en faire augmenter l’occurrence. De nombreux biais peuvent également expliquer leur surreprésentation dans les chiffres de la criminalité : difficulté à comptabiliser la part réelle des étrangers illégaux, contrôles plus systématiques, etc.

 

Trust the data, not the Maga. Et Georges Moustaki.

La reine Europe est-elle nue ?

 

L’Europe a choisi de dépendre de technologies étrangères et cela nous rend éminemment vulnérables. Surtout depuis que nous ne sommes plus tout à fait certains que les USA sont nos alliés.

 

Le « Huaweigate » (soupçon de corruption de députés européens par le géant chinois) est un signal supplémentaire d’une menace directe de notre souveraineté par des puissances étrangères potentiellement hostiles. L’ANSSI sonne le tocsin dans son rapport 2024 et nous alerte également sur la présence de groupes cyber-menaçants russes et chinois. Ces derniers auraient mis en place une stratégie de long terme, avec des agents dormants, prêts à paralyser nos infrastructures vitales sur un signal de Pékin…

 

Et les ex-copains Américains alors ? Que faire de nos téléphones Apple, nos outils de travail Microsoft, nos IA ChatGPT, nos messageries WhatsApp ?! Rappelons que le Patriot Act permet aux autorités de Washington de saisir les données des sociétés privées américaines de telco, de tech ou même des cabinets de conseil en stratégie ! Bye bye les data clés des entreprises et citoyens européens… Autre façon de dévoiler vos données : invitez un journaliste sur Signal. Ah ah.

 

Dans tous les cas, c’est le moment d’entreprendre dans la tech Européenne. A bon entendeur…

Quand on peut, on veut

 

Le journal Le Monde vient de dévoiler le rapport 2024 sur l’état de l’environnement en France, et c’est pas jojo. On comprend pourquoi il est resté dans les placards ministériels : pas assez positif.  

 

On ne va pas énumérer ici ce qui va mal, car en tant que fidèles lectrices et lecteurs (❤️), vous le savez déjà. Ce sont les quelques bonnes nouvelles qui nous intéressent. La qualité de l’air s’améliore grâce aux progrès techniques et au durcissement des normes. Les quotas permettent le recul de la surpêche. La diminution des émissions de gaz à effet de serre se poursuit (même si elle reste en deçà des objectifs des accords de Paris). Ajoutons à cela la résorption du trou de la couche d’ozone, salué comme un bel exemple de coopération internationale. 

 

Nous ne ferons pas de ces bonnes nouvelles les cache-misère d’une situation préoccupante. Nous pouvons en revanche exploiter chacune d’entre elles pour promouvoir ce qui les rend possibles : progrès technique, réglementation et sobriété sont les ingrédients communs des solutions gagnantes, souvent associés les uns aux autres. Mais il manque peut-être le facteur le plus important : donner les moyens de changer.

 

Car, comme l’a mis en lumière l’IDDRI, en matière d’écologie, c’est “quand on peut, on veut” et non pas le contraire.  

Les associés de Kéa

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LIEN D'INSCRIPTION

N°129 du 28.03.2025

Rédactrice en chef : Sophie Combes

Rédacteurs : Jean Gaboriau, Mathieu Noguès, Yves Pizay, Jérémie Viel, Chloé Secnazi 

Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen

Ont collaboré à ce numéro : Oualid Essaid, Carine Lesigne, Pierre Girard, Stéphanie Nadjarian, Paul Puechbroussou, Romain Thievenaz

Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer

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Kéa, 3 rue Danton, Malakoff, France 92240, France

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