Remèdes, compétences, énergies - Bulletin du 23 mai 2025
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Bulletin #136 de la semaine du 23 mai

Bulletin 136 du 23 mai

En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.

Chères lectrices et chers lecteurs,

En cette semaine où ils doivent renoncer à leur rêve d’entrer à Harvard, les associés de Kéa passent en mode spring break news et ont bingé pour vous les faits suivants :

Referendum & dumber

 

Le référendum est-il le bon remède à la crise démocratique ? Alors que l’argument de la légitimité du peuple (« Les Français veulent… », sondage à l’appui) sert de plus en plus à renvoyer la représentation parlementaire à un truc d’élites, le référendum ressort de la boîte à outils constitutionnelle.

 

Il faut dire que les sujets abondent et que, dans une Assemblée émiettée et impuissante à légiférer, la chose pourrait avoir du sens. Mais est-on aujourd’hui capable de manipuler cet outil avec précaution et méthode sans en faire un instrument soit populiste, soit anti-Macron ?

 

Inspirons-nous à cet égard de nos voisins suisses : des votations organisées quatre fois par an à différentes échelles, des enjeux clairement exposés dans de petits livrets en amont (une page pour, une page contre), une initiative partagée, et un résultat accepté, dans un pays où le gouvernement est toujours l'expression d'une large coalition.

 

Est-ce le cas en France ? oui / non.

Peut-on apprendre à nager sans plonger dans la piscine ? oui / non…

Politesse artificielle  

 

Bienvenue en absurdie : la majorité des utilisateurs font preuve d’une politesse aussi zélée que superflue à l’égard des agents conversationnels. Le sujet, quoique poilant, n’est pas tout à fait anecdotique. D’autant que ces circonvolutions et autres salamalecs ont un coût financier et environnemental bien réel, lui.

 

Alors, stratégie bien pensée, réflexe civilisé ou début de soumission à la machine ? Le Monde a enquêté.

 

Côté politique, les résistants, sensibles aux dégâts de l’anthropomorphisme, qui refusent de faire de l’IA une personne : « On ne va pas non plus faire des poutous à ce robot. » *

Côté métaphysique, les prudents, qui n’insultent pas l’avenir ou jouent leur va-tout dans une forme de pari de Pascal revisité : « Il paraît qu’ils se souviennent de tout. » *

En toile de fond, le sens commun : « Si on commence à être désagréable avec les machines, c’est qu’on est mal barrés avec les humains… et en plus, il paraît que c’est plus efficace. » *

 

De notre côté, neutralité journalistique oblige, on se contentera de remercier l’IA qui a permis ce débat.

 

*verbatims ayant fait l’objet de quelques réécritures

Qu’est ce j’vais faire de tout cet oseille ?

 

Comment expliquer l’insolente santé des marchés financiers ? + 91 % pour le CAC 40 depuis 20 ans, + 300 % pour le Dow Jones… Chaque jour, la fin du monde paraît plus proche (réchauffement climatique, guerres, hausses mirobolantes de droits de douane…) et celui de la finance, imperméable, semble nous narguer.

 

L’explication ? L’introduction après la crise de 2008 du Quantitative Easing. En décorrélant nos systèmes financiers de l’étalon-or, nous avons fait de la création monétaire la solution à tout et de la liquidité, la valeur ultime. Résultat, des milliards et des milliards d’euros se promènent partout dans le monde et il faut les investir. Au diable les mauvaises nouvelles, pourvu qu’il y ait des opportunités business à court terme.

 

Mais me direz-vous, quitte à investir des milliards, ne pourrait-on les diriger vers la transition écologique qui en a tant besoin ? En nous assurant de la capacité des marchés à distinguer les projets réellement transformateurs de ceux peu efficaces et des opportunistes. Réorienter cette manne pour ne pas finir Down, Jones.

Passe pas ton bac d'abord

 

Refonder la fabrique des compétences, voilà l’appel solennel d’un collectif VIP, mené par Stanislas Guerini et Patrick Levy-Waitz, qui interpelle cette semaine sur le big bang qui nous guette.

 

L’obsolescence des compétences est un sujet que nous manions depuis un moment. En réponse, l’État a notamment travaillé à réduire les décalages sur le marché de l’emploi à coups d’importantes politiques de formation professionnelle.

 

Mais voilà, aujourd’hui, cette obsolescence est vouée à croître de manière exponentielle sous le coup combiné de l’IA générative, des mutations induites par la transition et des bouleversements démographiques et sociaux qui redessinent sans cesse les contours du travail. Avec à la clé, des risques réels de décrochage si l’on ne sait s’adapter.

 

Compliqué alors que la France continue à avoir comme spécificité un modèle figé où le diplôme initial fait foi, et où on forme encore pour entrer dans le monde du travail, pas pour y durer. Et, à l’aune de ce fétiche académique, nous ne savons toujours pas valoriser des parcours comme les BTS, à l’inverse de nombre de nos voisins.

 

La morale de l’histoire : mieux vaut être habile de ses mains que col blanc comme un pied.

Pari cantonais

 

En termes de décarbonation, quand l’Europe montre la lune, la France regarde le doigt et la Chine est déjà dans la fusée. 

 

C’est une première historique : alors que la demande chinoise en énergie continue de croître, les émissions de carbone associées ont diminué de 1,6 % au 1er trimestre 2025. Ce phénomène, qu’il reste à inscrire dans la durée, illustre un découplage absolu énergie-CO2 chez le premier émetteur de GES de la planète, principalement grâce à l'essor des énergies renouvelables. 

 

Dans le même temps, la France traîne des pieds face aux demandes de l’Europe et préfère une décarbonation, s’appuyant sur les crédits carbones internationaux, à un investissement direct et massif dans le développement d’industries bas carbone concourant à notre souveraineté.

 

La Chine va vite, mais n’est pourtant pas irrattrapable. Encore nous faut-il voir, une bonne fois pour toutes, les objectifs climatiques comme une boussole industrielle, un pari géopolitique et un levier de compétitivité. 

 

Le prochain qui dit : “La France, c’est moins de 1 % des émissions, c’est à la Chine d’agir.” sera privé de boule coco.

Les associés de Kéa

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LIEN D'INSCRIPTION

N°136 du 23.05.2025

Rédactrices en chef : Sophie Combes, Chloé Secnazi

Rédacteurs : Antoine Amiel, Jean Gaboriau, Pierre Girard, Mathieu Noguès, Romain Thievenaz, Jérémie Viel

Secrétaires de rédaction :

Irène Miquel, Wendy Röltgen

Ont collaboré à ce numéro :

Pascaline Curro, Oualid Essaid, Marie Guilbart, Carine Lesigne, Stéphanie Nadjarian, Paul Puechbroussou

Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer

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Kéa, 3 rue Danton, Malakoff, France 92240, France

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