En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine de sortie littéraire, les associés de Kéa écrivent LeJournal d’un associé, mangent des yaourts et libèrent les faits suivants :
Che Guevar - AI
Et si l’IA finissait par sauver nos démocraties ? Voilà le retournement de situation que l’on n’attendait pas en cette fin d’année.
Car les plateformes ouvertes, cartographies interactives, espaces de dialogue assistés par IA se multiplient et ouvrent des espaces de décision partagée, où citoyens, experts et technologies coopèrent pour reconstruire la légitimité publique, aux Amériques, en Europe et en Asie. L’accès à l’information fiable est facilité, les biais de notoriété réduits et les convergences analysées pour trouver des consensus souvent invisibles dans le tumulte partisan.
Le programme Engaged California (EC) a ainsi permis de recueillir des milliers de commentaires des résidents affectés par les incendies de Los Angeles. Ceux-ci ont ensuite été segmentés par l’IA en 19 sujets de discussion sur lesquels les participants ont pu prioriser leurs cinq principales recommandations, ensuite analysées pour trouver un consensus qui serve de base à l’action des agences gouvernementales.
Après les amis virtuels augmentés et les sexbots augmentés, voici donc la démocratie augmentée, dans laquelle la tech n’est pas une fin mais un outil, catalyseur de dialogue, de coopération et d’action publique durable.
¡ Viva la democracIA !
Le ver à moitié plein
La biodiversité se porte beaucoup mieux en France... si (et seulement si) elle est protégée, selon un nouveau rapport de WWF. Or les réglementations de conservation sont en danger, ici comme au niveau européen.
Les équipes françaises de l’ONG viennent de mettre en évidence que lorsqu’on les protège, les espèces voient leur population augmenter, de 120 % en moyenne depuis 1990 en France. Flamants roses, pics noirs, mouettes rieuses ou grands murins démontrent que les politiques ambitieuses et à long terme fondent la réussite de la conservation des espèces. Nous sommes sauvés !
Las, la protection des habitats naturels en est l’enjeu majeur et son contexte est loin d’être favorable : remise en question de l’objectif de replantage de haies, menace de suppression de l’exonération de taxe pour les propriétaires qui protègent les zones humides... Quant à la loi sur la restauration de la nature votée en Europe l’année dernière, elle pourrait déjà être affaiblie par l’omnibus environnemental qui vise à simplifier les démarches des entreprises.
Tuez toutes les mesures, Dieu y reconnaîtra les siennes !
Occidés
L’Occident, c’est fini ? Le système de Trump confirmé par la stratégie de sécurité nationale se tourne vers « les nations plus grandes, plus riches, plus fortes » avec lesquelles les États-Unis devraient s’allier pour défendre des intérêts communs (comprendre : la Chine et la Russie).
Les pays européens sont au contraire décrits comme en « effacement civilisationnel », incapables de rester des « alliés fiables » en raison du déclin de leur économie et de leur défense.
Les États-Unis abandonnent donc définitivement leur position messianique et conspuent, cahin-caha, les valeurs qui assuraient la cohésion de l’Occident. Celles-ci sont qualifiées de « platitudes ». Les « nations alliées » de l’Amérique sont celles qui partagent « les mêmes idées », renoncent à « l’idéologie désastreuse du changement climatique » et financent leur défense.
Voilà donc une photo rassurante : non seulement l’Europe est isolée, mais elle est menacée et prise en étau entre trois « empires renaissants ». Isolée mais pas tout à fait seule : Jamie Dimon, P.-D.G. de JPMorgan, la première banque américaine, constate qu’elle « reste notre dernier espoir » d’un monde libre et démocratique et plaide pour son renforcement.
Ne reste donc plus qu’à trouver un bon antirouille.
À l’heure où verdit l’industrie
Le « verdissement » de l’industrie européenne serait une condition essentielle de souveraineté collective.
C’est la thèse qu’avance Dominique Méda, sociologue, pour assurer notre souveraineté sur les plans économique, énergétique, manufacturier (biens importés et technologies) et stratégique (accès aux minerais). Car, comme le rappelle l’économiste Xavier Blot, le système économique mondial reposera bientôt sur la capacité industrielle dans les solutions bas carbone, et non plus sur les énergies fossiles.
Pourtant, les signaux ne semblent, eux, pas au vert : nouveau record d’émissions mondiales en 2024, pas un mot sur la responsabilité des énergies fossiles dans la déclaration finale de la COP30 à Belém, ou encore loi « omnibus » votée au Parlement européen synonyme de recul sur le Green Deal.
La sociologue préconise donc une relance industrielle écologique et sociale coordonnée au niveau européen. Au programme : sortie progressive des énergies fossiles, investissements massifs dans les infrastructures, ciblage des aides publiques sur les industries à fort impact écologique et stratégique. Mais aussi protectionnisme temporaire pour éviter la concurrence (chinoise notamment).
Pour sortir du rouge, l’industrie doit passer au vert !
Ici tout est gris
Ici tout est gris, ça s’appelle Paris, La crise du budget s’enraye, l’actu s’emballe et s’aigrit. Dans les couloirs du pouvoir, on tourne en rond sur les soucis, Ça débat, ça s’agace, et l’ambiance se refroidit.
Mais dès qu’tu quittes Paris, là-bas c’est un autre tableau : Les boîtes gardent leur cadence, avancent sans perdre le tempo.
Et dans les territoires, loin des clashs qui s’empilent, Politiques et entrepreneurs travaillent ensemble – tranquille.
Ils s’parlent, s’épaulent, relancent ce qui flanche, Ils sauvent des boîtes, bâtissent l’avenir, loin des joutes grinçantes.
La crise est née ici, Le blues est né ici, Mais les patrons sont aussi là-bas, Ils se battent et basta. Quand la France grise s’alarme, La France réelle persiste : Loin du budget qui vacille, C’est là-bas qu’ça construit, qu’ça brille.