En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine de célébration de la démocratie (journée de lundi), les associés de Kéa vous imposent la lecture des faits suivants, et silence dans les rangs !
Savez-vous seulement ce qu’est une dictature, Larmina ?
La démocratie serait en passe de devenir has-been, si l’on en croit les jeunes générations.Les études qui décryptent cette attirance pour l’autoritarisme politique se multiplient. 41 % des jeunes Français sont ainsi favorables à ce que la direction du pays soit confiée à un pouvoir autoritaire, selon une étude Ipsos. Et chez les jeunes Européens, seuls 57 % préfèrent la démocratie à toute autre forme de gouvernement, selon une autre étude réalisée en juillet.
Mais que diable veulent-ils faire dans cette galère ? Le politologue Thierry Chopin voit les sources de cette tendance dans leur anxiété croissante. Le désir de liberté passe au second plan derrière la sécuritésociale et économique, dans une forme de confusion entre autorité et autoritarisme. Le sentiment anti-élites pousserait aussi les jeunes vers ces leaders qui écoutent les « vraies gens ».
La jeunesse rechercherait ainsi un père de famille « XXL », protecteur et suffisamment viril pour faire peur à ses homologues. Un dictateur « cool » en somme, à la Nayib Bukele (président du Salvador), rassurant, beau gosse instagrammable et roi des réseaux sociaux, y compris de leurs capacités de manipulation.Ah, si jeunesse savait !
Trinquons !
La couche d’ozone est en voie de rétablissement, c’est à la fois une excellente nouvelle et un proof of concept inédit pour la coopération internationale sur l’écologie.
La persévérance paye. Un rapport de l’ONU affirme en effet que, après des décennies d’engagement, le trou dans la couche d’ozone diminue et que la barrière naturelle qu’elle constitue pour nous protéger des rayons ultraviolets du soleil devrait retrouver son état des années 1980 d’ici quelques décennies.
C’est une très belle avancée pour notre santé, avec moins de risques de cancers de la peau, de cataractes et même de dommages génétiques, ainsi que pour les écosystèmes.
Mais franchement, c’est avant tout une sacrée bonne nouvelle quant à notre capacité à relever, de manière coordonnée et contraignante, un défi environnemental : le Protocole de Montréal, signé en 1987, a permis l’élimination de plus de 99 % des substances destructrices de l’ozone !
Haut les cœurs, il reste encore 7 des 9 limites planétaires (dont le climat et la biodiversité) à ramener du bon côté de la frontière.
Alors, comme le disent les amateurs de pastis, trinquons à la couche d’eau jaune. (Hmm.)
Rerégler les règles
Après le dérèglement climatique, le dérèglement politique ?
C’est en tout cas le concept – étonnamment parlant quand on y pense – développé cette semaine par Hugo Micheron, docteur en sciences politiques, interrogé sur l’affaire Charlie Kirk.
Sa thèse ? Les affres politiques que nous connaissons actuellement ont des causes structurelles, liées à la transformation technologique qui traverse le monde depuis trente ans et s’accélère aujourd’hui.
Deux phénomènes se cumulent. D’un côté, notre espace informationnel est radicalement transformé alors que les jeunes ne s’informent plus que sur TikTok et que d’opaques algorithmes jouent le rôle de rédac' chefs que personne ne contrôle. De l’autre, il n’y a plus d’espaces culturels communs au sens large : non seulement ne partage-t-on plus les mêmes informations, mais c’est tout le rituel « debrief du téléfilm de la veille à la machine à café » qui a disparu, la faute aux Covid, réseaux et autres plateformes.
Le résultat ? Un monde dans lequel on fantasme ses ennemis plus qu’on ne les affronte, en dehors de l’arène démocratique plutôt qu’en son sein. La solution ? Essentiellement une reprise de contrôle des algorithmes hors-la-loi qui nous gouvernent.Ah ça ira, ça ira, les algorithmes, on les aura.
Les yeux dans les phares
Les logiques géopolitiques dominent désormais les dynamiques économiques. Comment réagissent les dirigeants d’entreprise ?
Le premier baromètre de l’Institut Géopolitique et Business de l’ESSEC etOpinionway confirme une véritable prise de conscience et installation durable du risque géopolitique dans les esprits mais dans les faits, une piètre prise en compte. 97 % des dirigeants ont subi les effets de chocs géopolitiques, mais 4 % seulement ont le sentiment de les avoir bien intégrés à leurs stratégies. D’autres sont inquiets (35 %) et / ou se sentent impuissants (27 %).
Les différents risques sont identifiés, prédation américaine, agression russe, emprise chinoise, moins bien évalués dans le détail de leurs effets et de fait, très mal anticipés. Les entreprises se reposent pour la plupart, vaguement angoissées, sur un pilotage politique exogène.
Attentistes, les dirigeants ? 49 % prévoient de mieux intégrer ce risque ces trois prochaines années. Des solutions existent en effet : renforcer les compétences internes, créer une direction exécutive dédiée à l’anticipation, se doter de méthodologies prospectives.
Dans ce cadre, Kéa organise pour les dirigeants, avec la FMES (Fondation Méditerranéenne d’Études Stratégiques), Suprématie 2050 : un « Geo-strategic Game », pour anticiper les grands mouvements géopolitiques à venir et se former.Rendez-vous le 6 novembre.
Et ils vécurent heureux…
Mais n’eurent pas beaucoup d’enfants. Pourquoi donc ? L’Ined nous l’explique.
D’abord, la baisse de la fécondité française sera durable. En dix ans, l’indice est passé de 2,0 à 1,6 enfants par femme, avec une pérennisation du modèle de la famille à 2 enfants, désormais limite haute là où il constituait auparavant le minimum.
Deux facteurs dominent. D’abord, l’inquiétude pour l’avenir : les personnes très inquiètes pour les générations futures souhaitent moins d’enfants (- 0,11). Si le climat et la démocratie jouent, ce n’est pas le cas de la crainte des crises économiques, vécues comme des évènements conjoncturels.
Ensuite, les adultes aux conceptions de genre plus égalitaires affichent des intentions de fécondité plus faibles. Les femmes, en particulier, semblent anticiper plus concrètement la charge personnelle liée aux enfants.
Chute de la fécondité par choix ou contrainte ? Dans Les Balançoires vides, l’économiste Maxime Sbaihi montre qu’en France les childfree, les personnes qui ne souhaitent pas d’enfant « par principe», sont très minoritaires parmi les childless (personnes sans enfants). Autrement dit, l’enjeu n’est pas de stimuler le désir d’enfant, maisd’en permettre la réalisation.
Comme le rappelle l’économiste, il n’y a qu’en français que les contes finissent par : et ils vécurent heureux « et eurent beaucoup d’enfants ».
[N. B. : Les Allemands disent : « Et s’ils ne sont pas morts, ils vivent encore aujourd’hui ». Haut les cœurs, les Teutons.]
Les associés de Kéa
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