En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine de rentrée pour les uns, de sortie probable pour les autres, les associés de Kéa s’accrochent à leur poste… et à leurs lecteurs et vous proposent le décryptage des faits suivants :
Should i pay or should i go?
Qui qui va payer et qui qui va partir ?Dans le feuilleton de la dette, le premier rôle revient à la "taxe Zucman". Levier de recettes fiscales contre risque d’exil, chacun son camp.
Le Conseil d’Analyse Économique (rattaché à Matignon) tranche sur l’exil : effets réels mais marginaux. Une taxe rapportant 4 milliards d’euros de recettes fiscales entrainerait l’expatriation de 0,12 % à 1,2 % des hauts patrimoines, une baisse de croissance de 0,05 % et un recul de l’emploi de 0,04 %.
Mais l’exil n’est pas tout. L’institution indique qu’il existe un autre risque important pour l’État : celui de l’optimisation fiscale de ceux qui restent. Ses mécanismes élaborés – peu étudiés en France – ont, par exemple en Suède, un effet négatif 2,5 fois plus important que celui de l’exil lors de l’introduction d’une taxe sur le patrimoine.
Bon, alors, efficace, la taxe ou pas ? Pour les économistes Natacha Valla (Sciences Po) et Éric Heyer (OFCE-Sciences Po), plus que la dette et le déficit, c’estla vision qui compte. Seul le projet proposé est capable de convaincre les investisseurs d'acheter notre dette et de convaincre les citoyens, y compris les mieux dotés, d’accompagner l'effort national. Or, construire une vision pour l’économie française est précisément le défi à relever pour nos gouvernements. Partir un jouuuuuuuur….
Allez tous vous faire… consulter !
Au cas où vous ne le sauriez pas encore – mais a priori si, puisque vous lisez ces lignes – le conseil en stratégie est profitable aux entreprises.Surtout si vous voulez devenir un best in class.
C'est une étude menée par 3 économistes, peer-reviewed, publiée par le NBER, reprise par les Echos (que nous n’avons pas conseillés), qui le confirme. Les entreprises ayant fait appel au consulting sont plus performantes à moyen terme (+3,6 % sur 5 ans), les salaires de leurs employés augmentent (de +2,7 % en moyenne) et cela, sans restructuring de la masse salariale (ou peu). Les mauvaises langues railleront que l’étude a été menée… en Belgique. Une bonne blague ? Non. C’est très sérieux.
Certes, les consultants sont adeptes d’un jargon confusant, experts en powerpoint, organisateurs compulsifs de confcalls et de debrief et spécialistes de la lecture de votre montre pour vous donner l'heure… mais l’étude confirme qu’au-delà des préjugés, ils sont clés.Vous voulez notre 06 ?
Mieux vaut vieux
On n’a pas tous les jours 20 ans… Et c’est peut-être mieux comme ça. 3 maux accablent en effet les jeunes.
D’abord, l’âme torturée.1 jeune de 15-29 ans sur 4 est en dépression, nous dit l’Institut Montaigne. L’ampleur du phénomène a doublé depuis 2017 ! Le fléau des réseaux sociaux est en partie responsable : on compte 2 fois plus de déprimés parmi ceux qui les utilisent entre 3 et 5 heures par jour que dans le groupe de ceux qui les utilisent moins de 1 heure (29 % contre 15 %).
Deuxième responsable : le grand remplacement. Par l’IA. Une étude de Stanford montre que les jeunes constituent le groupe de population qui sera remplacé le plus tôt. Aux États-Unis, les 22-25 ans auraient déjà perdu 13 % des jobs "exposés à l'IA" (développeur, service client etc.).
Dernier responsable, la gérontocratie. La moitié de la population mondiale est aujourd’hui dirigée par des hommes de plus de 69 ans. Trump, Xi Jinping, Modi, Poutine, Erdogan, Netanyahou… sont des « vieillards » pressés qui souhaitent « laisser une trace dans l’histoire » sans avoir le temps de pâtir des conséquences de leur politique.Papa, Maman, quand je serai grand, je veux devenir vieux.
Les limites d'une amitié sans limites
Xi-Poutine, BFF ou pas ?La mise en scène spectaculaire de la nouvelle amitié entre la Russie et la Chine cache mal ses contradictions.
Messieurs Xi et Poutine se sont rencontrés 50 fois et s'offrent des défilés militaires grandioses. Les échanges entre les 2 pays ontdoublé depuis 2020. Les deux dictateurs critiquent de concert un Occident qui n'existe plus qu‘à leurs yeux et qu’ils accusent de brider leurs ambitions.
Cependant, les Russes redoutent une vassalisation d'autant plus cruelle qu’elle inverse une traditionnelle domination. L'accord du 4 février 2022 entre les 2 pays, qui scellait leur amitié n’est d’ailleurs pas un traité d’alliance mais l'expression d'une prudente neutralité chinoise vis-à-vis de la Russie. Les échanges très inégaux (énergie et matières premières contre biens industriels) ont atteint 245 milliards de dollars en 2024, soit la moitié des échanges de la Chine avec les États-Unis et le tiers de ses échanges avec l'Europe. En outre, le PIB de la Chine est 10 fois supérieur à celui de la Russie alors que les investissements chinois en Russie diminuent depuis 2023 pour éviter le risque de sanctions.
Alors, c’est Xi le patron ?
Abondance, on abonde ?
Reparler d’abondance pour renouer avec sa base électorale, c’est le nouveau pari du parti démocrate américain.
Née en Californie et empruntée à la tech, cette idée d’abondance se veut opposée à celle de décroissance qui plombe les États-Unis avec son principe de précaution et ses réglementations à rallonge, et les aurait menés à la crise du logement, à la vie chère, et à la montée du populisme.
L’heure est donc venue pour la gauche modérée d’embrasser le chemin de l’optimisme radical et de renouer avec le rêve américain des routes et des ponts. Le credo de ce mouvement constitué en un groupe bipartisan au Parlement américain, "Build America", surnommé "Caucus Abundance" : aller plus vite, développer, produire plus, construire plus (surtout).
Si, après cet été entre canicules et tempêtes, ce projet vous laisse dubitatifs, on ne vous jette pas la pierre de taille. Et en même temps, trouver une martingale positive pour renouer avec les classes moyennes, c’est sexy. D’ailleurs, l’ONU et l’OCDE expliquent que des politiques climatiques permettant de relancer l’économie, c’est possible. À la clé: unbonus de 13 % de PIB à l’horizon 2100, à condition de remobiliser vers la transition le trépied finances publiques, énergie (énergies renouvelables, solutions de sobriété énergétique) et bâtiment (rénovation thermique).Quand le bâtiment va, tout va !
Les associés de Kéa
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