En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine d’austérité budgétaire, les associés de Kéa ne s’épargnent pas et ne font pas l’économie du décryptage des faits suivants :
Managers, prière d'écouter
Gérer le fait religieux en entreprise relève (aussi) de la compétence des managers.Le professeur de sciences de gestion Lionel Honoré nous aide à lever le voile sur ce tabou dans son livre Manager la religion au travail, nommé au prix Penser le travail en 2024 (à ajouter à votre Bible-iothèque).
L’affirmation de l’identité religieuse serait de plus en plus considérée comme un droit et le phénomène prendrait de l’ampleur : 2 entreprises sur 3 étaient concernées en 2023 contre 1 sur 4 en 2013, en particulier dans les grandes métropoles et en Ile-de-France. (God is the new pause clope !)
L’auteur montre que le fait religieux est féminin et masculin, mais que « les problématiques sont davantage l’objet d’hommes[on s’étonne !], en particulier les hommes jeunes et peu qualifiés ». Selon l’étude, ils seraient davantage dans une logique collective, avec un risque, du coup, de dérive communautaire. Pour éviter les décisions à Torah-travers, le sujet doit être porté au niveau des politiques d’entreprise, pour ne pas laisser les managers de proximité s’en débrouiller seuls.
Entre discrimination et stigmatisation de certaines religions d’un côté et dérives communautaires de l’autre, la ligne de crête est étroite. La croix et la bannière !!
The cocoon network
20 ans après leur explosion, l’usage des réseaux sociaux se transforme.Les réseaux évoluent de plateforme d’exposition de soi où l’on montrait sa vie à tous et sans filtre, à des bulles désormais réduites à des échanges au sein de groupes confidentiels et messageries privées.
Un « cozyweb » composé de boucles d’amis, affinitaires ou politiques, des cocons chauds sans risques de contradiction ou de publication extra-visible (exploitation de données, impacts sur la vie professionnelle, harcèlement).
Autre transformation majeure, l’usage purement récréatif et passif qui en est fait, chaque utilisateur se perdant dans une consommation à l’infini de contenus choisis par des algorithmes – qui fait passer le réseau social de moyen de connexion aux autres, à divertissement individuel.
Quelle portée ont ces nouveaux usages ? Si on peut se réjouir de la fin de « l’extimité », allons-nous noustransformer en tiktokers isolés, addicts à nous-mêmes et aux vidéos de chats ? Euh… c’est trop tard.
Le Care au carré
Combien cela coûte-t-il d’oublier les aidants ?31 milliards d’euros : entre arrêts maladie, baisse de la productivité et absentéisme, le coût caché de l’aidance informelle pour les entreprises chaque année selon l’économiste Nathalie Chusseau. (La moitié de l’ardoise à M’sieur Barnier, bam.)
Selon les données publiques, un Français sur cinq est aujourd’hui aidant et la moitié seulement d’entre eux le déclare. Uneproblématique de santé – physique et mentale – pour les personnes concernées, évidemment, mais aussi un enjeu de vision de société et de profonde transformation économique à opérer.
Rappelons-le : le « care » représente déjà plus de 600 Mds d’euros annuels, soit 27 % de l’économie française. Il s’agirait, d’une part, pour les personnes souhaitant s’occuper de leurs proches, de remodeler l’organisation du travail pour leur offrir un équilibre tout en permettant aux entreprises de bénéficier des précieuses compétences (soft skills) qu’ils développent. Et, d’autre part, d’organiser le secteur pour « formaliser » une partie importante de l’aidance. Aider l’aidance, c’est la kiffance.
Les Nouveaux Eldorados
A 2200$ l'once, le cours de l’or bat tous les records. Plus globalement, l’extraction de métaux a été multipliée par deux, en volume, en 20 ans. Deux nouvelles ruées !
D’un côté, on pensait l’or déclassé, mais sa valeur refuge est increvable. L'offre mondiale est limitée. La demande des banques centrales et des particuliers fait donc exploser les cours.
De l’autre, la transition climatique repose sur l’extraction d’une quantité sans précédent de métaux rares (cobalt) ou plus communs (cuivre). Cette industrie est très polluante, peu médiatisée, et les ravages qu’elle produit sont mis en lumière par la journaliste et militante Célia Izoard, dans son livre La Ruée minière au XXIe siècle.
La singularité de ce double boom est qu'il émane du Sud global. La Banque centrale de Chine ne cesse d’augmenter ses réserves d'or, comme le font la Russie, l'Inde, la Turquie… pour se défaire de l’emprise du dollar. La concurrence fait rage partout pour le contrôle des métaux.Pétrole, métaux, d’une addiction l’autre…
Imagine the future, for good !
Le dernier MOOC de Futuribles convoque la nécessaire construction d'un imaginaire positif pour 2050. Denise Baden, professeure d’économie durable à l’Université de Southampton, a montré à quel point les imaginaires positifs sont plus mobilisateurs que les scénarios catastrophistes.
Les premiers modules de ce cours en ligne, très méthodique, expliquent comment notre imaginaire « naturaliste » selon Descola – culture et société contre nature – induit une crise de nos relations au vivant, un système de domination qui a conduit à l'impasse.
La zone entre le cercle des limites planétaires et celui des planchers sociaux, éducation, santé, etc. dessine le champ des imaginaires positifs, selon la théorie imagée du Donut de Kate Raworth. Le changement d'imaginaire accompagne le changement de conduites et de politiques.
Construire de nouveaux récits, les rituels qui les accompagnent, les lieux où ils se matérialisent, est l'affaire de chacun d'entre nous, pour un monde souhaitable en 2050. C’est ce à quoi nous essayons de contribuer chaque semaine. Si vous êtes arrivés jusqu’à cette ligne, c’est qu’on a réussi, sur ce coup. Bisous Poutous Cœur Cœur Love.
Bon week-end, Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Pierre Girard, Mathieu Noguès, Chloé Secnazi, Romain Thievenaz Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart,Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro : Thibaut Cournarie,Oualid Essaid, Carine Lesigne, Irène Miquel, Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay, Paul Puechbroussou, Jérémie Viel
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.