En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chers lecteurs,
En cette semaine de deuil dans les cabinets de conseil, après le décès du créateur de power point, les associés de Kéa réussissent tout de même à communiquer et vous proposent le décryptage des faits suivants :
Elève France, pas si mal.
Il est des bonnes nouvelles que l’on aime partager, tout autant qu’une victoire au rugby en ouverture de la coupe du monde : c’est le très bon positionnement des entreprises françaises qui occupent la 5ème place du classement mondial en matière de RSE. Que l’on parle de critères environnementaux, de conditions de travail, d’éthique des affaires ou d’achats responsables, seuls les pays nordiques remportent la mêlée face aux Français. Autre bonne nouvelle : 11 pays « riches » (l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, la France, la Grande-Bretagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suède) ont réussi à découpler la croissance de leur PIB et le niveau de leurs émissions de CO2. Il reste à trouver comment accélérer le rythme de ces transformations, car d’après l’étude parue dans The Lancet, il faudrait en moyenne 230 ans pour atteindre les objectifs promis pour… 2030. Bref, l’élève France est assez bon, mais dans une très mauvaise classe.
Fusion du Futur
D’un côté l'urgence de la décarbonation a redonné ses lettres de noblesse au nucléaire, de l'autre, les progrès récents des technologies de fusion (percée technologique majeure !) arrivent à point nommé pour renouveler ses perspectives à long terme. La fusion de deux atomes légers pour en produire un lourd, c'est l'atome sans Tchernobyl ou Bure, c’est une énergie décarbonée sans déchet, ni danger (et même l’Allemagne s’y met). On en rêve ! Mais ce rêve n’est pas pour tout de suite. Malgré l'accélération des investissements et la multiplication des start-ups côtoyant de lourds projets internationaux (comme ITER à Cadarache), l’innovation est sans perspective d’application industrielle avant la fin du XXIème siècle ! Espérons que ce soudain engouement se traduira par une accélération de la montée en puissance et ne restera pas qu’un moyen de contourner les difficultés de la Transition. Si cela ne va pas plus vite, on pourra toujours aller se réfugier sur Mars, où le petit robot Persévérance a réussi à transformer le dioxyde de carbone en oxygène.
Les copains d'abord
L’économie mondiale poursuit sa métamorphose et affiche un nouveau mot d’ordre : le friend-shoring. Loin de l’idéal de la mondialisation heureuse du XXème siècle, les chaines de valeur se recomposent au sein de blocs alliés, comme le souligne le centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii). Voilà une question fondamentale : qui sont nos alliés ? Avec le retour de l’Etat, les économistes se font géopoliticiens et vont chercher des coopérations parfois selon des critères de proximité géographique et idéologique, parfois en cherchant des complémentarités. Les Américains sont les pionniers et l’archétype de cette démarche : en s’éloignant de la Chine – le « derisking » – ils se recentrent tout en gardant une main tendue vers l’Asie du Sud-Est au nom d’un « friend-shoring [qui] n’est pas réservé à un club exclusif ». Oxymore ? Qu’à cela ne tienne, le friend-shoring devrait soutenir la réindustrialisation mais c’est peut-être une mauvaise nouvelle pour le climat, si cela ralentit la diffusion des innovations vertes. En témoignent les réactions canadiennes et européennes à l’IRA : les Américains nous excluraient-ils de leur club ? Nos copains d’avant seront-ils nos copains d’après ?
USA vs Google : match de catch ?
Alors qu’a commencé le procès fédéral de Google, qui détient un quasi-monopole avec son moteur de recherche, peut-on vraiment penser qu’il servira à quelque chose ? Le Sherman antitrust Act de 1890 contre les Robber barons de jadis a permis le démantèlement de la Standard Oil de Rockefeller et d'American Tobacco en 1911. Cependant, mise à part la condamnation d’Apple en 2013, les procédures contre la Big tech ont toutes échoué (contre IBM en 1982 et contre Microsoft en 2002). Lina Kahn, la jeune présidente de la Federal Trade Commission essuie échec sur échec. Le juge a ainsi abandonné le volet publicitaire de l'action contre Google. Le Congrès ne veut pas renforcer l'arsenal juridique antitrust. En pleine guerre technologique et commerciale contre la Chine, l'heure n'est en effet pas à désarmer les secteurs stratégiques. Le cours de l’action d’Alphabet, maison mère de Google, a gagné 50 % depuis janvier. Google vs USA ? Le match est truqué, Google = USA.
Tu as trois vœux mon ami
Alors que l’IA Gen crève désormais l(es) écran(s), le monde de l’entreprise commence à s’interroger sur la meilleure façon d’apprivoiser ce énième génie technologique. Si l’actualité en matière d’IA générative a été aussi chaude que les plages du sud lors de la pause estivale (sortie de l’offre IA–G par tous les grands acteurs technologiques, création du futur champion européen, insertion de ChatGPT dans Bing), l’heure est à présent aux questions qui tuent (et peuvent fâcher) le monde économique et les entreprises : quel modèle de viabilité économique pour l’IA-G ? Quelle formation à ces outils en apparence très intuitifs qui impliquent pourtant, pour être performants, un effort continu d’apprentissage (c’est vrai pour l’IA elle-même) ? Et enfin, comme l’a souligné de manière fracassante Yann Lecun cet été, pointant une impasse technologique majeure, quand commencerons-nous à nous soucier du sens qui est derrière la technologie, alors que les IA actuelles ne maitrisent pas la symbolique de leurs actions – la compréhension de ce qu’elles font, de leur environnement, du monde ? Le Génie est sorti de sa lampe, alors, amis dirigeants, faites appel à votre bon sens pour bien choisir trois vœux.
NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes de Kéa Bonne lecture,
Les associés de Kéa
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1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable