En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine difficile pour la paix, les associés de Kéa ont une pensée pour tous ceux qui vivent sous les bombes et continuent à décrypter pour vous les faits suivants :
Le trèfle à quatre billets
L’argent ne fait pas (forcément) le bonheur des politiques publiques.À l’heure où la France se prépare à affronter un iceberg de déficit et de dette, l’Irlande ne sait pas quoi faire de son excédent budgétaire. Son système fiscal « compétitif » lui a permis d’accumuler les euros des multinationales américaines (8 milliards par an) et, avec la condamnation d’Apple par la commission européenne, le gouvernement irlandais devrait recevoir en plus des arriérés d’impôt de 14 milliards d’euros.
Mais outre-Manche, les débats font rage sur les politiques publiques à associer à une telle manne. Alors que la population demande un investissement dans les services publics et les logements, l’Irish Fiscal Advisory Council (IFAC) défend la prudence. Le risque serait de porter l’économie au-dessus de son niveau de plein emploi, entraînant surchauffe et inflation.
Ne les laissons pas tomber,être un pays riche, tu sais c’est pas si facile… oui, mais l’Europe mériterait bien un peu de ruissellement !
D'amour et d'eau tiède
Plus les revenus d’une femme dépassent ceux de son compagnon, plus le risque de séparation augmente. C’est ce que révèle une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) menée en France entre 2011 et 2017, dont les résultats sont parus cette semaine.
Les couples dont les revenus sont égaux n’ont pas une tendance si forte à la rupture. Ce n’est donc pas, comme on le dit souvent, l’indépendance financière des femmes qui menace le couple. La principale explication des chercheurs est plutôt le caractère hors norme de ces couples qui entraînerait une difficulté à assumer socialement la situation. Précisons, pour comprendre ces résultats, que dans 49,3 % des cas (contre 13,7 % pour la femme) les revenus sont principalement apportés par l'homme. C’est donc une extrême majorité.
En attendant, on ne peut manquer de faire le lien avec la propension qu’ont les femmes éligibles à des postes à hautes responsabilitésà les décliner. Pierre Bourdieu disait de la jupe, qui entrave les gestes de la femme, que c’était un corset invisible, une sorte de pense-bête. Femmes, décorsetez-vous !
Pauvre France, si cher pays de mon enfance
Les raisins de la colère sociale française ne viendraient pas du niveau de pouvoir d’achat des Français, mais de leur taux de pauvreté. Voilà le problème que soulève Pierre-André Buigues, qui montre que le niveau de pouvoir d’achat en France reste correctdansl’ensemble, tant à son niveau actuel (en-dessous de celui des Allemands mais au-dessus des Italiens et des Espagnols) qu’en dynamique (+20 % en France comme en Allemagne entre 2015 et 2022).
Selon lui, c’est lorsqu’on regarde le taux de pauvreté (1 236 €/mois) que le bât blesse, un taux qui augmente de 13,6 % à 15,4 % depuis 2015 alors qu’il baisse de plusieurs points chez nos voisins…
Publics les plus exposés : les chômeurs et familles nombreuses, victimes du retrait de l’Etat. Le gouvernement (gauchiste !?) de Michel Barnier annonce qu’il prendra aux riches, mais serait-ce pour donner aux pauvres ?
Mini mini mini
Tout sera mini dans notre vie.L’essordes nanotechnologies est invisible et spectaculaire (+17 % par an). Gageons qu'après le verdissement du nucléaire, elles seront les prochaines à passer du bon côté de la force tant elles apparaissent comme une ressource verte du futur.
Le nanomètre (0,0000001 cm) inquiète par sa petite taille. Trop souvent assimilés aux perturbateurs endocriniens, les nanomatériaux sont déjà massivement utilisés dans les voitures électriques, la cosmétique, l'agroalimentaire, la santé. Plus réactifs, plus catalyseurs, plus conducteurs, endurants et fusionnables, leur usage est multiplié par l’accélération de l’IA.
La star du moment est le graphène, popularisé par Le problème à 3 corps, une seule couche d’atomes de carbone, 200 fois plus résistant que l'acier, une ressource prometteuse, durable et à très faible impact environnemental.La France est bien placée, ne boudons pas ce menu plaisir !
Mignon ou filet mignon ?
Nos sociétés modernes ont perdu le lien avec le vivant. C’est la thèse que développe Charles Stépanoff dans son nouvel ouvrage « Attachements ». Il y distingue deux types de relations : les « réseaux denses », dans lesquels les sociétés entretiennent des liens proches et diversifiés avec de nombreuses espèces (comme les peuples de Sibérie qu’il a étudiés) et les « réseaux étalés », dans lesquels les interactions avec le vivant se limitent à croiser des pigeons en ville (et leur donner des coups d’pied pour de faux).
Selon l’anthropologue, les sociétés modernes ont construit un mur opaque entre les lieux de vie et les zones d'approvisionnement, entraînant une diminution des interactions directes avec la nature. L’animal est alors soit animal de compagnie (« animal-enfant »), soit animal de production (« animal-matière »), permettant ainsi de déléguer et cacher la violence inhérente à l'exploitation animale.
Charles Stépanoff nous invite à repenser nos relations avec le vivant, en s’inspirant d’autres cultures, nomades ou paysannes, dans lesquelles les interactions sont davantage tournées vers l’échange que vers la domination, avec plus d’éthique et sans contradiction morale. Une voie vers des modes de vie plus résilients et écologiquement viables. Alors dites-nous : le lapin, animal-enfant ou animal-matière ?
Bonne lecture, Les associés de Kéa
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Rédacteurs :Jean Gaboriau, Pierre Girard, Mathieu Noguès, Jérémie Viel Secrétaires de rédaction : Irène Miquel, Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro : Thibaut Cournarie, Marie Guilbart, Oualid Essaid, Carine Lesigne, Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay, Paul Puechbroussou,Romain Thievenaz
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.