En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine de 100e numéro de notre bulletin, les associés de Kéa ont toujours l’ambition de continuer d’éclairer pour vous l’actualité,joyeusement mais sans désinvolture… et vous remercient de votre fidélité renouvelée !
Pas d’amour sans preuve
Coup de théâtre : contre toute attente, étant donné le contexte politique, l’immigration est mieux acceptée aujourd’hui qu’il y a 30 ans. Même si, depuis 1 an, les chiffres se dégradent sensiblement. C’est ce que démontrent à la fois Vincent Tiberj, chercheur au Centre Emile Durkheim, et le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) publié hier. L’idée selon laquelle, par exemple, l’immigration est une source d’enrichissement culturel est passée de 44 % en 1992 à 76 % en 2022.
D’où vient ce décalage entre le citoyen et l’électeur ? L’abstention, d’abord, biaise fortement le vote et représente les plus politisés voire les plus radicaux et moins les plus jeunes, souvent plus favorables à l’immigration. Ensuite et surtout, la « politisation des valeurs » explique le reste, soitla percée d’une thématique marquée dans les campagnes électorales (ex : l’immigration), couplée à la propension des électeurs à choisir en priorité l’offre qui représentera le mieux leurs vues sur le sujet en question.
Le résultat d’une élection n’est donc pas une retranscription parfaite de l’état des consciences d’un pays.Bon, et en même temps, tous ces bons sentiments citoyens, ça nous fait une belle jambe. Celui qui a le pouvoir, c’est l’électeur !
La femme invisible
Non seulement, à emploi et diplômes égaux, les femmes gagnent moins que les hommes, ont moins de pouvoir et de perspectives, mais elles subissent une pénibilité supplémentaire invisible.
Cela est vrai dans tous les secteurs, du travail répétitif dans l'industrie et les services de soin, à l'enseignement ou la recherche. Le nombre d’accidents du travail a diminué de 27 % depuis 2001 pour les hommes mais augmenté de 41 % pour les femmes. La législation du travail, de même que la récente réforme des retraites, n'intègrent pas le genre.
Plusieurs travaux publiés cette semaine montrent qu’un travail répétitif et contrôlé génère l'abstention électorale et qu’un travail contraint ou à horaires décalés génère un vote RN. Les sondeurs soulignent que les progrès du RN proviennent essentiellement de ses scores en augmentation dans l’électorat féminin. CQFD : le monde du travail est bien partie intégrante de la vie démocratique !
Trop bien, trop plein
L’argent ne fait plus le bonheur… au-delà d’un certain seuil. Preuve qu’il est possible d’être rassasié de tout, l’adage est encore confirmé par un rapport de l’Insee qui s’appuie sur 5 enquêtes de terrain. Pour les Français, le seuil de satiété se situerait autour de 30 000 euros annuels (par unité de consommation), avec des écarts constatés en fonction du lieu de vie ou de la situation familiale, par exemple.
Au-delà de ce seuil, tout revenu supplémentaire n’augmente pas la satisfaction de vie. La sempiternelle question des sciences économiques sociales (cf. le Paradoxe d’Easterlin) : ce qui compte le plus est d’être plus riche que son voisin, est relativisée dans les résultats de l’étude, où d’autres marqueurs sociaux apparaissent plus importants que le revenu lui-même.
Et pour la famille ? Les enfants agissent comme des soleils dans la vie de leurs parents et permettent d’être heureux à un seuil de revenu légèrement moindre. Vous savez ce qu’il vous reste à faire…
La prochaine étape décisive doit être l'arrêt des investissements dans les énergies fossiles, qui pèsent encore 80 % sur l’ensemble du mix, devenues l'obstacle majeur au respect des engagements de l'Accord de Paris.
C'est à ce moment précis et réjouissant que l’on évoque sérieusement, dans notre étrange pays, un moratoire sur les renouvelables et le démantèlement des éoliennes. Une menace sur les 22 000 emplois de l'éolien et les 16 000 emplois du solaire, une incertitude pour le secteur entier des nouvelles énergies qui a déjà souffert d’un manque de développement continu.Parce qu’elles gâcheraient le paysage… comme jadis les moulins à vent, le chemin de fer, et la tour Eiffel…
Le ciel nous est tombé sur la tête -L’œil du sondeur par Bruno Jeanbart
Le 9 juin, les sondeurs pensaient partir en vacances et le 10 juin ils entamaient un trekking de 3 semaines dans les méandres d’une campagne électorale éclair. Car ils ont dû, en quelques jours seulement, réaliser un travail de plusieurs mois pour construire des modèles statistiques, mais aussi pour analyser les données avec suffisamment de recul. Et le temps a manqué.
Plusieurs obstacles se sont dressés sur leur chemin : il a fallu traiter les 4 000 candidatures aux élections législatives publiées il y a 12 jours, prendre en compte un taux de participation toujours plus mouvant qui peut faire varier le nombre de triangulaires (8 en 2022 et jusqu’à 300 possibles en 2024 !), et prédire des comportements de « barrage » qui n’ont plus rien d’automatique.
Les prévisions donnent bien sûr une tendance : le Rassemblement National bénéficie d’une dynamique positive et la perspective d’un pays ingouvernable est réelle. Mais, pour le reste, il est extrêmement difficile de prévoir la couleur des sièges à l’issue du second tour. La seule boule de cristal est donc dans l’urne.
Bonne lecture, Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Jean Gaboriau, Pierre Girard, Chloé Secnazi, Romain Thievenaz
Secrétaires de rédaction :Marie Guilbart, Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro : Thibaut Cournarie, Oualid Essaid, Carine Lesigne, Irène Miquel,Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay, Paul Puechbroussou
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.