En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine d’interdiction des polluants éternels, les associés de Kéa ne polluent pas votre boîte mail d’un énième message éphémère mais décryptent pour vous les faits suivants :
La revanche du Doubitchou
La fermentation et le moisi ont le vent en poupe et c’est (aussi) le résultat de notre changement de regard sur le monde.
Car, bonne nouvelle : le pourri a parfois du bon. Après des siècles d’hygiénisme, la prise de conscience que le corps humain contient environ autant de bactéries, potentiellement bénéfiques, que de cellules, questionne notre rapport au moisi.
La philosophe et journaliste Anne-Sophie Moreau analyse cette passion grandissante qui se diffuse. Il y a les bobos, bien sûr, avec leur kombucha, les néo-ruraux qui fabriquent leur pain au levain, mais aussi la foodtech qui tente de mettre au point de la viande cultivée à partir de bactéries, ou encore la NASA qui s’inspire de la myco-architecture pour concevoir des bâtiments sur Mars.
Pourquoi une telle fascination ? L’autrice explore les causes philosophiques de cette révolution post-pasteurienne. La fin de l’abondance pousserait l’Homme à réintégrer la nature, l’obligeant à compter sur elle pour assurer sa survie, en faisant fermenter ses légumes dans des bocaux, par exemple. Nos sociétés vieillissantes, angoissées par l’effondrement, seraient aussi tentées de conjurer la mort en « maîtrisant la dégénérescence » pour donner davantage de valeur à ce qui pourrit, comme alternative au déploiement de machines immortelles.
Serait-ce un nouveau manifeste politique ? Roulé sous les aisselles, évidemment.
La confiance Règne
Le grand désarroi démocratique des Français est chaque année plus profond.
24 % d’entre nous font confiance à l'Assemblée, 23 % au Président et seulement 16 % aux partis. Au total, 26 % seulement croient encore en la politique, contre 47 % des Allemands et 39 % des Italiens. Pas si étonnant, car une enquête du Monde diagnostique le surmenage de nos institutions. Les 49.3, 47.1, 44.2 et autres numéros s’accumulent et sonnent pour les Français comme autant de coups portés à la démocratie, malgré leur caractère constitutionnel.
Pour Steven Levitsky et Daniel Ziblatt (La Mort des démocraties), professeurs de sciences politiques à Harvard, ce manque de « retenue institutionnelle » des gouvernants met en péril la confiance que les citoyens placent en eux. Et le politiste Olivier Rosenberg complète : les mouvements d’opposition, poussés à des comportements erratiques par un contexte politique incertain, refusent en outre de jouer le jeu parlementaire.
Tout cela conduit à considérer le Parlement comme source d’inefficacité et augmente l’attractivité des discours autoritaires et populistes. Bilan : 73 % des Français souhaitent un « vrai chef pour remettre de l’ordre ».
En plus d’une contribution majeure aux objectifs de développement durable, reconnue par l’ONU en ce début d’année, elles disposent d’atouts singuliers, en particulier face aux crises. Pendant celle du Covid-19, elles ont par exemple mieux réorienté leurs activités et mieux protégé leurs salariés. Car dans les coopératives, ceux qui prennent les décisions sont aussi ceux qui les vivent. La stratégie prend alors des airs de « démarche utilisateur », gage de réactivité. En faisant valoir leurs besoins, les membres garantissent la construction d’un modèle démocratique et durable.
C’est ainsi que les coops, tout en intégrant des objectifs de rentabilité économique, produisent des principes de gouvernance démocratique et que, tout en opérant dans des environnements globalisés, elles restent en prise avec leur environnement local. Pour fonctionner, elles doivent cependant parvenir à aligner des intérêts parfois divergents, pour éviter la dégénérescence coopérative (conflits d’intérêts, comportements opportunistes, etc.) ce qui n’est pas toujours aisé. 2025, année internationale des coopératives pour l’ONU.
Il n’est pas trop tard pour leur adresser nos vœux !
Enfin seuls !
Le réveil européen a-t-il finalement sonné, se heurtant à la réalité d’un retrait américain rapide et brutal ?
Car si les attaques contre l’OTAN et la volonté des États-Unis de ne plus protéger l’Europe ne datent pas d’hier, les dirigeants européens semblent enfin prendre conscience de l’urgence d’établir notre autonomie militaire et politique. Les signaux de l’union sont là : le Royaume-Uni réintègre les discussions, la Commission européenne lève les contraintes de budget, l’Italie resserre ses liens avec l’Europe.
Certes, il faudra faire « avec de l'argent que nous n'avons pas et un temps qui nous est compté », ironise Bernard Guetta. Il faudra consolider cette unité fragile qui a gardé les stigmates des désunions sur la guerre d’Irak ou la faillite grecque et faire avec la montée des nationalismes européens qui pourraient la fragiliser. Mais l’optimisme est permis, voire requis selon Mario Draghi qui plaide pour étendre cette nouvelle coordination.
Les mauvaises manières de l'Oncle Sam pourraient bien redonner à l'Europe le courage d'une promesse renouvelée.
Notre ministre de l’Économie a choqué les dirigeants en posant cette question. Si le locataire de Bercy ne remet pas en cause la place des entreprises au cœur de l’économie, il questionne leur rôle dans une ère où elles risquent d’avoir besoin de protéines et de sucres lents plutôt que de sucres rapides uniquement.
Pour financer les transitions, l’économie a besoin d’investissements considérables et une grande part d’entre eux ne seront pas rentables. Alors, qui va payer ? Les politiques ne veulent pas sacrifier leur budget, les ménages refusent de perdre leur pouvoir d’achat et les entreprises comptent bien maintenir leur rentabilité. Bref : c’est le triangle de l’inaction.
Il faut donc modifier notre manière de compter et d’agir ! Marc Fleurbaey invite à redéfinir le rendement en passant du profit à la notion de « valeur pour [l’ensemble des] parties prenantes », qui intègre les externalités générées par les activités économiques. Bingo pour l’entreprise qui voit la rentabilité financière intégrée à l’équation, poursuit son développement, sécurise sa chaine de valeur, le tout en réintégrant de la stabilité dans la structure de l’économie. ET en créant de la valeur, des valeurs, pour l’économie et la société.
Pâtes, riz et pois chiche tous les jours, le régime des champions !
Les associés de Kéa
Vous appréciez ce bulletin ? N'hésitez pas à le partager autour de vous.
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro :Oualid Essaid, Jean Gaboriau, Carine Lesigne, Yves Pizay, Paul Puechbroussou, Stéphanie Nadjarian, Chloé Secnazi, Romain Thievenaz, Jérémie Viel
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.