En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chers lecteurs,
En cette semaine de COP28 à Dubaï, les associés de Kéa veulent croire aux mirages dans le désert, et vous rafraichissent avec le décryptage suivant :
Jeunes et entreprise : métier à tisser
Grande démission, nous dit-on ? Retrait des jeunes du marché du travail – Ah bon ? Epidémie de flemme ? Que nenni ! Peu adepte de la flemme et toujours à la recherche de solutions, Kéa publie une étude en partenariat avec la Chaire Futurs de l’Industrie et du Travail (FIT²) des Mines Paristech PSL, à partir d’une enquête menée par OpinionWay auprès de plus de 3 000 jeunes, pour vous éclairer sur cet enjeu essentiel et apporter des pistes d’action. Principal résultat : si les jeunes n’ont pas de problème avec le travail (86 % d’entre eux sont engagés dans leur travail), c’est le lien à l’entreprise qui est remis en cause. Pour y remédier, l’étude avance sept recommandations autour de trois grands axes : rebâtir du lien social en entreprise, ranimer les communs et ouvrir le jeu à de nouveaux modèles d’engagement et de réussite. Au fond, il s’agit de redonner ses lettres de noblesse à une culture française du travail pour retisser les liens entre les jeunes et l’entreprise. Vous travailliez ? Eh bien, tissez maintenant !
Au commencement des réseaux était l’ICANN, instance supranationale attribuant les noms de domaine et œuvrant pour un internet régulé en dehors des sphères politiques. Avec une gouvernance multipartite, elle doit notamment assurer l’interopérabilité mondiale du réseau. Mais rien n’est simple. La Chine, l’Iran ou encore la Russie mettent en place des systèmes de blocage du réseau. Quant à l’ICANN, elle est accusée d’être à la solde des Etats-Unis. Par extension, c’est aussi la liberté d’expression qui est en jeu. C’est donc naturellement que la Chine cherche à asseoir son contrepouvoir, que les Nations-Unies réfléchissent à un partage des forces plus équilibré et que l’un des fondateurs français d’Internet propose un modèle décentralisé où chacun pourrait acheter son nom de domaine. Le butin est de taille : la souveraineté numérique. Même si pour l’Europe, absente du débat, cela semble surtout devoir passer par un cloud européen, la certification cybersécurité des services cloud ou la régulation des acteurs sur son marché (Digital Markets Act). Européens : Yes, W’ICANN ?
Ça va moyen moins ?
L'inflation a accéléré le sentiment de déclassement d'une part croissante de la population. Au sein des classes moyennes, conglomérat de catégories, la part de ceux qui s’identifient à leur part inférieure a rapidement augmenté ces dernières années. Cette perception se nourrit de l'impact de l'inflation puisque la consommation reste le premier critère de positionnement dans l'imaginaire social. Nombreux dans ce groupe suppriment des postes de dépense, les invitations à dîner, des projets de vacances. Ils taillent aussi dans les dépenses essentielles de santé, notamment pour les soins dentaires. Le budget alimentaire est redevenu une variable d'ajustement. La traduction politique de ce sentiment de déclassement fait que l'impôt sur le revenu est considéré comme moins légitime. Le sentiment de payer beaucoup et d'être les « oubliés de la redistribution » nourrit un ressentiment contre les « assistés ». Et hop, voilà Marine et Jordan en embuscade.
Si vis pacem para bellum ?
Et si l’on avait une vraie stratégie industrielle de défense européenne ? La guerre en Ukraine a mis fin aux « dividendes de la paix » et les dépenses militaires mondiales s’envolent (elles dépassent pour la première fois en 2022 leur niveau de 1989, culminent naturellement sur le flanc est de l'Europe et plus généralement sur notre continent). On avoue, cela pose question, voire inquiète, même s’il s’agit d’un réarmement après une longue période de désarmement. En la matière, l’Europe semble sa pire ennemie, alors qu’elle ne peut pas garder l’arme au pied. Au moment où les exportations de la Russie s'effondrent, celles de la France connaissent un essor rapide mais sont entravées par la guerre interne que se livrent les Européens. Le gouvernement italien vient abusivement d’interdire le rachat de l’équipementier Microtecnica par le français Safran pour lui préférer l'américain Collins. Les Allemands se réarment aux Etats-Unis (sans doute sous l’effet du fameux article « F35 » de l’OTAN pointé du doigt en 2019 par l’ancienne ministre des armées Florence Parly), les Italiens s'allient aux Britanniques. Madame Van der Linden annonce aujourd’hui qu’elle en fera sa priorité. L’Union (Européenne) fait la force.
Un pas en avant, deux en arrière
L’Europe joue à un jeu dangereux en matière d’écologie. D’un côté, elle fait un sérieux bond en avant en inscrivant dans le droit pénal un synonyme du crime d’écocide. De l’autre, elle reporte, rejette ou dénature la plupart des textes clés du Pacte vert européen. Portée par des gouvernements venus de la droite et des droites extrêmes, l’Union a par exemple détruit le projet sur la restauration de la nature et rejeté le SUR (règlement sur les pesticides) – deux projets soutenus par de nombreux scientifiques. Cette lutte contre les politiques environnementales accompagne un optimisme en berne sur la question de concilier écologie et économie (seuls 51 % des Européens disent attendre des créations d'emploi de la transition vs 56 % en 2021) et, en France, des mouvements de procrastination politique sur des sujets tels que l’application de la norme CRSD aux petites et moyennes entreprises ou, plus anecdotiquement, la condamnation dela publicité de l'ADEME sur les « dévendeurs » par le ministre de l’économie. Après 30 ans d’avancée continue de l’Union Européenne face à la crise écologique, tâchons collectivement de repartir de l’avant afin de protéger nos arrières (-petits enfants) ! Allez, trois pas sur le côté et on va y arriver !
Regardons le webinar Future-Up avec Philippe Aghion, Arnaud Gangloff, Stéphanie Nadjarian et Mathieu Baudin pour se remonter le moral.
NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes de Kéa Bonne lecture,
Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Jean Gaboriau, Mathieu Noguès, Pierre Girard,
Romain Thievenaz
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen
ont collaboré à ce numéro : Thibaut Cournarie, Alexis Heuls, Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay, Chloé Secnazi, Benjamin Toison
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable