En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chers lecteurs,
En cette semaine où Donald Trump nous promet la dictature du premier jour, les associés de Kéa ne marchent pas au pas, et vous proposent le décryptage des faits suivants :
Ô espoir, ô jeunesse amie
Dans des temps frappés par l’incertitude et les prophéties d’un avenir racorni, on pourrait penser que la jeunesse française se rangerait derrière cette oriflamme calcinée. Mais il n’en est rien. Les récentes étudesmenées parThe Conversation Francetracent le portrait vibrant de cette génération (18-25 ans), qui, loin de s’abandonner au pessimisme ambiant, aborde l’avenir avec une maturité et une résilience remarquables. Avec un taux de bonheur général de 64 %, ces jeunes adultes affichent une satisfaction de vie notable, ancrée dans les valeurs de solidarité, d'autonomie et d'engagement sociétal. Leurs actions ne reflètent pas encore tout à fait leurs espoirs, mais le cœur y est. Dans le kaléidoscope des émotions qui colorent la jeunesse française, les jeunes femmes se font toutefois l’écho des préoccupations qui touchent davantage leurs ainées que les hommes (angoisse, inquiétude, fatigue). Optimiste résolue et bâtisseuse, jeunesse de France, peut-être as-tu trouvé le remède contre l’éco-anxiété ! Fais tourner.
RIP l’Intersyndicale
C’est le final de la lutte : l'intersyndicale a rendu l'âme le 1er décembre. Née du refus partagé de la réforme des retraites, il est logique qu'elle ait disparu une fois son échec consommé. La ligne du refus risquait de bénéficier à la CGT. La structure profitait à des syndicats non représentatifs à l'échelle nationale alors que le renouvellement de 70 % des instances représentatives ravive la concurrence entre les organisations, à toutes les échelles. Le succès des grandes manifestations a camouflé l'échec final de son action. Les groupes de travaux thématiques installés en juin ont tourné court. Aujourd’hui, les syndicats aimeraient préserver leur visibilité positive dans l'opinion, ce qui n'est pas aisé après une défaite. Les faits sont têtus : 8 % de salariés syndiqués dans le privé, 18 % dans le secteur public, 11 syndicats à la RATP et 14 chez Air France… Rien de nouveau : faiblesse et division favorisent la surenchère… et le malaise social s’exprime ailleurs. Pas sûr qu’on ait gagné au change. Gilets-Jaunisse oblige.
Productivité-lifting
La panne de la productivité française devient préoccupante. Ralentie ces 4 dernières années, elle s'est effondrée depuis la covid : - 3,75 % depuis 2019. C’est la plus mauvaise performance de l'UE. La préservation de l'emploi quoi qu'il en coûte, est une des causes conjoncturelles dépendant de nos choix collectifs. C'est aussi le cas des pénuries de main-d'œuvre (on garde tout le monde) et des taux élevés (l'embauche de personnel plutôt que l'investissement en capital matériel). Une bonne nouvelle pour le chômage. Il en va également de l’apprentissage, qui représente 1/3 de la baisse de productivité actuelle, mais qui devrait porter ses fruits et améliorer celle-ci sur le plus long terme. Car la crise relève aussi de causes plus durables : le peu de zèle d’actifs mal formés et la forte progression de l'absentéisme, un taux d'investissement en berne malgré les efforts de réindustrialisation. L'essor des services et le vieillissement de la population active font le reste. C’est le credo de Patrick Artus, la bonne productivité est l’innovation, donc l’investissement !
Is winter coming ?
Alors que le pacte de stabilité et de croissance, désactivé début 2020 avec la pandémie, est censé s’appliquer de nouveau au 1er janvier 2024, les négociations sur sa réforme butent sur la traditionnelle opposition franco-allemande en matière de rigueur budgétaire. La France, qui fait plus que jamais partie des mauvais élèves, plaide pour une prise en compte des investissements liés à latransition énergétique et au renforcement des budgets militaires, arguant que le monde post-guerre en Ukraine ne sera plus le même, et que les engagements en matière de climat devront bien être respectés. L’Allemagne exige que soient conservées des normes inflexibles de réduction du déficit ne prenant pas en compte ces investissements. L’avantage semble revenir plutôt à la France, Bruxelles faisant le constat de l’inapplicabilité des règles passées, assorties de sanctions trop lourdes et peu crédibles et désormais jugées à risque d’être procycliques, dans un contexte économique plus que tendu. On soupçonne l’Europe d’être également un peu lassée de porter la responsabilité et le poids politique des programmes d’austérité (et on la comprend). Retour de l’hiver budgétaire ou vents nouveaux ? Le réchauffement franco-allemand sur les sujets de financement de la transition ne semble, en tout cas, toujours pas à l’ordre du jour. Argh.
Climato-radins
Soyons radins : luttons pour le climat ! Car oui, l’inaction pour le climat nous coûtera 200 milliards d’euros par an de plus que… l’action pour le climat. L’Agence pour la transition environnementale (ADEME) nous le confirme cette semaine : l’inaction climatique coûtera à terme 10 points de PIB (un équivalent actuel de 260 milliards d’euros) à comparer aux 65 à 70 milliards d’euros du coût de l’action climatique, tel que calculé par l’équipe Pisani-Ferry – Mahfouz dans leur rapport en début d’année. Finançons, finançons, mais que financer ? Selon l’étude de l’ADEME, près des deux tiers des coûts de l’inaction seraient importés de l’étranger, étant des répercussions en France de catastrophes naturelles survenues à l’autre bout du monde et transmises le long des chaînes de valeur. De quoi repenser nos filières… de bout en bout. Le dernier tiers du coût viendrait pour l’essentiel de la baisse des rendements agricoles. Autre chantier majeur. Financer l’économie souhaitable est donc rentable et possible. Chiche d’être chiche ?
Bonne lecture,
Les associés de Kéa
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Rédacteurs :Alexis Heuls,Mathieu Noguès, Pierre Girard, Chloé Secnazi
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen
ont collaboré à ce numéro : Thibaut Cournarie, Jean Gaboriau, Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay, Romain Thievenaz, Benjamin Toison
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes Kéa
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable