En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chers lecteurs,
En cette semaine fatale pour les dindes américaines, les associés de Kéa ne seront pas les dindons de la farce, et vous proposent le décryptage des faits suivants :
IA de quoi être fier
Quand les Américains reviennent à l’IA lucrative, les français re-investiguent l’Open. Alors qu'elle était initialement à but non lucratif, puis à profits limités, le psychodrame de ces derniers jours au sein d'OpenAI devrait aboutir à assumer pleinement sa dimension lucrative, au détriment de l’objectif initial de créer et partager une IA sûre pour l’humanité. Coïncidence, ou pas, une équipe d’OpenAI aurait annoncé il y a quelques jours en interne une avancée majeure en termes d’IA, que les spécialistes estiment actuellement comme réellement dangereuse pour notre devenir. Pas sûr que le retour de Sam Altman soit un retour gagnant pour nous tous. Dans le même temps, en France, trois entrepreneurs, Xavier Niel, Rodolphe Saadé et Eric Schmidt, font le chemin inverse, avec la création de Kyutai, un laboratoire en mode Open Source. Raisonnement limpide : les IA ont besoin de data, de mathématiciens et de talents. Cela tombe bien, en France, on n’a toujours pas de pétrole, mais des data, des mathématiciens (et des bons) et des talents (de dingue), on en a. Même le Président de la République l’a bien compris : celui qui construit les outils a plus de pouvoir que celui qui les régule. Bref. Ils ont tout compris, ils ont Free l’IA !
S’ensauvage-t-on ?
Il faut sans cesse interroger notre perception de la réalité. Au temps du FN, le vote en faveur de l'extrême droite se concentrait dans les métropoles autour des quartiers à forte diversité – l'effet halo du politologue Pascal Perrineau. Depuis 2002, le vote pour le RN culmine dans les villages où vivent moins de 5 % d'étrangers. Bien loin de l'expérience malheureuse d'une « submersion » migratoire… un fait divers réveille le thème de l’ensauvagement de notre société, alors même que le taux des crimes et délits est à 50 par an pour 1000 habitants contre 60 au début des années 2000 et que le nombre d'homicides a été divisé par deux en 30 ans. Deux théories se disputent la représentation de l'étranger : la théorie de la menace et la théorie du contact, deux lectures qui ne s'excluent pas. Les enquêtes valident toutes la théorie du contact – plus d'immigrés moins de préjugés – qui vacille quand le climat économique se dégrade. Cette emprise des représentations dans notre perception rappelle l'importance des médias qui les produisent, les agencent et les mettent en discours. Les représentations sont décidément des faits sociaux !
Carte mondiale réchauffée
Le ralentissement de la croissance du commerce mondial depuis 2008 dissimule des mutations régionales inattendues, comme l'effet du réchauffement climatique sur la carte des échanges. Un retour surprenant de l'avantage absolu d'Adam Smith ? Les échanges n'ont augmenté que de 1 % en 2023, confirmant le recul du taux d'ouverture mondial. Le changement climatique est une des contraintes qui pèsent désormais sur la mondialisation, après une multiplication du commerce par 350 (!!) en valeur depuis 1949. Les travaux de trois universitaires montrent que la valeur de l'échange entre deux partenaires grandit en proportion de la différence de leurs conditions climatiques. Un degré d'écart de température supplémentaire fait augmenter le commerce entre eux de 38 % ! Cette évolution redessine la carte du commerce international à l'échelle régionale, surtout dans l'UE, mais également entre l’Argentine et le Brésil, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, l’Inde et l’Indonésie. Après la balance, le thermomètre commercial.
Rendons justice à la Nature
Par la pauvreté de leur inspiration comme par le vague de leur contenu, les législations environnementales sont rarement de nature à décourager le crime écologique, ni même, et c’est peut-être pire encore, en mesure de le nommer. Et ce n’est pas faire injure à l’UE que de dire qu’elle aime légiférer, pour le meilleur et pour le pire, et, cette fois, c’est bien un triomphe historique qu’il s’agit de célébrer. Le crime d’écocide, devenu en quelques décennies le quatrième secteur criminel de monde, habillé d’un euphémisme technique dont l’UE a le secret, est dorénavant gravé dans le marbre législatif européen. L’Union devient, par ce geste, la première instance internationale à reconnaître et criminaliser ce qui attente à la vie humaine par le biais du saccage de la nature. Dans un monde où le pilonnage de la biosphère est de droit et les avancées juridiques d’intervalle, les progrès d’une UE pionnière, brillante et résolue sont de nature à nous réjouir mais aussi, surtout, peut-être, à éclairer les puissances moins empressées. Et si vous voulez d’autres raisons d’espérer, regardez nos webinars Future-Up pendant la COP28.
L’enfer, c’est les autres.
Dis-moi à quoi tu rêves, je te dirai qui tu es.Ipsos revient cette semaine avec une large enquête commandée par la CFDTet la Fondation Jean-Jaurès et menée auprès de plus de 8 000 personnes, interrogées cette fois-ci, sur leur futur désirable. Nos compatriotes ont des aspirations diverses sur les sujets relatifs au travail – type de carrière, de structure d’accueil, de rapport au télétravail, voire au temps libre – les clivages générationnels étant ici, comme on peut s’y attendre, importants. Plus étonnant, ils sont divisés à part quasi égale sur le rapport à l’argent, condition inextricable du bonheur pour les uns (plutôt les jeunes et les hommes), objet faustien de perte de valeurs et de sens pour les autres. Les Français sont en revanche alignés sur le plan des valeurs (coucou, le modèle républicain) : ils sont attachés à la liberté et à la démocratie – reste à savoir sous quel format, à l’égalité et au binôme protection sociale plus services publics, à la fraternité et à l’acceptation de l’autre même quand il est différent. Pour ouverts qu’ils soient, ils se montrent néanmoins étonnamment tradis pour eux-mêmes – avec un plébiscite pour le modèle famille – mariage et fidélité – 2 enfants. Enfin, et encore, les Français se disent anxieux, intranquilles, aux prises avec le sentiment que les choses vont trop vite et trop fort : l’information, les nouvelles technologies, les ruptures dans le monde… Ce qui se traduit par une demande de calme et de paisibilité dans leur cadre de vie : une maison individuelle, des espaces verts, une ville nature et silencieuse. Pour les français, l’enfer c’est pas tous les autres, c’est juste les voisins !
NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes de Kéa Bonne lecture,
Les associés de Kéa
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Rédacteurs :Alexis Heuls, Pierre Girard, Yves Pizay, Chloé Secnazi
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen
ont collaboré à ce numéro : Thibaut Cournarie, Jean Gaboriau, Stéphanie Nadjarian, Mathieu Noguès, Romain Thievenaz, Benjamin Toison
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable