En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine oùnous avons désormais la confirmation que les anciens présidents vont bien continuer de bénéficier d’un bureau et d’un chauffeur, les associés de Kéa respirent et conservent leur mobylette de fonction pour vous emmener sur l’autoroute de l’actualité :
Fichez-moi la paix
Après « la France en morceaux » (2019) et « la France convalescente » (2021), la nouvelle grande enquête Elabe-Institut Montaigne analyse « une France inquiète en quête de tranquillité ».
L’accumulation inédite de crises provoque un effacement des fractures économiques, sociales et territoriales usuelles sans précédent. Face aux insécurités physiques, socio-économique, climatique, sanitaire… nous sommes tous égaux et nos appréhensions se rejoignent. Le sentiment des Français d’un déclin collectif (64 %) est d’ailleurs à la mesure de l’amour qu’ils portent à leur pays (80 %) et décuple la peur d’un déclin individuel.
Les Français se sentent donc vulnérables dans une France impuissante et cette crise de confiance affecte toutes les autorités.
Sombre tableau ? Que nenni ! Dans ce chaos, les Français manifestent une réelle, quoiqu’inégale capacité d’adaptation. Chacun développe, avec davantage de pragmatisme que d’idéologie, un scénario d’adaptation ancré dans un attachement viscéral à notre modèle de solidarité (90 %), pour une vie paisible avec sa famille, son CDI et son cercle d’amis.
Les Français, oula première gorgée de bière…
Habemus IAm
Face à ChatGPT, Claude et DeepSeek, la sainte trinité de l'IA, le Vatican redoute sérieusement la création d’une nouvelle idole…
Même si cet « Autre » nous paraît supérieur, gare à la création d’un « substitut de Dieu » avec lequel nous pourrions partager nos responsabilités et qui solutionnerait tous nos maux, y compris environnementaux. Les philosophes du Saint-Siège s’activent et publient force notes pour contrer l’offensive. Ce qui fait l’Humain est sa créativité et sa dignité, non pas sa performance.
Alors, à quel silicium se vouer ? En dignes enfants de leurs créateurs, les IA des temps modernes ont les biais et forces de leurs géniteurs. Si ChatGPT, à la genèse de ces IA Génératives, a été loué pour sa performance, Claude s'est démarqué par son traitement de la complexité. La nouvelle idole chinoise, quant à elle, crée la rupture par son efficacité énergétique et technologique (sa mise au point n'aurait coûté que 5M$), ainsi que par son fonctionnement open source.
Mais l’IA est aussi une déité maîtresse des illusions : Deepseek, étrangement, botte en touche sur Tian’anmen et sur les Ouïghours.
Le monde, cette armée mexicaine
La multiplication des élites serait-elle la véritable cause de la crise de nos démocraties ?
C’est en tout cas la thèse défendue par Peter Turchin, anthropologue évolutionniste à l’Université du Connecticut. Il explique que, dans toutes les sociétés humaines, la taille de l’élite dirigeante connait une très forte croissance. Elle engendre alors une compétition interne pour les postes, dont le nombre augmente moins rapidement et déstabilise la répartition des revenus et l’équilibre entre la rémunération du travail et celle du capital. Elle exerce ainsi une tension plus forte sur le reste de la population. Cette double pression sociale est à l’origine d’une crise majeure quand l’élite « exclue » – celle qui n’a pas réussi à se placer – s’allie à la frange active de la population mécontente. Voilà pour Trump. La surproduction d’élites comme moteur de l’histoire universelle !
Bon, que faire ? Dire à notre ainé de quitter le collège pour aller en CAP ?
Précieux métaux
Les voies pour décarboner nécessitent l’intensification de pratiques polluantes, comme l’extraction des métaux.
Certains géologues prédisent que nous allons extraire dans les 30 prochaines années autant de métaux que tout ce qui a été extrait jusqu’à aujourd’hui. Cercle vicieux inextricable ?
Après l’immense succès en librairie du Monde Sans Fin de Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici qui a ouvert la voie à la BD pour vulgariser les enjeux de la transition énergétique, Philippe Bihouix – ingénieur spécialisé dans les ressources minérales bien connu du milieu de la transition climatique – lui emboîte le pas avec le sobre titre Ressources. Il y met en exergue l’immense défi posé par les métaux. Les ressources minérales ne seront en effet pas suffisantes si nous n’arbitrons pas leur usage selon l’utilité de leur destination.
Une voix pour rappeler que transition et sobriété sont indissociables.
Mais si l’impact environnemental de l'extraction des métaux pour financer est sérieux, attention néanmoins à rappeler systématiquement le nombre de mines de charbon en activité (qui sont largement majoritaires sur le nombre total de mines) et le nombre de forages de pétrole et de gaz que cette transition permettrait d’éviter.
Entre le pire et l’imparfait, nous avons choisi.
Auteil Neuilly Grigny
Doit-on supprimer la banlieue ?
Peut-être pas, répondent les sociologues Gérôme Truc et Fabien Truong, alors que le narcotrafic occupe espace médiatique. Les chercheurs livrent cette semaine les résultats d’une enquête menée sur plus de dix ans à Grigny, ville de l’Essonne qui portetous les stigmates des villes de banlieue : important trafic de drogue et règlements de compte associés, grands ensembles dégradés, marchands de sommeil, chômage de masse, et même terrorisme (Amedy Coulibaly y a grandi).
Or, quoiqu’en se faisant fort d’éviter tout romantisme sur la fameuse « créativité » des banlieues, ils rappellent que ces dernières, plus qu’un « contre-monde » aux réalités feutrées parisiennes, en sont plutôt les coulisses, l’hyper connexion reposant avant tout sur les besoins en ressources humaines de la capitale (coucou, les travailleurs essentiels !).
Ils soulignent en outre, à rebours de notre perception générale, les succès des récentes politiques publiques nationales et locales (le maire de Grigny élu meilleur maire de France par la City Mayors Fondation en 2021). Ils tempèrent les procès en séparatisme, arguant que c’est leur condition partagée de marginaux, bien plus que des valeurs ou normes communes, qui ferait des Grignois un bloc. De quoi nous convaincre de ne pas mettre tout de suite les banlieues sur le banc de touche.
Tu saisis, mon pote, notre envie de révolte ? Zut, Flûte…
Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Pierre Girard, Mathieu Noguès, Yves Pizay,Chloé Secnazi, Jérémie Viel
Secrétaires de rédaction : Paul Puechbroussou,Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro :Oualid Essaid, Jean Gaboriau, Marie Guilbart, Carine Lesigne, Irène Miquel, Stéphanie Nadjarian, Romain Thievenaz
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.