Village, pays, Etat - Bulletin du 3 octobre
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Bulletin #148 de la semaine du 3 octobre

Bulletin 148 du 3 oct v2

En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.

Chères lectrices et chers lecteurs,

En cette semaine de la mort de Jane Goodall, les associés de Kéa sortent de leur jungle et décryptent pour vous les faits suivants : 

Un village français

 

Pour les Français, le territoire du futur, c’est un village français. Voilà l’enseignement apporté par Jérôme Fourquet et l’Ifop à l’occasion des Rencontres des imaginaires locaux. À Emily in Paris, les Français préfèrent Emilie in Cussac.

 

Comment appréhender et décrypter un imaginaire de manière pragmatique ? Les répondants ont dû faire leur choix entre 4 images représentant des territoires futurs – sans texte descriptif. Résultat : le grand vainqueur est l’imaginaire d’un territoire « rural actuel stéréotypé » (41 % des réponses), suivi de « l’urbain actuel et bobo » (27 %) et du « futur rural écologiste et à taille humaine » (23 %). Enfin, loin derrière : le « futur urbain techno-solutionniste » (9 %).

 

Un clocher, des poules, un médecin, des pavés, des arbres, voilà ce que veulent les Français pour demain. Est-ce le symbole d’une population vieillissante ?  

 

Oui, mais pas uniquement. Le sondeur souligne : dans la tranche des 25 à 64 ans, l’imaginaire du « futur rural écologiste et à taille humaine » arrive presque en tête. Du vert partout, du contact et de l’espace à la fois, et des éoliennes. Or c’est cette génération qui, au présent, travaille à construire son futur.

 

Voilà ce qui s’appelle remettre l’éolienne au milieu du village.

Don't Stop Believin' !

 

La France fait encore tourner des têtes et confirme son attractivité économique et financière.

 

Malgré une rentrée qui inquiète jusqu’aux agences de notation (Fitch Ratings a dégradé la note de la France de AA- à A+) et le marasme politique, notre pays continue d’attirer talents, investisseurs et touristes. Ses arguments ?

Paris peut se targuer d’être la première place boursière d’Europe continentale : même Revolut, fintech britannique, est tombée sous le charme et y installe son siège (1 milliard d’euros d’investissement à la clé).

 

Le pays est pour la 6e année consécutive le plus attractif d’Europe, grâce notamment à l’écosystème fintech le plus dynamique du continent et à Station F, le plus grand incubateur de start-ups au monde. Les Masters Finance de ses grandes écoles, son excellence en mathématiques, des banques qui se classent parmi les plus grandes au monde (BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE etc.)… Autant d’atouts qui s’ajoutent à ceux que nous connaissons bien : infrastructures, première armée d’Europe continentale etc.

 

À force de croire à la France qui tombe, on va vraiment finir dans le ravin… Alors, comptez sur nous pour des petites piqûres de Cocorico régulières. La France, tu y crois ou tu la quittes.

L'IA-rnaqueur

 

À quelques jours d’intervalle, deux signaux forts sont envoyés par les pouvoirs publics sur les risques engendrés par l’intelligence artificielle dans notre quotidien : le rapport de la commission parlementaire sur TikTok en France et la promulgation d’une loi californienne qui encadre l’activité des IA sur son territoire.

 

Entre ceux qui promettent l’apocalypse à moyen terme et les autres qui ne veulent rien réglementer pour ne pas freiner l’innovation, quels sont les risques immédiats ? À court terme, l’IA augmente de manière exponentielle les risques déjà connus dans notre quotidien : usurpation d’identité, vols de données sensibles (santé, banque…), manipulations algorithmiques, faux articles vendus sur les plateformes d’e-commerce, ingérence étrangère permanente sur les réseaux sociaux, arnaques aux particuliers…

 

Le tout pour un coût dérisoire et à la portée du tout un chacun. Le rapport de l’ANSSI ou le roman Le Mage du Kremlin, selon les goûts, fournissent un panorama effrayant.

 

Saluons donc ces deux nouvelles initiatives qui appellent à un sursaut de notre part.

 

Et rappelez-vous, si Brad Pitt (ou Robert Redford) vous demandent de l’argent, c’est sûrement un brouteur nigérian.

Plagiat macabre

 

Les deux discours prononcés le 30 septembre (1935 ?) par Donald Trump et son secrétaire à la Défense devant tous les chefs militaires des États-Unis pourraient d’abord prêter à rire.

 

À un gratin militaire muet, Pete Hegseth enjoint de faire des pompes tous les matins (car les militaires gros sont la honte du pays), à quitter leurs robes pour ceux qui seraient trop « wokes » et leurs barbes pour les trop poilus.

 

On rit moins quand pour écarter ces « débris », il rétablit le harcèlement, le bizutage et le leadership toxique. Il prône un retour à « l'esprit guerrier… pour une létalité maximale » et veut la fin des « règles d’engagement politiquement correctes ».

 

Donald Trump a sans ambages nommé l'ennemi. Xi ? Poutine ? Non, l’ennemi est intérieur. C’est le maire « démocrate de gauche », agent de l'invasion de l'Amérique par les criminels immigrés et drogués, protecteur « des terroristes des cartels ». Les villes démocrates devront servir de terrain d’entraînement.

 

Et là, on ne rit plus du tout. La priorité au front intérieur, l’appel à une jeunesse agressive… Relents putrides. Heureusement, les généraux à la retraite se relaient sur les réseaux pour dire que l’armée ne commettra jamais d’actes illégaux. L’espoir est aussi dans les retraités.

Nouvelle géométrie mondiale

Le triangle d’or des années 1990 – multilatéralisme, rattrapage des émergents, dynamisme démographique – n’est plus. Quelle est la nouvelle donne géopolitique et quelles conséquences économiques ?

 

Première possibilité : le triangle de fer. Conjonction là encore de trois éléments : confrontation entre puissances, fermeture des frontières avec les droits de douane et vieillissement démographique.

 

L’alternative, c’est le triangle de cuivre. Premier élément : les coalitions. Dans un contexte international fragmenté, l’entreprise ne peut plus avancer seule ; elle doit former des alliances, entre secteurs complémentaires par exemple.

 

Deuxième élément : les corridors internationaux. Dans un monde où l’Occident n’est plus central, ils deviennent les nouvelles voies de croissance (UE-Mercosur, mais aussi Inde-Afrique). Aux entreprises européennes d’en tirer parti.

 

Et enfin, troisième sommet : passer de l’économie de la connaissance (où l’Europe se consacre aux tâches à haute valeur ajoutée) à la capacité à développer des compétences sur toute la chaîne de valeur (du soudeur à l’ingénieur en IA) et tout cela, dans un contexte de manque crucial de main d’œuvre.

 

Pour aller plus loin, regarder « Chocs & Stratégie, épisode #1 — Nouvelle donne géopolitique et stratégie d’entreprise » : un échange de points de vue entre l’amiral Pascal Ausseur (Institut FMES) et Hervé Baculard (Kéa).

Les associés de Kéa

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LIEN D'INSCRIPTION

N°148 du 03.10.2025

Rédactrice en chef : Sophie Combes

Rédacteurs : Mathieu Noguès, 

Pierre Girard, Yves Pizay, Romain Thievenaz

Secrétaire de rédaction : Irène Miquel

Ont collaboré à ce numéro :

Oualid Essaid, Jean Gaboriau,Marie Guilbart, Carine Lesigne, Stéphanie Nadjarian, Paul Puechbroussou, Wendy Röltgen, Chloé Secnazi, Jérémie Viel

Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer

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Kéa, 3 rue Danton, Malakoff, France 92240, France

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