En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
Encette semaine de Cop 16 sur la biodiversité, les associés de Kéa, qui comptent dans leurs rangs mammifères, grands primates, vertébrés et autres gastéropodes (mais pas de plante verte !) vous proposent un bulletin spécial « Biodiversité » :
Papa, c’est quoi cette b…iodiversité ?
Back to basics.La biodiversité est une assurance-vie et apporte à l’humanité un ensemble de services écosystémiques absolument vitaux. Plus d’arbres ? Les nuages s’arrêteront à 500 km des côtes. Plus d’insectes ? Disons adieu à 80 % des cultures vivrières. La biodiversité se définit à trois niveaux : la diversité génétique, au sein d’une espèce donnée, la diversité spécifique, un énorme catalogue dynamique d’espèces vivantes (on estime qu’il existe entre 8 et 100 millions d’espèces de plantes, d’animaux et de champignons, sans compter les bactéries) et la diversité écosystémique, les écosystèmes qui abritent ces espèces.
Le monde scientifique tire depuis quelques décennies la sonnette d’alarme sur ce qui constitue les prémices d’une 6e extinction de masse. Une crise qui n’a donc rien à envier au changement climatique, lui-même 3e cause de la chute de la biodiversité, avec 1- le changement d’usage des sols, 2- la surexploitation des ressources, 4- les pollutions et 5- les espèces invasives.
Et l’entreprise dans tout ça ? L’Institut Montaigne, propose des actions concrètes pour créer un écosystème propice à une mobilisation collective pour la biodiversité, car, pour l’instant, elle reste aussi loin de la biodiversité qu’un pingouin des cocotiers. Bonne nouvelle : les patrons ne sont pas manchots.
Dans le salon, laissez-vous d’abord ravir par le chant des élevages de grillons, que vous pourrez ensuite déguster en autosuffisance. La salle de bain vous séduira par sa douche avec jet brumisateur capable d’asperger vos tours à champignons et arroser vos plantes.
Pour la suite de la visite, direction les toilettes (vivantes) qui composteront vos déjections à merveille grâce à des larves de mouches. Coup de cœur assuré pour ce bien prisé qui dispose également d’une buanderie de fitness pour accomplir vos tâches ménagères dans les parties communes avec un rameur lave-linge, par exemple. Votre empreinte carbone s’en trouvera considérablement réduite et votre cocon se transformera en paradis de biodiversité avec une consommation d’eau divisée par 15 et desémissions de CO2 limitées à 2 tonnes par an.
Étonnamment, toutefois, les 450 Français qui ont testé ces innovations ont été davantage séduits par la nouvelle douche que par la possibilité d’accueillir des insectes chez eux. Une marche de la désirabilité reste à franchir : Low-tech will take us high, slowly.
Cryptopatates
L’un des principaux enjeux de la COP16 de Cali est d’élaborer les mécanismes de compensation pour l’utilisation, aujourd’hui gratuite, des bases de données de génomesd’animaux et de plantes, convoitées par les industries pharmaceutiques, de l’alimentation et des cosmétiques qui déposent des brevets sur ces génomes pour les exploiter à profit.
Depuis le protocole de Nagoya de la COP10 en 2010, afin d’éviter que les acteurs des pays riches ne prélèvent des organismes au Sud et ne déposent des brevets en en retirant tous les bénéfices, un consentement et un contrat bilatéral pour les espèces matérielles (êtres vivants) doivent être émis. L’accord est toutefois contourné par la copie numérique des génomes, via les bases de données numériques libres. En bref : la pomme de terre du voisin n’est pas brevetable, mais on peut facilement emprunter le génome numérique de celle-ci sur internet.
Après dix ans de négociations et un accord de principe sur la création d’un fonds de péréquation, il reste à en préciser les règles de fonctionnement – financement, gestion, traçabilité – alors que les retombées économiques de ces ressources sont loin de l’or vert escompté. Espérons que ça ne pédale pas dans la purée.
Cocorico
Solu Biod, premier programme visant à dépasser le dilemme exploitation / préservation de nos terres est français.
À Chizé, dans les Deux-Sèvres, les rendements céréaliers ne baissent que de 5 % et les revenus augmentent, dès lors que les agriculteurs utilisent moitié moins d’azote et de pesticides. Ce sont des bénéfices rapides en termes de biodiversité, mais des solutions souvent très techniques à mettre en œuvre et qui nécessitent un encadrement rigoureux.
Ce programme appartient à la famille des Solutions Fondées sur la Nature (SFN), apparues il y a une quinzaine d’années. Il s’agit d’expérimenter sur onze living labs en France les modalités de réactivation durable desécosystèmes, à partir d’analyses et de mesures très précises, intégrant une gamme de données toujours plus large, y compris des données de santé publique et d’attentes des usagers et consommateurs. En France, on n’a plus de vers de terre mais on a des idées.
Le chant du cygne de la biodiversité serait-il parvenu à attendrir jusqu’aux loups de Wall Street ? Il s’agit d’abord d’un enjeu de survie économique : la finance a toujours été à l’avant-garde de l’économie, fournissant de nouveaux outils permettant de faire face à de nouveaux risques.
Aussi, les plus pragmatiques diront que ce nouveau champ permettra aux professionnels du métier d’épanouir leur créativité – et leurs portefeuilles. En effet, la subtilité de la finance de la biodiversité réside dans sa complexité : il faut créer de nouveaux outils et des produits financiers innovants – tout en développant des raisonnements à plusieurs agents – au lieu de vendre un simple crédit carbone, par exemple.
Rédacteurs : Jean Gaboriau, Pierre Girard, Mathieu Noguès, Jérémie Viel Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Irène Miquel
Ont collaboré à ce numéro :Oualid Essaid, Carine Lesigne, Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay, Paul Puechbroussou, Wendy Röltgen,Chloé Secnazi, Romain Thievenaz
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.