Affaires, comptes, justice - Bulletin du 5 décembre
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Bulletin #157 de la semaine du 5 décembre

Bulletin 157 du 5 dec

Parce que penser une économie souhaitable est un engagement que nous partageons avec le Groupe Kéa dont nous faisons partie, nous sommes heureux de vous offrir chaque vendredi, un décodage inédit des grands sujets économiques & sociétaux avec un ton personnel et singulier.

Chères lectrices et chers lecteurs,

En cette semaine d’élection de Miss France… forts d’un physique irréprochable, les associés de Kéa révisent leur culture générale et leurs CV, et décryptent les faits d’actualité suivants :

La paix, c'est combien ?

 

Donald Trump développe une diplomatie à but… lucratif.

 

Depuis les 14 points de Wilson en 1918, la diplomatie américaine a toujours ouvert le monde à son commerce, pour le plus grand bien des États-Unis… et du monde. La nouveauté de l’administration Trump est que chaque accord est explicitement transactionnel, à son seul avantage : paix entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo sécurise l'accès aux métaux rares de RDC, fin de la guerre entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie en échange d’un couloir de transit américain pour 99 ans. Donald Trump a forcé Volodymyr Zelensky à donner un accès à son secteur minier et exige désormais 50 % des recettes des fonds russes gelés pour financer une reconstruction américaine de l'Ukraine.

 

Par ailleurs, les États-Unis accompagnent chaque accord commercial d'un avantage non réciproque. Tokyo, pour obtenir de ne payer « que » 15 %, doit placer 550 milliards de dollars dans un fonds dont les investissements sont choisis par Donald Trump lui-même. L'Europe doit en promettre 1 000 et Ben Salman, 1 100 pour un accord de défense.

 

La cerise sur le gâteau, ce sont les deux fils de Donald Trump et de Steve Witkoff qui suivent les caravanes diplomatiques pour conclure de bonnes affaires familiales dans l'immobilier et les cryptomonnaies.

 

La colombe, oui… mais bien vite plumée !

Qui veut perdre des millions 

 

Quiz : la dette publique est-elle de droite ou de gauche ?

 

And the winner is… la droite ! C’est peut-être contre intuitif… mais depuis 1974, la dette de la France a augmenté de 2,2 points de PIB par an en moyenne lorsque la droite est au pouvoir contre 1,6 % pour la gauche. Même son de cloche dans le reste de l’OCDE : entre 1950 et 2007, un basculement politique de la gauche vers la droite accroît la dette publique de 0,6 % en moyenne.  

 

D’abord, il faut être honnête, si François Hollande a la poisse en matière de météo, les présidents de droite ont la poisse en matière de crises économiques : Edouard Balladur et 1993, Nicolas Sarkozy et 2008… Pas facile pour les finances publiques. Par ailleurs, la propension de la droite à baisser les impôts, et donc les recettes, n’est pas suivie d’une réelle capacité à réduire les dépenses : toujours plus facile à dire qu’à faire. Et donc, le compte n’est pas bon !

 

Bon, bon, personne n’a vraiment perdu, tout le monde a un peu gagné : à ce niveau d’endettement, l’important c’est que toutes les mouvances ont participé. 

 

[NB : l’étude ne prend volontairement pas en compte l’effet Covid et le + 2,2 % par an d’Emmanuel Macron, que ni la droite ni la gauche n’ont revendiqué comme faisant partie de leur équipe. Ahah.]

La liberté, c’est GPT 

 

Pour contrer une expérience d’achat numérique que beaucoup jugent désormais insensée, la Gen Z reprend le contrôle… par la tech !

 

L’étude des comportements de shopping de la Gen Z aux États-Unis montre que le shopping en ligne commence à sérieusement lasser. Fini le shopping plaisir, les achats sont faits en « pilote automatique ». Ils sont 92 % à utiliser TikTok pour découvrir de nouveaux produits, et continuent malgré tout d’acheter, mais de manière mécanique, par habitude et facilité.

 

Pour retrouver du plaisir, la Gen Z amorce un virage radical : elle cherche des expériences moins expéditives et plus incarnées : au travers de magasins physiques et de « pop-up stores ». Le shopping redevient un moment choisi, presque festif, où les files d’attentes incarnent « the place to be » et la seconde main réenchante l’expérience, devenant une forme de chasse au trésor.

 

La Gen Z n’est plus à un paradoxe près : pour reprendre le contrôle, elle se tourne d’abord vers des outils tech ! Au premier rang desquels l’usage massif de l’intelligence artificielle, ce super-personal shopper qui permet de s’émanciper des choix imposés par les marques – en témoigne le dernier « Black Friday ». Prochaine étape, le contenu sponsorisé sur ChatGPT ?

 

Libérés, pas délivrés…

Sans Coloranto et San Fransisco

 

La Ville de San Francisco poursuit en justice de façon inédite 10 géants de l’agroalimentaire pour avoir créé une crise de santé publique avec leurs produits ultratransformés. 

 

Ces produits, apparus à la fin du XIXe siècle, qui ont nourri les soldats américains pendant les deux guerres mondiales, représentent aujourd’hui plus de 70 % des produits vendus dans les supermarchés américains  selon la plainte. Ils sont « un moteur majeur de l'augmentation mondiale du fardeau des maladies chroniques liées à l'alimentation » insistent le docteur Carlos Montero et ses coauteurs dans le très sérieux the Lancet. 

 

Aux États-Unis, où 40 % des Américains souffrent d’obésité et 16 % de diabète, la lutte contre la malbouffe fait désormais consensus. Même l’antivax ministre de la Santé, Robert Kennedy Jr, en a fait son cheval de bataille. Mais c’est San Francisco qui décide de porter plainte pour « marketing déloyal et trompeur ». 

 

En Europe, où nous avons la chance d’avoir une législation plus stricte, nous avons aussi des acteurs agro-industriels et assureurs qui s’engagent ensemble contre la malbouffe, à l’image de l’initiative portée par Kéa.

 

Voilà, villes, citoyens, entreprises engagées, à nous tous, on va y arriver. 

Dans quel État gère ?

 

Taxe Zucman ou pas, réforme des retraites ou pas, 42 premiers ministres en 3 semaines…

 

Alors qu’elle devrait nous coûter 0,3 point de croissance cette année, comment l’incertitude politique agit-elle concrètement sur l’économie ?

 

D'abord, les ménages se crispent. Quand fiscalité, retraites ou prix de l’énergie deviennent imprévisibles, on préfère l’épargne à la consommation. Pour preuve, le taux d'épargne est passé de 15 % en 2019 à près de 19 % aujourd’hui.

Les entreprises, elles, hésitent à investir. Le risque d’un virage fiscal ou de la fin de la politique de l’offre pèse, tout comme la faiblesse de la demande. Pourtant, elles tiennent bon : la croissance surprise de 0,5 % au troisième trimestre vient largement de leurs investissements.

 

L’État, enfin, paie plus cher. Le monde financier doute de lui, les taux français augmentent, la dette (ses intérêts) coûte davantage… Et de ce fait, l'État doit corriger son budget : dépenses ou impôts. Retour à la case départ.

 

Alors, panique ?! Non. La crise est politique, la crise est de confiance mais la crise n'est pas (encore) économique. Elle n’indique pas un défaut structurel de notre modèle économique – si ce n'est sa sensibilité à la politique. Si nous levons l’impasse politique, l’économie peut se redresser notablement.

 

Mais comme c’est pas gagné-gagné, faisons plutôt comme les Belges ou autres Espagnols avant nous, laissons les parlementaires parlementer et, Entrepreneurs, entreprenons !

Les associés de Kéa

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LIEN D'INSCRIPTION

N°157 du 05.12.2025

Rédactrice en chef : Sophie Combes

Rédacteurs : Pierre Girard, Mathieu Noguès, Chloé Secnazi, Romain Thievenaz, Jérémie Viel

Secrétaires de rédaction : Irène Miquel, Wendy Röltgen

Ont collaboré à ce numéro :

Yoram Bosc-Haddad, Oualid Essaid, Jean Gaboriau, Marie Guilbart, Stéphanie Nadjarian,

Yves Pizay, Paul Puechbroussou

Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer

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Kéa, 3 rue Danton, Paris, France 92240, Malakoff

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