En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chers lecteurs,
En cette semaine où l’Allemagne commande enfin des hélicoptères à Airbus, et où Moderna annonce que les traitements à ARN Messager peuvent être efficaces contre le cancer… les associés de Kéa ont le sentiment que c’est déjà Noël, et vous proposent le décryptage des faits suivants :
Les marchés de Noël ont la banane
Alors que le deuxième semestre de 2023 avait vu les perturbations économiques se multiplier, les marchés semblent sûrs d’une chose : Noël arrive enfin. Malgré les soubresauts de l’économie mondiale, les grandes valeurs ont su tenir le cap et dégager des résultats positifs en 2023. En France, l’industrie et le luxe (Stellantis, Safran, Hermès, Saint-Gobain, etc.) ont tiré le traineau de la croissance, permettant au CAC 40 d’atteindre un sommet historique ce mardi (en hausse de 11 % depuis fin octobre). Wall Street n’est pas en reste et s’approche aussi de son record après que la FED a annoncé un cadeau qui s’était fait rare au pied du sapin : l’assouplissement de sa politique monétaire pour 2024. Baisse de l’inflation et des taux d’intérêt semblent donc se profiler dans le sillage des elfes. Quelques ombres pourraient toutefois ternir le tableau (situation économique en Chine, conflit en Ukraine, etc.). Cela suffira-t-il à décourager les investisseurs ? Il semble, pour l’instant, que le Père Noël apporte quelques bons indices boursiers dans sa hotte. Ho Ho Ho !
En Russie (jusqu'ici) tout va mieux
Et qui d’autre est en pleine forme et a un moral d’acier ? La Russie ! Les ventes de pétrolede l’automne ont battu des records et dépassent celles de n’importe quel mois précédant la guerre en Ukraine : 11 milliards de $, soit 30 % des recettes de l'Etat. De quoi s’acheter de beaux drones et autres joujoux qui font mal pour Noël, financer l'économie de guerre et stabiliser la société. La croissance, infléchie par la guerre, sera tout de même de 1,5 % en 2023, le double de celle de l'Union Européenne. Les sanctions sont désormais contournées grâce aux réimportations via l'Asie centrale et le Caucase et à la bienveillance du Sud global. Le moral va très bien aussi, merci : 56 % des Russes se pensent plus prospères et 75 % se disent plus libres. La guerre de Gaza vient à point, l'élection de Trump serait formidable ! Za zdoroviye !
Bande d’inCOPables ?
Que retenir de cette COP28 ? Le résultat d’abord : un accord présenté comme « historique » mais déjà critiqué. Historique pour la mention des énergies fossiles dans le texte final. Critiqué pour l’utilisation du terme « transitionner hors » (« transitionning away »), dans l’intention assez vague et « novlangue », et qui permet toutes les interprétations, à l’ inverse d’une promesse d'abandon pur et simple, qui aurait été daté et chiffré. Par ailleurs, Valérie Masson-Delmotte (ex-GIEC) salue le premier accord actant le décalage entre les promesses faites à l’horizon 2030 et l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, en soulignant une limite essentielle : le manque de financements. Dernier point : comme pour toutes les COP, cet accord n’est pas contraignant, car la souveraineté appartient d’abord aux Etats. Allez, on ne se décourage pas ! Et surtout pas les entreprises, car, comme le soulignent Pascal Demurger et Philippe Zaouati, l’année 2024 sera décisive dès janvier avec la mise en œuvre progressive de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) européenne, qui nous rappelle le rôle essentiel que jouent les entreprises pour la transition vers une économie souhaitable.
Leçons hollandaises
« Les Hollandais, après l’Eglise, veulent se libérer de l’équivalent laïque, à savoir l’humanisme ». En cette semaine de pagaille au sein de notre Assemblée Nationale à propos de l’immigration, l’écrivain Arnon Grunberg analyse la victoire de l'extrême droite aux Pays-Bas en dégageant des leçons pour l'ensemble du monde occidental. Il renverse l'analyse habituelle après chaque élection remportée par des populistes : « on n'a pas écouté les électeurs ». D’après lui, il aurait surtout fallu leur parler autrement. Des électeurs se laisseraient en effet séduire par des orateurs désinhibés dont la vulgarité passe pour du parler vrai (coucou Millei, Trump, Meloni…). Le rejet symétrique des centres, à droite comme à l'extrême gauche, renforcerait l'extrême droite. Il conclut ironiquement avec l'insatisfaction d’électeurs-incendiaires qu'aucun gouvernement ne saurait combler ! (toute ressemblance avec des situations politiques que vous connaissez n’est pas purement fortuite). Cher Monde, que t’arrive-t-il ? Peut-être nos nouvelles formes de communication nous pervertissent-elles ? Peut-être les guerres mondiales sont-elles si lointaines que l’on a oublié à quoi servent les valeurs d’humanisme ? L’esprit de Noël n’est pas encore là, mais, Esprit des Lumières, descend sur nous, vite !
Réindustrialisation : comment sortir du peloton ?
Revenu de son Tour de France des industries, Charles Rodwell (député Renaissance) défend un modèle industriel français et européen en « écosystème », comme avantage compétitif majeur face aux économies américaine et chinoise. Ce modèle, qui met en avant les ETI et les PME en regroupant sous-traitants et services à proximité, pourrait être porté lors d’un sprint parlementaire au premier semestre 2024. Un éventuel texte offrirait une voie complémentaire à la stratégie défendue haut et fort par le Président : dérouler le tapis rouge aux multinationales. Les mots d’ordres du rapport sont « rapidité d'exécution », « sécurité juridique » et « concentration des moyens » avec 3 propositions fortes : mettre en place des contrats avec l’Etat, les régions et les agglomérations pour apporter de la stabilité règlementaire aux investisseurs sur 5 ans, donner un pouvoir plus fort de dérogation aux normes environnementales aux préfets (attention à ne pas perdre la couleur verte du maillot) et étendre les compétences de Business France pour lui permettre d’accompagner les implantations en France (attention au budget). Si, en plus du cadre, nous concentrons les efforts sur les produits jugés manquants dans les chaînes de valeur des filières stratégiques, comme l’hydrogène, les batteries ou le vélo, l’Industrie française a tout pour devenir le maillot jaune de la réindustrialisation !
Bonne lecture,
Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Jean Gaboriau,Pierre Girard, Mathieu Noguès,Romain Thievenaz
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen
ont collaboré à ce numéro : Thibaut Cournarie, Alexis Heuls,Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay, Chloé Secnazi, Benjamin Toison
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes Kéa
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable