En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette journée de Black Friday, les associés de Kéa œuvrent pour une consommation responsable et ne soldent pas les faits suivants :
Ce message s’autodétruira
Votre mission, si vous l’acceptez, consiste à sauver internet de sa contagion par les contenus synthétiques. Une série d’indices laissent en effet à penser que le web s’inquiète pour sa disparition. Dernier en date : une théorie, « the Dead Internet Theory », qui refait surface dans divers médias. Celle-ci affirme que 90 % des contenus en ligne à horizon 2026 pourraient être générés par les IA à la suite de commandes humaines.
Bien sûr, l’estimation est difficile car nous ne savons pas dénombrer scientifiquement les nouveaux contenus publiés chaque jour sur internet. Mais l’invasion a bel et bien commencé : Thalès estime que 50 % du trafic serait déjà réalisé par des BOT, 32 % par des BOT malveillants. De quoi encourager les humains à un exode numérique ? La rédaction d’Usbek & Rica imagine que, délaissée par notre espèce, la toile se transformerait en un grand espace de désinformation, un méga-pollueur ou encore un espace de monotonie totale dans lequel l’IA se nourrirait de sa propre production. Boum!!! Mission Failed.
Rachel not so green
Les entreprises sont-elles sur la voie de l’économie souhaitable ? Pas vraiment, si l’on en croit Jean-Philippe Decka, chercheur en sciences de gestion, qui fait 3 constats : 1. Les efforts portent sur une diminution relative (par unité de production) et non absolue des impacts : on progresse sur l’efficacité environnementale mais pas sur la sobriété, pourtant incontournable pour agir contre le dépassement des limites planétaires. Il faudrait plutôt penser de nouveaux modèles économiques, sobres, sans chercher à rendre les anciens plus efficaces. 2. Les entreprises n'interrogent pas l’utilité socio-environnementale de leurs activités, leurs modèles restent centrés sur la croissance volumique, favorisée par le système économique actuel. Cap sur la valeur donc. 3. La transformation de l’entreprise viendra d’une bataille culturelle intérieure, menée par des collaborateurs attachés à leur entreprise, ayant la volonté et la détermination de la faire pivoter. Sur ce dernier point, une tribune du Monde met en garde les entreprises contre la fuite des talents. Former et associer ses collaborateurs à la transformation soutenable de son entreprise est un formidable levier d’engagement et de rétention. Hey Friends, on pivote?
A rebours d’une vision souvent idéalisée, notre voisin d’outre-Rhin s’apprête à vivre sa deuxième année de récession - du jamais vu depuis 20 ans. Plusieurs effets sont à l’œuvre selon l’économiste allemand Achim Wambach : d’abord, des infrastructures défaillantes – la légendaire rigueur budgétaire allemande ayant eu pour pendant un manque d’investissement chronique en matière d’éducation, de réseaux ou encore de transports – ensuite, des mauvaischoix en matière énergétique (sortie du nucléaire et trop grande dépendance au gaz pénalisant lourdement les acteurs industriels) et enfin, des loupés en matière d’innovation et de tech obérant la compétitivité des entreprises.
Symbole de ces erreurs de jugement : le secteur automobile qui n’a pas su prendre le virage de la voiture électrique ou connectée et dont l’activité est en chute libre depuis 2018, avec le sentiment amer d’avoir péché par orgueil. C’est donc désormais panique à bord, dans un pays où la bonne santé de l’économie est vécue comme une assurance-vie.Mais cigales, ne vous moquez point de la fourmi, car quand la bise souffle, c’est bien l’Union qui fait la force.
EUR-eka ?
Avant même l'arrivée de Trump à la Maison Blanche,la guerre commercialeest ouverteet l’Europe tremble (comme il y a 7 ans) en se demandant comment faire face. Car si les européens sont attachés au libre-échange, avec un excédent de 141 milliards d’euros de janvier à septembre, le vieux continent est déjà engagé dans une politique de rééquilibrage des échanges avec la Chine. Alors peut-il supporter plusieurs guerres commerciales à la fois ? Pas sans repenser les moyens de sa puissance, répond Eric Maurice, analyste au European Policy Centre.
Mais dans un contexte d'affaiblissement de Paris et de Berlin, alors que le fossé compétitif s'est creusé (le rapport Draghi est sur la table) et que les négociations avec le Mercosur montrent l’ampleur des divisions, ouvrir le débat de la puissance va prendre du temps. L’élargissement est toujours un tabou car la question d’une Europe à plusieurs vitesses n’est pas traitée et l’épineux sujet du financement est encore sous le tapis. Une recommandation donc : se défaire de l’idéalisme européen et se concentrer ensemble sur ce qui créera la prospérité de chacun. Ursula dépêche-toi, Trump ne t'attendra pas !
Le bon sens est près de chez vous ?
Le bon sens, autrefois ami, s’est transformé en excuse pour ne pas penser. Cette « chose du monde la mieux partagée » - dont Descartes voulait qu'elle secoue les vérités d'autorité au nom de la raison, dont Alain pensait qu'elle était à l'origine du principe républicain - est devenue par une inversion contre-révolutionnaire « le savoir du village » contre « les sophistes, les économistes et les calculateurs » (Edmund Burke) : la défense de la tradition camouflée sous l'appel à une raison commune.
Face aux défis écrasants et à la complexité du monde, le bon sens s'affirme dans les discours de Trump, dans les congrès des populistes européens et sur les réseaux sociaux qui les accompagnent : les préjugés deviennent des vérités, les sottises des mantras. Le bon sens rétablit artificiellement l'intelligibilité du monde et, en opposant « les vraies gens » à tous les autres, étouffe le débat démocratique. Contre le mauvais bon sens soyons donc exigeants, rigoureux, nuancés et ne craignons pas la pensée complexe ! Pour ne pas prendre la route à contresens, ma chérie t’y es à contre-sens !
Bon week-end, Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Pierre Girard, Chloé Secnazi, Romain Thievenaz,Jérémie Viel Secrétaires de rédaction : Irène Miquel, Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro :Oualid Essaid, Marie Guilbart, Carine Lesigne,Stéphanie Nadjarian, Mathieu Noguès, Iliana Ohleyer, Yves Pizay, Paul Puechbroussou
Directrice de la diffusion : Wendy Röltgen
1er cabinet de conseil "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.