En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cettesemaine de missions, démissions, re-missions, nominassions, les associés de Kéa assurent les affaires courantes et vous livrent la décryptassion des faits suivants :
Idiots (f)utiles
Nous sommes les premiers à condamner les « junk produits » et « junk services »… mais aussi les premiers à en raffoler. La France, championne de l’incohérence ?
Le philosophe Gaspard Koenig souligne ce paradoxe : le Français est un citoyen engagé désireux d’entraîner le monde dans sa résistance. Mais il est aussi un consommateur bien peu responsable et très attractif pour les enseignes les moins fréquentables.
Pays de la gastronomie, nous avions protesté contre McDo (ah, José Bové à Millau…) – avant d’en devenir le deuxième marché mondial. Nation de la haute couture et de l’artisanat, nous sommes aujourd’hui choisis par Shein, dont les datas ne sauraient mentir, pour faire office de poissons-pilotes.
Pendant ce temps-là, l’empire du Milieu se veut le nouveau porte-étendard du climat et prend des mesures fortes chez lui. Il se paye même le luxe d’une version améliorée de TikTok à l’intérieur de ses frontières : encadrée, éducative et épurée des « émotions négatives » – au sens du Parti, évidemment.
Un « deux poids, deux mesures » issu d’une vision stratégique bien pensée. Ils ont Xi, ils ont tout compris ⸮
Seul sur Marx
Le sentiment de mépris serait-il devenu l’émotion cardinale de nos conflits sociaux ?Dans son nouvel ouvrage, François Dubet analyse cette émotion qui explose dans la société française et a supplanté l’indignation dans les mouvements sociaux (Gilets jaunes, agriculteurs, retraites, Bloquons tout…).
Certes, le mépris de classe n’est pas nouveau et a structuré les relations sociales dans l’après-guerre – c’est le fameux « eux et nous ». Mais, souligne le sociologue, le sentiment de mépris se renforce et s’individualise : le « je » remplace le « nous » dans les clameurs populaires et les inégalités deviennent des expériences individuelles. Or, on ne soigne son sentiment de mépris qu’en méprisant à son tour. Le résultat : des révoltes sans débouché politique (cf. Gilets jaunes) et un carburant émotionnel pour les populismes de tous horizons.
Pourtant, une réconciliation reste possible. Les bases sont posées : les Français aiment leur travail, sont de plus en plus tolérants envers l’immigration, les droits des femmes progressent, la vie associative est intense… Alors, souvenez-vous : « respecter sa mère, c’est respecter la vie » (Jean Gastaldi, vous pouvez checker).
QECQVENTD
Comprenez : « Qu'Est-Ce Qui Va Encore Nous Tomber Dessus ? ».Voilà le syndrome qui a fini par atteindre les dirigeants français, selon l’éditorialiste Jean-Marc Vittori. Que cache ce syndrome ? Anatomie du QECQVENTD :
Cause N° 1 : MQECQLAPE. « Mais Qu’Est-Ce Qui Lui A Pris Encore ?! ». Invocation du DG face à l’excès d’irrationalité de ses pairs et des grands de ce monde. Mentionnons les délires douaniers du POTUS, le bal des PM*, les déceptions du PR**…
Cause N° 2 : QECQCEEQC. « Qu’Est-Ce Que C’Est Encore Que Ça ? ». De manière non exhaustive : circonspection du dirigeant face à des chocs exogènes dans ce monde « VUCA-BANI » toujours plus invraisemblable. Exemples notables : Covid, pénuries diverses, catastrophes climatiques.
En somme, nous assistons à un SOS des dirigeants face à l’avalanche d’aléas dont ils sont victimes, qui retarde la prise de décision et nuit à l’investissement. Selon l’OFCE, l’incertitude politique coûterait jusqu’à 15 milliards d’euros à la France en 2025 (0,5 point de PIB).
Notre prescription ?2 cachets de résilience et 1 shot de volontarisme pour booster le système immunitaire.
Docteur Kéa
*PM : Premier ministre
**PR : Président de la République
Good Morning Lenin! Goodbye, USA!
En convoitant le modèle russe, Donald Trump nous fait-il une « Gorbatchev à l’envers » ? Gilles Gressani, analyste géopolitique, dresse le portrait d’un président certain que les principes fondateurs des États-Unis sont moins convaincants que ceux des empires chinois et russe, et renonçant au modèle libéral pour adopter celui de la force, jugé plus prometteur dans le monde d’aujourd’hui…
Pour Vladislav Sourkov, homme d'affaires et ancien vice-Premier ministre de la Fédération de Russie, les États-Unis « rêvent d’imiter » la nation russe « audacieuse, consolidée, guerrière et sans frontière ». En multipliant les menaces d’annexion, ils emboîtent le pas à la Chine et à la Russie. Car si le modèle d’impérialisme américain est longtemps resté « soft » (contrôle des flux, des ports, de la monnaie, etc.), Donald Trump a mis à la poubelle bons sentiments, libre-échange et respect des frontières territoriales.
Les États-Unis, battus sur le plan des idées, seraient ainsi en train de perdre une « 2e guerre froide ». Notons que Donald Trump n’a pas tout jeté de l’Amérique et continue, dans la digne lignée de ses prédécesseurs, à jouer au gendarme et à briguer un prix Nobel (sorry dude).
Ta Cathy t’a quitté
Une série d’articles alerte sur une véritable « guerre de Sexcession » en cours.
Vincent Cocquebert, sociologue, analyse cette « désynchronisation progressive des représentations » qui sépare les hommes et les femmes. Les femmes sont plus diplômées, plus à gauche, toujours confrontées au plafond de verre et à l’increvable patriarcat, voire au nouveau masculinisme.
Depuis la fin des années 2000, la ligne du genre devient une ligne de front. « L’hétérofatalisme » d’Asa Seresin, chercheur américain, explore le malaise de femmes à la misandrie résignée, pas par féminisme militant, ni par séparatisme volontaire (le mouvement 4B coréen).
À cette rupture, il faut ajouter des phénomènes plus marginaux mais significatifs : refus par des jeunes femmes de l’injonction à l’hétérosexualité, « sobriété sentimentale », « congé relationnel », « grève du sexe » pour les moins jeunes…
« Girl power » ou début de la fin ? Il paraît en tout cas qu’une majorité de femmes préfère rencontrer un ours plutôt qu’un inconnu en forêt. À l’inconnu de chasser l’ours !
Les associés de Kéa
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