En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette première semaine d’automne, les nouvelles se ramassent à la pelle et les associés de Kéa ont ratissé pour vous les feuilles suivantes :
Good Coop
Les résultats des législatives doivent-ils remettre au goût du jour l’idée de coopérative politique ?Pour sauver une social-démocratie en déshérence, l’idée serait de s’inspirer des principes de gouvernance du modèle économique des coopératives : différents collèges (les partis et la société civile dans le domaine du politique, par exemple) prendraient des décisions collectives selon le modèle « un homme, une voix » et le capital pourrait être équitablement réparti avec des dividendes de type notoriété, compétences ou encore liens sociaux.
Les élections municipales de 2026 pourraient ainsi faire figure de test, l’échelon local apparaissant plus propice à une collaboration éclairée entre citoyens, responsables associatifs et dirigeants d’entreprises tous engagés pour leur commune.
Et si, pour une fois, les modalités de gouvernance de l’entreprise éclairaient l’action publique sans que l’on crie au loup ? La preuve, la proposition émane de François Ruffin… Alors, pas de faux procès au grand capital !
C'est la faute à Grand-Père
La fracture intergénérationnelle se creuse. La sociologue Monique Dagnaud brosse le portrait d’une société où les jeunes actifs placent leurs ainés sur le banc des accusés.
Le baromètre de la solidarité générationnelle a montré que 61 % des 18-26 ans tiennent les générations précédentes pour responsables de la détérioration du climat et que 46 % estiment qu’elles sont privilégiées économiquement. Depuis, les voix continuent de s’élever : des tribunes dénoncent le manque de sens civique de nos ainés, des talk-shows appellent à « traire les retraités comme des vaches à lait » et les baby-boomers concentrent les critiques parfois violentes d’une jeunesse qui se sent sacrifiée.
Alors que la situation économique du pays s’enlise et que le débat sur les retraites revient sur le devant de la scène, peut-être nos ainés ont-ils en effet une part plus importante à prendre dans le financement des défis de demain. Pas de quoi les mettre au pilori toutefois. La solidarité intergénérationnelle ne pourra pas s’organiser avec une hache à la main.
Le rapport 2024 du collectif Nos services publics met en évidence que ces politiques intègrent l’urgence climatique de façon itérative et non pas structurelle, alors que la situation actuelle l’exigerait pourtant. Elles multiplient de ce fait « les conflits de besoins »opposant besoins individuels et besoins collectifs. Par exemple, la politique du logement multiplie les pavillons péri-urbains – toujours plébiscités par les Français – qui gaspillent de l’espace, de l’énergie et favorisent l’automobile, alors qu’il faudrait réunir logements collectifs et emplois. Les politiques publiques resteraient finalement très court-termistes, là où il faudrait voir loin.
De son côté, la sociologue Dominique Méda insiste sur la faible présence des scientifiques dans le discours public et l'action politique, ce qui minimise leur influence sur les scénarios élaborés. Exception faite des économistes, dont les modèles sous-estiment néanmoins le risque climatique. Parfois, il faut que tout change pour que ça change.
Grands défis, marges fines
Quelles perspectives pour l’économie mondiale en 2025?Le CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales) commence par une bonne nouvelle : en 2024, l’économie a mieux résisté que prévu, signe d’une sortie de la période post-Covid. En témoigne la baisse de l’inflation.
Les grands défis structurels de 2025 sont donc connus : tensions géopolitiques,crise écologique et transition technologique. Transformations qui nous demanderont de revoir nos modèles de partage, mais aussi de création de valeur et d’institutions pour les accompagner.
Une question clé demeure : de quels outils et marges de manœuvre les Étatsdisposent-ils pour l’année à venir ? Les États-Unis bénéficient d’un avantage compétitif grâce à leurs politiques budgétaires plus expansionnistes, « politique moderne de l’offre » selon Janet Yellen, secrétaire au Trésor. La Chine, elle, accuse le coup et fait face à des défis internes (vieillissement, fragilité financière) et externes, notamment la montée du protectionnisme. Des difficultés qui se répercutent fortement à nos frontières et notamment sur le modèle exportateur allemand, déjà victime de sa dépendance énergétique. Dans un monde protectionniste où chacun défend ses positions, l’UE sera un relai important pour ses pays membres. Chacun pour soi et l’UE pour tous !
Cette semaine en Europe – (Well) made in Italy
L'Italie est devenue le premier exportateur européen et le quatrième mondial, avec 630 milliards d'euros d'exportations et un excédent commercial de 34 milliards d’euros. Elle offre ainsi un modèle productif et commercial alternatif à l'Europe. Non seulement l’évolution deses exportations est la plus dynamique du G7 (deux fois plus que la France, quatre fois plus que le Royaume-Uni en 10 ans), mais celles-ci sont aussi beaucoup moins sensibles aux crises, grâce à une très grande variété de produits et de débouchés. L'Italie est numéro un mondial de ce point de vue.
Ce succès ne repose pas sur quelques grands groupes, mais sur un réseau de 27 000 entreprises de 50 à 2 000 salariés, opportunistes et très innovantes dans les secteurs les plus variés : habillement, agroalimentaire, petite mécanique… Un grand nombre de ces « multinationales de poche » sont d’ailleurs sous-traitantes des industries du luxe français ou de l'automobile allemande.
Comme un écho, la presse de cette semaine relaie le rôle décisif que pourraient jouer les PME dansla réindustrialisation française. La botte nous botte (les fesses).
Bonne lecture, Les associés de Kéa
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Rédacteurs :Jean Gaboriau, Pierre Girard, Mathieu Noguès Secrétaires de rédaction : Paul Puechbroussou, Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro : Thibaut Cournarie, Marie Guilbart, Oualid Essaid, Carine Lesigne, Irène Miquel, Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay, Romain Thievenaz, Jérémie Viel
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.