En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine de rebondissements politiques et de chaos politicard (ou inversement), les associés de Kéa ont décidé de regarder loin-loin-loin et se sont enfermés dans leur bureau pour vous rapporter les faits suivants :
Père Castor
Est-ce l’optimisme qui rendra possible la transition climatique, là où l’alarmisme paralyse ? C’est le pari fait par une équipe de la R&D d’EDF, qui a réuni des spécialistes d’horizons divers (CEREMA, CEA, ADEME, etc.) dans le cadre du projet « Imaginaires positifs 2050 ». Le résultat : 4 récits sur l’avènement d’une société décarbonée, 4 contes, comme des petites pastilles d’utopie poétique et inspirante, aboutissant à des dénouements enfin positifs. Nous y lisons les quêtes et cheminements individuels d’une jardinière de la Villa Médicis, de deux enfants dans un square délabré, d’un patron de PME et d’une journaliste envoyée au Vietnam – quêtes mues par l’envie d’agir plutôt que par la contrainte. Et, en filigrane, non pas ce que la transition nous ôtera, mais ce qu’elle peut et devra nous apporter : sens au travail et dans sa vie quotidienne, relations humaines et reconnexion à la Nature, construction de communs qui font du bien. Pour que la transition ne se fasse pas seulement dans les starts-up technologiques et les cabinets ministériels, mais aussi « dans les têtes et les cœurs ». Et ils vécurent heureux…
Si le cœur vous en dit
Nous serons (presque) immortels dans 50 ans. La revue l’ADN promet ainsi la longévité par la mesure, alors que 46 % des Américains les plus riches sont prêts à dépenser la majorité de leurs revenus pour perfectionner leur santé. La Silicon Valley s’exécute pour éloigner la mort à coups de start-ups évaluatrices. « Zoé » vous livre un kit pour analyser chaque jour vos taux de cholestérol et de glycémie, vos selles et proposer une alimentation sur-mesure. La boucle d’oreille « thermal earing » surveille en permanence votre température, votre niveau de stress et même votre ovulation. Jeff Bezos s’invite aussi dans la dance et soutient Atlas qui rajeunit vos cellules grâce à l’IA. Côté réseaux sociaux, la messe est célébrée par les influenceurs, de « la glucose goddess », reine en son pays Instagram au professeur de Stanford qui enseigne la science de la longévité à plus de 6 millions d’abonnés. Le corps est en passe de se transformer en programme informatique à mettre à jour quotidiennement. Et ils vécurent (trop) longtemps…
Modi blues
Un dirigeant à l'autorité sans partage sera-t-il en mesure de construire du consensus ? C'est le défi posé à… Narendra Modi ! Aux élections du 4 juin dernier, il a perdu sa majorité parlementaire et doit désormais composer avec d'instables barons régionaux. Ce n'est pas seulement un revers électoral, c'est la marque d’un rejet de sa théorie du pouvoir. Son projet de changer la constitution en faveur d'un suprématisme hindou (et aux dépens du fédéralisme libéral, legs des Occidentaux) est mis en échec. L'élection annonce la fin du Modi Raj. Il avait changé l'Inde, pour le meilleur (modernisation des infrastructures, programme digital pour les pauvres) et le pire (musulmans discriminés, opposants menacés, crise de l'emploi qualifié). La nouvelle situation, malgré un risque d’instabilité, l'oblige à gouverner autrement. Toute ressemblance avec…
Orangina Rouge
Quand la vision politique se fait court-termiste, quel doit être le rôle de l’économiste dans le débat public ? C’est la question que posent cette semaine les économistes Jean Tirole et Virgile Chassagnon, sans doute lassés de voir que, dans nos sociétés ayant basculé vers la croissance molle, les économistes font office de grands méchants loups. Car ils sont passés en quelques décennies du statut de généreux régisseurs de richesses, rois mages de la société d’abondance, à celui de pingres calculateurs, administrateurs d’un monde aux ressources rares. Or, rappellent-ils, l’économiste est d’abord et avant tout un technicien de l’intérêt général et du bien commun – version rousseauiste pour notre Prix Nobel. Le quoi, c’est au citoyen de l’exprimer (tant bien que mal). Aux économistes ensuite d’éclairer le périmètre et les modalités du comment : politiques publiques, motivations, incitations de long terme, etc. Au risque de passer pour d’implacables Harpagon. Mais que sont-ils allés faire dans cette galère ?
Et cette semaine en Europe - But contre son camp
Dimanche dernier, alors que la France sombrait dans le chaos politique, l’Europe s’en sortait par le haut. Le raz de maréed’extrême droite n’a pas emporté l’Union. Même si les partis qui s’en revendiquent confirment leur progression en gagnant 13 sièges par rapport à 2019, ils ne raflent la mise que dans quelques pays (France, Italie, Allemagne). La coalition des modérés, portée par le PPE, les socio-démocrates et les alliés du parti présidentiel, reste donc majoritaire et devrait définir l’agenda politique des 5 prochaines années. Autre enseignement : la participation est en hausse et les citoyens européens semblent prendre progressivement conscience de l’importance du scrutin. Le parlement reflètera toutefois la moindre influence de la France : la majorité de ses députés étant affiliée à des partis européens minoritaires, leur poids est réduit et leur possibilité d’accès à des responsabilités européennes limitée. Une défaite nationale et continentale. Europe 1 – France 0.
Bonne lecture, Les associés de Kéa
Vous appréciez ce bulletin ? N'hésitez pas à le partager autour de vous.
Rédacteurs : Pierre Girard, Mathieu Noguès, Romain Thievenaz
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Paul Puechbroussou, Wendy Röltgen
Ont collaboré à ce numéro :Sophie Combes, Thibaut Cournarie, Oualid Essaid, Tom Jacques, Carine Lesigne, Irène Miquel,Stéphanie Nadjarian, Yves Pizay
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.