En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine de retoquage constitutionnel, les associés Kéa se sont prononcés sur la conformité des faits d’actualité suivants :
Le carbone, c’est les autres
Au jeu de « qui sera sobre le premier », les Français répondent : toi d’abord. Certes, nos compatriotes considèrent à 82 % que leur mode de vie est déjà sobre, critiquent le modèle consumériste et sa publicité abondante et ils sont même 90 % en faveur de normes de fabrication éco responsables, quitte à payer davantage ! Mais ils attendent aussi que les entreprises et l’Etat prennent leur part et exigent une planification écologique claire, crédible et juste, pour pleinement s’y inscrire. Or, cette attitude pourrait cacher une certaine forme de mauvaise foi : 83 % des sondés pensent que « les gens » consomment trop, mais seulement 28 % d’entre eux disent trop consommer, en ce qui les concerne. Et, en ce mois de Dry January, certains totems – voiture, viande, avion… – restent encore bien accrochés. La prise de conscience citoyenne devra donc tôt ou tard s’accompagner d’une réelle remise en question. Le carbone, c’est toi, c’est moi, c’est nous tous, quoi !
Les nouvelles fractures du monde
Ô Monde, es-tu en train de craquer ? L'augmentation du nombre de conflits depuis trois ans, après le pic des années 90 correspondant à la fin de la guerre froide, traduit l’affaiblissement du modèle unipolaire US. Une partie de ces guerres trouve son origine dans les rivalités et les prétentions du Nord (Sahel, Ukraine) – il était illusoire de penser que le Sud (Caucase, Proche-Orient) ne serait pas sujet aux mêmes démons. S’ajoutent au bilan les guerres civiles (Mali, Yémen, Birmanie). L’historien Pierre Grosser souligne qu’il s’agit de la reprise d’anciens conflits « gelés » et il les explique par trois facteurs : crises des Etats fragiles, ambitions de puissances autoritaires nationalistes et épuisement des cadres de médiation (ONU). Il n’y a pas de quoi être rassuré, alors que l'ombre de Trump plane plus que jamais sur l'avenir. Prions pour une relation sino-américaine apaisée et pour une Europe à l’influence retrouvée !
Rattrape-moi si tu peux
« Smicardisation » : néologisme inaugurant 2024 et illustrant le presque doublement en deux ans du nombre de Français au salaire minimum. Premier effet boomerang de cette situation : une démobilisation toujours plus forte chez les travailleurs aux salaires situés juste au-dessus, car si le SMIC gonfle sous l’effet de l’inflation, les salaires, eux, tendent à stagner. Deuxième effet boomerang : une réflexion devenue incontournable sur la répartition des richesses et la notion de justice sociale, alors que l'équité et la dignité professionnelle sont désormais moins du luxe que des piliers fondamentaux du travail. Dans ce climat de malaise (pour ne pas dire explosif), le gouvernement, qui n’avait pas besoin de cela, étudie les options tout en étant très soucieux de préserver l’économie. Cela permettra-t-il d’inverser la tendance et d’enrayer le fameux sentiment de déclassement qui croît au fil des baromètres et autres enquêtes d’opinion ? La bataille pour le vote des classes moyennes n’est pas près de s’achever.
Futuro-post-néo-économie
Si la Covid a donné un coup d’arrêt aux doctrines néolibérales, sommes-nous pour autant en train de vivre un retour au keynésianisme ? Pour l’économiste Xavier Ragot, il n’en est rien : place au « postnéolibéralisme » ! Des politiques d’emploi à la politique monétaire, le président de l’OFCE analyse comment ce nouveau concept s’est imposé en 2023. Dépassant le keynésianisme, il ne s’agit pas uniquement pour l’Etat de stimuler la demande – par l’investissement public ou le soutien au pouvoir d’achat – mais bien aussi de transformer en profondeur le tissu productif avec des outils inspirés du néolibéralisme, avec pour objectif de réussir la transition environnementale et de renforcer la résilience du pays face au contexte géopolitique. Un interventionnisme stratégique qui peut sembler bienvenu alors que près d’une entreprise sur deux déclare ne pas s’estimer « souveraine », c’est-à-dire autonome dans ses choix stratégiques et processus de production. Ce nouveau modèle cherche toutefois sa doctrine et, surtout, les institutions dans lesquelles ancrer le débat. A long terme, finalement, on n’est peut-être pas tous morts ?
La guerre des cacochymes aura-t-elle lieu ?
Après la guerre, l’amour ! Face à la baisse de la natalité en France, le « réarmement démographique » du gouvernement fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause, les conséquences économiques du déclin de l’accroissement naturel semblent claires : baisse de la population active, transformation de la structure de l’économie – les jeunes consomment, les vieux épargnent. Ce recul expliquerait largement le ralentissement de la croissance dans les économies vieillissantes, et c’est mathématique : plus de charges, moins de ressources. Le vieillissement de la population française plonge ainsi dans le rouge, beaucoup plus tôt que prévu, les régimes de l'assurance maladie et de la retraite de base, un an après sa réforme. Ce réarmement-là ne se décrète pas mais il ne faut pas désespérer. C’est bien en 1943, année la plus noire du XX° siècle, qu’a commencé le baby-boom français. Aux abris… sous la couette !
Bonne lecture,
Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Pierre Girard, Alexis Heuls, Yves Pizay, Romain Thievenaz
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen
ont collaboré à ce numéro : Thibaut Cournarie, Jean Gaboriau, Stéphanie Nadjarian, Mathieu Noguès, Benjamin Toison
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes Kéa
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable