En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chers lecteurs,
En cette semainede Rencontres Économiques, les associés de Kea gardent espoir et décryptent les faits suivants :
Tout est chaos
Police, politique, émeutes : les banlieues s’embrasent et le discours politique s’échauffe. L’analyse sociologique nous offre alors un dépassement bienvenu des clivages binaires entre violences policières et ségrégation, en pointant les trop nombreuses défaillances à l’origine des émeutes. Fabien Jobard, chercheur au CNRS, livre par exemple sa vision du rapport de force post-colonial qui s’établit en défaveur de populations immigrées contrôlées à la va-vite, dans des villes sous administrées, devenant des lieux de transit pour les plus pauvres de notre société. D’autres sociologues estiment que si les discriminations ne sont pas nécessairement plus importantes qu’hier, elles sont devenues plus insupportables et que le sentiment d’abandon s’est renforcé. La crise éducative semble aussi atteindre son climax et affecte en particulier les jeunes hommes, pour qui un manque de tutorat laisse place à la violence, dans les familles comme à l’école. La promesse républicaine n’est pas tenue et les fractures s’élargissent. Il y’a là beaucoup à penser, et à panser.
Financiers à l'amende
Les banques et institutions financières, ennemies involontaires de la transition environnementale ? Ce n’est pas de la « finance-bashing », mais une réalité : la majorité des 500 000 milliards d’euros d’actifs économiques dans le monde est adossée à des entreprises aux activités carbonées. On prévoit que la montée en puissance des actifs verts, encore trop lente, entrainera une dépréciation importante de ces actifs carbonés, déséquilibrant ainsi le marché mondial. Crise financière ou réchauffement climatique : notre cœur balance. Pourtant, la solution existe. Loin de la titrisation verte-brune à la BlackRockou des « bad banks climatiques ». Pour Jézabel Couppey-Soubeyrand, la clé réside dans le recours à des fonds de défaisance, capitalisés par le public et le privé, qui reprendraient les actifs bruns, décotés, accompagneraient la transformation des entreprises et revendraient le titre verdi, revalorisé, avec l’aide des banques centrales si nécessaires. Le tout dans une économie, par essence, moins hyper financiarisée. Banqu(o) !
Tradevolution
Le Sommet de Paris s’efforce de définir les termes d'un nouvel ordre financier multilatéral, dans le contexte difficile de la crise climatique et de la guerre d'Ukraine. La mondialisation change. Les échanges augmentent à l'intérieur du grand marché nord-américain et de l'Union européenne. Les États-Unis se découplent de la Chine, alors que la dépendance de l'Europe à l’égard de celle-ci augmente. Cette réorganisation profite aux nouvelles puissances du Sud-Est asiatique. Au Sommet de Paris, la France voulait profiter de cette transformation pour mettre en œuvre le financement d’une « transition juste et solidaire ». Mais le verre est à moitié vide : alors que 53 pays sont surendettés, aucune décision n’a été prise à ce sujet, le Sud global tenant pour responsable le Dollar, les grandes institutions et la guerre d’Ukraine. Certaines avancées sont toutefois à noter : la signature de nombreux accords de restructuration des dettes et le dépassement de clivages complexifiés par la crise climatique et la guerre. Ouf !
Post-croissants, précurseurs ?
Pourrons-nous continuer de mener nos combats sociaux et environnementaux dans un monde productiviste sans croissance, donc sans surplus de revenus à redistribuer ? Les défenseurs de la post-croissance, sceptiques sur notre capacité à sauver notre modèle, plaident pour la réinvention de notre cadre de société. Le chercheur Martin Françoispropose, dans une tribune au Monde, un contrat de transition écologique. L’idée est simple mais radicale : mettre en place un revenu maximal temporaire pour rediriger directement l’intégralité des surplus de revenus vers le financement d’une économie plus juste pour la planète et pour ses habitants. Les politiques affirmeraient ainsi la nécessaire prise en compte des limites planétaires (message philosophique) et le lien de cause à effet entre réduction des inégalités et réduction de l’empreinte carbone – puisque plus vous gagnez, plus vous polluez (message politique). Dans une économie sans croissance, un revenu maximal permettrait d’assurer une plus juste allocation des ressources.Post-croissants : idéalistes ou visionnaires ? La frontière est parfois fine.
Petits bras ? Pas de chocolat !
Les Français attendent davantage de leurs entreprises. En l’espace de 7 ans, l’opinion française a massivement évolué puisque nous sommes désormais 89 % (contre 64 %) à attendre d’elles qu’elles fassent partie de la solution pour un monde meilleur, d'après le baromètre BrandGagement Kéa Tilt 2023. En période d’inflation, les consommateurs sont de moins en moins enclins à vouloir payer le coût de l’impact, notamment environnemental, réclamant que l’essentiel de la charge soit supporté par les entreprises. L’engagement oui, mais surtout pour les autres, donc. A l’exception notable du soutien indéfectible aux entreprises porteuses de sens, que sont par essence les coopératives, les associations, les entreprises mutualistes et maintenant, les sociétés à mission. Les entreprises qui savent le mieux faire coïncider leur développement avec l’intérêt général (Biocoop, Doctolib, Blablacar, Leclerc, Tesla, etc.) créent pour elles-mêmes un avantage concurrentiel certain. En revanche, celles qui excellent en fonction d’usage mais sans impact positif ressenti, mettent une épée de Damoclès sur leur pérennité. On ne badine plus avec les communs !
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kea est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable