Bulletin #69 de la semaine du 6 octobre

En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.

Chers lecteurs,

En cette journée nationale des aidants, les associés de Kéa remercient tous les jeunes collaborateurs qui accompagnent avec attention leurs seniors, notamment dans le décryptage des actualités suivantes :

Le grand méchant loup vert ?

La transition énergétique sera-t-elle la coupable trop rapidement désignée d’une crise du logement qui s’emballe ? Le week-end dernier, Edouard Philippe qualifiait de « bombe sociale » la loi retirant progressivement les « passoires thermiques » du marché et réduisant mécaniquement l’offre locative destinée aux plus modestes. La situation ne cesse effectivement de s’aggraver avec une baisse de 18 % en un an des offres de logements à louer et une liste d’attente de 2,4 millions de foyers pour l’obtention d’un logement social. Mais les causes de cette situation semblent nombreuses et structurelles. La spéculation sur les locations courtes et meublées fait partie du problème, au même titre, selon Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (la fédération des bailleurs sociaux), que le « désinvestissement matériel et idéologique de la puissance publique » dans le logement social. La hausse des taux d’intérêt et les restrictions d’accès aux crédits touchent aussi de plein fouet les primo-accédants. L’écologie n’est donc pas le grand méchant loup de cette fable aux 66 millions de petits cochons.

Happy birthday to you, Mrs Republic… 

Au moment où la Constitution souffle ses 65 bougies, il est de bon ton de la critiquer ou de vouloir l'abandonner. Les constitutionnalistes sont comme des enfants qui se réunissent pour jouer aux changements. Le Président de la République répond en proposant un élargissement du champ du référendum, l'inscription de l'IVG parmi les droits fondamentaux et une étape « Corse » dans la décentralisation. Rien qui ne change l’équilibre général de la Constitution. Le constitutionnaliste Dominique Rousseau nous menace d’une révolution si elle n'est pas abolie, arguant d’une confusion des pouvoirs et de l’opposition des citoyens à leurs représentants. L’abolition réclamée devrait permettre d’insuffler des procédures de démocratie directe. L’historien Pascal Ory répond dans un essai que la Constitution est conforme à notre génie politique et qu’elle organise une démocratie d’autorité à même de faire face aux grands défis du temps, guerre et climat inclus. La République n’est pas prête pour la retraite à 65 ans.

La science soigne son physique

Physique is in ! Preuve en est, le Prix Nobel de physique vient d’être attribué, pour la deuxième année consécutive, à deux français au parcours impressionnant, et l’année de la physique vient d’être lancée. Mais pour être à la mode, il faut savoir se réinventer. Le programme est chargé pour la discipline Physique, passée au crible lors d’un exercice de prospective engagé par le CNRS en 2023. Elle devra d’abord intégrer l’intelligence artificielle et notamment la nécessité de développer et d'entretenir les compétences clés indispensables aux métiers de demain. Ensuite, l’environnement ne pourra pas se cantonner au rang d’objet d’étude, et devra être intégré comme composante à part entière, imposant à la Physique de revoir sa manière de fonctionner. La sobriété doit en effet être au cœur des problématiques des laboratoires qui ne seront pas épargnés par les effets néfastes du réchauffement climatique. Enfin, il faudra revoir les modèles de financement pour passer de la compétition à la planification et ainsi retrouver des véhicules d’action collective. Peut-être y’a-t-il là de quoi motiver les talents et rassurer Alain Aspect, prix Nobel de physique 2022 qui s’inquiète de la désaffection des jeunes pour la science? Let’s get Physical, Physical…

EcoloJoie  

L’écologie rend heureux, selon l’économiste Francis Munier. Et il ne s’agit pas seulement des écogestes. Participer à des activités en faveur de l'environnement qui nous demandent des efforts procure davantage de satisfaction que prendre une douche froide, argumente la psychologue Kate Laffan. Face aux enjeux du changement climatique, l'incitation à bien agir serait plus efficace que l'appel au sacrifice. Alors, exit l’éco-anxiété, puisque la satisfaction générée par l’adoption d’un comportement « vert-ueux » efface la différence entre bonheur hédoniste et bonheur eudémonique  –  utile aux autres. Il contribue à l'estime de soi et à une sociabilité positive tout en offrant une reconnaissance sociale. Les Scandinaves, qui en sont adeptes, caracolent non sans raison en tête du classement du World Happiness Report de 2023. N’hésitez donc plus à ajouter l’écologie à la liste de tout ce qui vous fait du bien : les dix mille pas quotidien, votre chien, les câlins, les prix Nobel de Physique annuels, votre entreprise heureuse. C'est bon pour vous aussi. C’est démontré !     

Être empathique sans en pâtir

Des cours d’empathie à l’école, pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ? Inspiré par le système danois, le ministre de l’Éducation Nationale Gabriel Attal a pris la mesure de l’importance de cette aptitude dans la prévention du harcèlement dès le plus jeune âge. Comme Bacri pour les adultes, il s’agit d’enseigner le goût des autres aux enfants. Les bienfaits de l’empathie ne se limitent pas à cela : dans le champ politique, l’empathie est garante d’une société privilégiant la tolérance, la solidarité et la confiance mutuelle. Dans la sphère économique, l'empathie permettrait également de former des collaborateurs aptes à la performance collective et à la créativité, car elle pousse à « se décentrer de son propre monde pour se représenter le monde d’un autre », comme le note le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. L’entreprise de l’empathie, ouverte sur ses parties prenantes et pleinement consciente que la ressource humaine (interne et externe) doit être préservée, allie ainsi responsabilité et performance. Le cœur à ses raisons, que la raison ne doit plus ignorer.

NB : Ce bulletin est rédigé par les équipes de Kéa
Bonne lecture, 

Les associés de Kéa

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N°69 du 06.10.2023

Rédacteur en chef : Sophie Combes et Jean Gaboriau

Rédacteurs : Chloé Secnazi, Pierre Girard, Benjamin Toison, Romain Thievenaz

Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Wendy Röltgen, Laura Istace

ont collaboré à ce numéro : Stéphanie Nadjarian, Thibaut Cournarie, Yves Pizay, Alexis Heuls, Mathieu Noguès

Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer