En tant qu'Entreprise à mission, Kéa a décidé de contribuer à sa manière aux grands sujets économiques & sociétaux et propose un décodage inédit.
Chères lectrices et chers lecteurs,
En cette semaine cannoise, les associés de Kéa ne prennent pas la pose mais déroulent le tapis rouge à l’actualité et décryptent les faits suivants :
Green Europe First
Et si l’IRA version européenne était d’abord et avant tout vert ? Pour rappel : le Buy European Act instaure la préférence européenne dans les achats publics de l’UE pour accélérer la réindustrialisation. Mais peut-on attendre de ce Buy European Act l’efficacité de son cousin américain ? Profonde différence : la culture. Pour Thomas Porcher, économiste, les Etats-Unis ont toujours été protectionnistes, bien avant l’IRA ; un élément de culture qui ne caractérise pas l’UE. Renforcer le dispositif par l’ambition de transition environnementale lui donnerait un supplément d'âme européenne et ancrerait culturellement le dispositif pour en assurer le succès. Le protectionnisme « à l’européenne » devrait donc être un « protectionnisme vert ». Pour le mettre en place, Carbone 4 propose un BESA, «Buy European and Sustainable Act », qui promeut le soutien aux filières européennes durables et les critères environnementaux au premier plan des décisions d’achats publics. BESA me mucho.
Quand on arrive en ville
A contre-courant de toutes les prédictions post-Covid, la solution aux crises climatiques, des services, de la re-industrialisation ne sera pas la campagne… mais la ville ! L'urbanisation va continuer (95 % des Français vivent dans une aire urbaine) mais l'artificialisation des sols va prendre fin en 2050. « La densité est une vertu et la distance un vice » nous disait le sociologue Richard Sennett. La ville doit donc se régénérer sans s'étaler tout en relevant d'innombrables défis : climatiques, sociaux, culturels. Mais il semble que tout soit (presque) déjà là pour construire cette ville de demain. Il faut transformer le périurbain pour en faire un lieu de vie et non plus seulement un dortoir et aménager nos zones commerciales à l’entrée des villes pour qu’elles deviennent des leviers d’industrialisation et des lieux de vie. Une génération d'urbanistes et de géographes s’y emploient. Ils proposent la ville du quart d'heure, la ville stationnaire, la ville réversible, l'urbanisme circulaire, le ménagement urbain et d'autres figures de l'alter-métropolisation. Ouf, plus besoin de construire les villes à la campagne.
Bienvenue en Swiftocratie
Qu’est-ce qui fait l’essence d’une communauté puissante aujourd’hui ? Une icône, un langage commun, la croyance en des théories partagées excluantes voire complotistes, un entre-soi actif sur les réseaux sociaux… avec à la clef et avant tout, un sentiment identitaire fort. The Atlantic décrypte ainsi cette semaine les mécanismes à l’œuvre au sein de ces tribus post-modernes qui structurent désormais nos sociétés atomisées. En particulier, le radicalisme avec lequel les fans de Taylor Swift font communauté autour de leur icône, allant jusqu’à adopter une grammaire conspirationniste digne (ou presque) de QAnon lorsqu’ils cherchent frénétiquement à décoder les nombreux signes égrainés par la chanteuse pour éprouver les cœurs et les nerfs de ses adeptes. Ceux-ci, note l’auteur, ont ainsi transformé leur préférence en identité – à la différence qu’ici, le phénomène n’est pas exacerbé par des algorithmesconçus pour faire du sur-mesure commercial ou politique, mais par une force centrifuge et incoercible qui déferle sur toutes les plateformes et laisse les chercheurs démunis. Swifties, Trumpistes, Trekkies, Fans d’Apple, les ressorts de ces tribus sont similaires. Choisissez votre camp mais n’envahissez pas le Capitole.
Po land of the free
L’économie, décidemment, ne fait pas tout. Les Polonais, 20 ans après avoir rejoint l'UE, sont comme nous, riches… et désenchantés. Les bienfaits de l'adhésion sont flagrants. Le PIB/hab est passé de 48 à 82 % de la moyenne européenne, le chômage est à moins de 3 %. La Pologne a bénéficié du transfert massif de fonds européens et les entreprises européennes et surtout allemandes y ont trouvé une zone de production compétitive. Le retour de Donald Tusk illustre le soutien d'une large partie de la population. Pourtant les Polonais sont partagés sur l'Europe et 56 % veulent conserver leur ancienne monnaie. Pendant 8 ans le gouvernement populiste du parti Droit et Justice a fait de Bruxelles son bouc-émissaire, mobilisant ainsi les perdants de la modernisation. Enrichie, la Pologne aura à l'avenir moins de fonds et les salaires, à la hausse, ne seront plus un avantage de compétitivité. Un vrai défi pour la suite et un enjeu stratégique pour l’Europe car le pays a un ascendant fort sur ses voisins, renforcé par son statut de leader de la résistance à la poussée russe en Ukraine. Regardons la Pologne de près. Tak ?
L'inspiration de la semaine
Natalité, quelles solutions ? Venez y réfléchir ou passez à l’action.
Le vieillissement démographique, vieille compagne de la France, s’est vu rejoindre par son enfant terrible en fin d’année dernière : la baisse de la natalité. En 2040 près d’un million d’emplois disparaitraient, tandis que le PIB devrait diminuer de 3 %, environ 75 milliards d’euros. Choc, stupeur et tremblements ; jusqu’à l’Elysée. Cause de notre léthargie passée : un traitement du sujet siloté, trop hermétique, très spécialiste. Pour y remédier, nous vous invitons à participer aux débats de la Chaire « Transition démographique, Transition économique » mardi 28 mai à la Caisse des Dépôts. Un avant-goût ? Maxime Sbaihi le rappelle dans son livre : les politiques de natalité ne sont pas des solutions miracles, peu efficaces à court terme et nécessitant une action multifacette qui mobilise soutien aux familles, immigration, éducation et équité intergénérationnelle. Comment les entreprises peuvent-elles nous faire sortir de notre torpeur face au choc démographique ? Une chose est certaine : l’enjeu est collectif. Dans cette transition-là, il nous faudra tous être à la fois penseurs et producteurs. Et hop sous les couettes !
Bonne lecture, Les associés de Kéa
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Rédacteurs : Pierre Girard, Mathieu Noguès, Yves Pizay, Chloé Secnazi
Secrétaires de rédaction : Marie Guilbart, Carine Lesigne, Irène Miquel
Ont collaboré à ce numéro : Pierre Chrétien, Thibaut Cournarie, Oualid Essaid, Tom Jacques, Stéphanie Nadjarian, Paul Puechbroussou, Romain Thievenaz
Directrice de la diffusion : Iliana Ohleyer
1er cabinet de conseil européen "société à mission", le Groupe Kéa est reconnu pour apporter aux dirigeants des solutions créatives et trouver les modèles qui feront l'économie de demain. Sa raison d'être : entreprendre les transformations pour une économie souhaitable.